La sortie ouest de Bordeaux est une vaste zone commerciale décrépie issue des années 80 triomphantes. Vous oubliez vite Bègles pour arriver à Léognan, une banlieue triste et anonyme ; même le GPS fait des ratés.
Soudainement tout bascule, vous débouchez sur l’allée arborée John Lewis Brown qui conduit au domaine où neuf siècles d’Histoire vous contemplent.
Bienvenue à Château Brown !
30 hectares de vigne se déploient là, sous vos yeux,
taillées au cordeau comme un jardin à la Française. Tout est spacieux et étendu. Vos pas crissent un peu sur l’allée finement gravillonnée, vous passez l’entrepôt de conditionnement puis le chai pour arriver aux bureaux.

On me propose de passer à la dégustation.

« Connaissez-vous le Château Brown Rosé ? » Un rosé de pressée élaboré très récemment à partir des cépages des rouges – Cabernet Sauvignon et Merlot -dont la macération n’excède pas 2 heures. Un rosé haute couture, me dit-on. Belle robe saumonée, il est plutôt gourmand, fruité avec une allonge veloutée. Et puis ce gras voluptueux qui le différencie des Rosés de Provence. Ça y est ! Je commence à capter la typicité des Graves.
Evidemment, j’aurais souhaité rencontrer Jean-Christophe Mau, le jeune propriétaire du Domaine, issu de la famille de négoce Yvon Mau. Nous aurions parlé du rôle du négoce et des achats en primeur qui dégagent les propriétaires des préoccupations commerciales. Certains diront que c’est une machine à fabriquer de la spéculation, mais qui s’en plaindrait dans notre environnement économique dépressif.
Je quitte Château Brown avec quelques bouteilles et un peu de nostalgie. Le charme bordelais m’a touché. Cette séduction ambiguë faite d’élégance, d’harmonie, de maîtrise, mais aussi d’esbrouffe et de scandales.
Jean-Philippe
