Ce pays de 54 millions d’habitants a retrouvé son honneur en 1993 lorsque l’ancien président Frederic De Klerk et le nouveau Nelson Mandela reçurent conjointement le Prix Nobel de la Paix. Depuis, un nouvel élan s’est installé dans le pays et particulièrement dans cette ville du Cap, jeune, artiste, entreprenante et privilégiée ; vous ressentez ici la joie de vivre et la gentillesse des gens. Petite promenade matinale qui m’amène au Victoria & Alfred Waterfront avant de retrouver Denis.
Faisons tout de suite les présentations
Ma belle aventure sud-africaine n’aurait pas été possible sans le soutien généreux de Denis Garret, le sommelier volant comme nous l’avions qualifié dans un portrait publié sur Génération Vignerons.
Nous nous sommes rencontrés il y a deux ans en Géorgie et mon papier se terminait par nous viendrons lui rendre visite au Cap. C’est chose faîte ; aussi Denis tu seras le fil conducteur de mes articles, comme tu l’as été durant mon voyage.Le rendez-vous avait lieu au restaurant l’Aubergine sophisticated food, l’un des plus réputés du Cap pour le talent de son Chef Harald Bresselschmidt, notre hôte, et son exceptionnelle carte des vins.
Les invités de la dégustation sont tous amis de Denis : Alain Proust, photographe réputé et collectionneur de vins, Charles et Thierry Lefèvre, les Sancerrois, Jean Vincent Ridon, vigneron à Signal Hill et meilleur sommelier d’Afrique du Sud et Joseph Dhafana, jeune sommelier formé par Denis, originaire du Zimbabwe. Le casting a son importance car ces personnalités sont réunies pour déguster des vins qui ne devraient plus exister.
En effet, les sud-africains ne boivent pas de vieilles bouteilles, question de conservation et d’habitudes gustatives ; ils préfèrent les vins dans leur jeunesse, tout pour le fruit.
Alain le collectionneur est arrivé avec des bouteilles des années 70 et 80, notamment un fameux Cinsaut 1971, qui a suscité l’enthousiasme : pour être franc, moi, j’étais un peu largué.
Après avoir dédicacé cette dégustation à Claude Samson, notre ami trop tôt disparu, Denis a mis en place des petites compétitions entre quelques vins pour faire monter l’ambiance. On démarre sur le chenin blanc, avec un Robusto 2007, un Stormhoeck 2005 et un Savennières Château de Varennes 2009, emporté dans ma valise.
Ce dernier a tenu la comparaison même si on l’a trouvé un peu timide du nez, le Stormhoeck s’est révélé éblouissant de consistance et de tenue en bouche. La valse des bouteilles continue, arrêt sur image sur Kanonkop Pinotage 1993.
Petite parenthèse, connaissez- vous le pinotage ? Il s’agit d’un croisement d’un plan de Cinsault aussi appelé Hermitage et d’un plan de pinot noir expérimenté en 1925 par le professeur Perold de l’Université de Stellenbosch aujourd’hui réputée pour son International Vintage Master, entre autres.
La production démarra vraiment dans les années 60,
Et la consécration survint lors du concours international des vins et spiritueux de Londres en 1991 où le Kanonkop pinotage reçu le trophée Robert Mondai du meilleur vin rouge. Adapté à la sècheresse, le cépage est aussi répandu en Australie et en Israël. Fermons la parenthèse en précisant qu’on adore ici les concours des meilleurs vins du monde organisés par les influentes revues anglo-saxonnes Decanter, Wine Advocate ou Wine Enthusiast Magazine, du moment que les Sud-Africains gagnent bien sûr !
Puis vint le match tant attendu du Bordeaux, le vrai, opposé au bordeaux style d’ici. Dégustation à l’aveugle d’un Saint Julien Ducru-Beaucaillou 1990 (100/100 Parker), d’un Thelema, cabernet sauvignon 1989 et d’un Rust En Vrede, cabernet sauvignon 1991. Ces vins sont un régal, un délice, tannins veloutés, belle acidité. Petite pointe mentholée pour le Thelema. Après, nos éminents sommeliers ont eu un peu de mal avec Ducru, et n’en déplaise à l’orgueil national, il était un poil au-dessous du Rust En Vrede ; on dira qu’il a été secoué durant le voyage…
Non, ce n’est pas encore terminé ! Il restait le match amical des liquoreux entre le Straw Wine 2001, de Signal Hill, vinifié par Jean Vincent Ridon et mon compagnon de voyage, le Grand Cru Quarts de Chaume 2011 du Château Pierre-Bise . Quelque chose de tendre, de fin au niveau des arômes comme au niveau des acides. Un vin élégant et équilibré. Merci Denis, je transmets à Claude Papin.
A suivre
Jean– Philippe