Vraiment, si on ne m’avait pas poussé un peu, je ne me serais pas intéressé spontanément aux vins rosés ; à tort, comme vous allez le voir.
C’est l’œnologue Frédéric Junge, l’organisateur du congrès national des œnologues de Tours-Amboise au printemps dernier qui m’a mis la puce à l’oreille : en Val de Loire, La Palme du concours des VINALIES a été décernée au Domaine de la Petite Roche pour son rosé d’Anjou 2015, tu devrais aller voir !
On prend rendez-vous…

Quelques chiffres pour se faire une idée :
73 hectares plantés de vigne où le cabernet franc et le cabernet sauvignon dominent, viticulture raisonnée, enherbement et travail au sol ; une production annuelle de 4500 hl avec une gamme complète : Anjou rouge, chenin sec et moelleux, 30 000 bouteilles de fines bulles et bien sûr, les rosés.

©wikipedia commons
A propos, saviez–vous que le Val de Loire est la deuxième région productrice de vin rosé derrière la Provence, avec 500 000 hl par an ?
Trop méconnus, ces rosés de Loire ; on y reviendra. Et pourtant, ils ne datent pas d’hier. Le cabernet est planté ici depuis des siècles, son jus a toujours eu des temps de macération très courts ; on l’appelait le rouget, nous signale Emile Peynaud, un peu comme le clairet de Bordeaux. Les Anglais et les Hollandais en raffolaient.
Et puis, il y a eu les excès de la chimie dans les années 80…
une image brouillée d’un vin chargé en sucre, bref le creux de la vague et depuis quelques années le renouveau, porté par une poignée de vignerons intransigeants sur la qualité. On ne fait pas du rosé par défaut, ici au Domaine Regnard, c’est notre savoir-faire, notre métier. Il ne faut pas croire qu’on choisit indifféremment de faire du cabernet d’Anjou ou de l’Anjou rouge, la vigne doit être préparée dès la taille. Je dis souvent que produire du rosé demande beaucoup de technicité, mais ce n’est pas pour autant un vin technologique. Je relance Antoine Poupard, sur la question de la technicité : Tenez, le froid devient un élément essentiel de la vinification ; ça commence à la vendange effectuée au petit matin pour avoir des raisins très frais. Après, on extrait à froid, aux environs de 7°, pour allonger les temps de macération et obtenir plus de fruits, sans pour autant que le jus devienne rouge. Enfin, on stoppe la fermentation avec du froid, ce qui permet de réduire fortement les quantités de soufre utilisé.

Et si on dégustait ?
Commençons par le Rosé de Loire, AOC depuis 1974, il est produit en Anjou, dans le Saumurois et en Touraine. Le cahier des charges précise qu’il doit intégrer 30% de cabernet. C’est un rosé sec, léger, délicat, agréable en bouche avec des petits amers sur la longueur ; belle couleur lumineuse rouge pâle.


J’approuve d’autant plus que ces vins sont vendus autour de 5€, départ domaine. Peut-on trouver meilleur qualité/prix ?
Certainement pas sur les rives de la Méditerranée, où des rosés vineux d’une pâleur anorexique font peut-être les gros titres des foires aux vins, mais ne trompent pas les bloggers de la bande des 5 du Vin.
Jean Philippe