l’étiquetage nutritionnel ? c’est tout de suite et maintenant

Vous l’avez déjà entendu dire ou vous l’avez déjà lu, c’est acté et c’est pour bientôt : l’étiquetage nutritionnel des bouteilles de vin. Les consommateurs peuvent s’en réjouir, les producteurs le déplorer, de toute façon le débat est maintenant clos.

Des discussions qui ont commencé à la Commission européenne dès 2017, ont fini par aboutir : Tous les acteurs se sont accordés sur la nécessité de mieux informer les consommateurs sur le contenu des boissons alcoolisées qu’ils consomment et de leur valeur nutritionnelle peut on lire sur le site de la DGCCRF.

Et c’est en 2021 dans le cadre de la nouvelle PAC que cette disposition a été introduite. A l’époque on en a peu parlé mais cette obligation s’impose à partir du 8 décembre 2023. Autant dire que c’est maintenant !

la profession à la manoeuvre

Quand on sent qu’on ne peut pas aller à l’encontre d’un mouvement de société -ici le nécessaire besoin de transparence- il vaut mieux tenter d’entrer dans la boucle des négociations plutôt que de se réfugier dans une posture radicale qui n’aboutira à rien.

C’est ce qu’a fait le CEEV, le Comité européen des entreprises Vin, porte-parole des entreprises vitivinicoles de l’UE qui, au fil des négociations, a obtenu que soient simplifiées les règles relatives à la déclaration nutritionnelle des denrées alimentaires. 

Marina Malherbe, Policy Officer du CEEV : par exemple nous avons obtenu que le terme « raisin » soit retenu pour indiquer la matière première utilisée pour l’élaboration du produit. Ou encore que les gaz tels que l’azote ou le CO2 ou l’argon utilisés pour prévenir l’oxydation ne soient pas mentionnés tels quels mais remplacés par la mention « mise en bouteille sous atmosphère protectrice ».

le poids de la sémantique

La Commission a aussi accepté que des règles de simplification s’appliquent aux termes « liqueur de tirage » ou « liqueur d’expédition » sans qu’il soit nécessaire de dévoiler leur composition qui peut relever du secret industriel. De même que les termes sulfites, oeufs, lait qui qualifient des additifs seront seulement mentionnés comme des substances potentiellement allergéniques.

Ouf ! car cette exigence de transparence risque fort d’échauder des consommateurs peu habitués à entendre parler du vin sous cet angle…Pour connaitre dans le détail les nouvelles règles d’étiquetage, allez lire cet article de l’IFV.

un étiquetage révolutionnaire

Seule la valeur énergétique devra obligatoirement figurer sur l’étiquette physique, c’est à dire être imprimée sur la contre étiquette. La Commission européenne, en effet, a pris en compte la complexité de l’étiquetage et a accepté que la déclaration nutritionnelle soit accessible via un QR Code. Ce que le CEEV appelle pompeusement un « véhicule numérique adapté ».

L’art de la négociation à l’européenne : on ose à peine imaginer l’ampleur des discussions pour aboutir à ce type de compromis : d’accord pour le nutritionnel en digital, en revanche pas d’accord pour les calories…

Plus sérieusement il faut admettre que le recours au support numérique pour répondre à une obligation légale est une véritable révolution. Du jamais vu !

QR Code : Les Allemands pas chauds, chauds

Le digital reste cependant exposé au risque qu’un Etat membre demande l’étiquette physique pour son pays s’il constate le développement d’étiquettes numériques fantaisistes ne correspondant pas en tous points à la réglementation en vigueur et susceptibles d’induire le consommateur en erreur.

C’est le cas notamment de l’Allemagne où le gouvernement est plutôt réticent à autoriser le digital pour indiquer des mentions obligatoires et pourrait profiter d’une révision du règlement européen sur les denrées alimentaires pour remettre le sujet sur le tapis. Curieux de la part d’un pays autant à cheval sur son bilan carbone…

le 8 décembre, drôle de date ?

Oui pourquoi cette date ? A vrai dire on n’a pas vraiment la réponse si ce n’est que d’après Adrien Tréchot, patron visionnaire de Dans ma bouteille il fallait bien en choisir une au bout de tant d’années de discussion…Alors le doigt de l’Europe serait tombé à l’aveugle sur cette date ? Non pas vraiment, juste après les vendanges on commence déjà à parler de mise en bouteilles, de vente de vins d’appellation, les vins de l’année peuvent commencer à être commercialisés le 15 novembre… le Beaujolais nouveau passe entre les gouttes : Bien  joué !

Le 8 décembre 2023 donc, tous les vins produits à partir de cette date devront afficher les informations nutritionnelles.  Ce qui veut dire que ceux produits et étiquetés avant n’auront pas cette obligation. Ecoulez les stocks !

des plateformes qui font le job

Heureusement plusieurs plateformes sont en place pour vous aider à réaliser ces étiquettes numériques. Citons, entre autres, Advanced Track & Trace pionnier du QR Code et contributeur à de nombreuses normes, Dans ma bouteille qui veut offrir une base de données complète grâce à la démarchevolontaire des producteurs souhaitant s’engager dans plusde transparence avec leurs consommateurs, Vin.co qui ambitionne de proposer le référentiel vin le plus complet du marché…

Mais si vous préférez adopter un dispositif au plus près des exigences européennes sachez qu’il existe aussi la plateforme Ulabel, émanation du CEEV, qui offre une assistance juridique, en plus des informations réglementaires à faire figurer sur votre étiquette digitale.

Le système est multilingue (il existe dans les 24 langues officielles de l’UE) et se configure automatiquement par géolocalisation. En apportant si nécessaire les informations légales contextuelles à chaque pays comme l’éco tri en Italie ou les informations sanitaires.

A partir d’informations saisies par le vigneron une seule fois dans le système, ULabel propose aussi de s’interconnecter avec d’autres partenaires : par exemple Scribos, spécialiste de la traçabilité…Pour réaliser ce que le CEEV appelle avec beaucoup d’imagination le sandwich digital.

Alors à terme, à quoi donc va ressembler notre contre étiquette ? Un QR Code pour le légal, un QR Code distinct pour les infos du domaine et à partir de 2027 un autre QR Code pour remplacer…le code-barre ? Ou un seul et même QR Code accepté par tous les Etats membres ? Et qui donnerait accès à tous les usages ?

Vertigineux, non ?

François

Cet article est tiré d’une keynote présentée lors de WineParis 2023

Image à la Une : visuel réalisé d’après Dans ma Bouteille

Ecrit par Francois SAIAS
--------------------------------------------------------------- Scénariste, réalisateur, documentariste pendant de nombreuses années, François a gardé la curiosité de son premier métier et s'est investi depuis dans le monde du vin, ses rouages, son organisation, ses modes de fonctionnement.
Catégories : règles, certifications

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