Vous rêvez d’acquérir un domaine et souvent vous passez en revue les offres des sites spécialisés.

Saviez-vous que, forts de trente ans d’expérience, des professionnels de la transaction viticole –Vinea Transaction pour ne pas les nommer- ont pu établir vers quelles régions se tournent les investisseurs en fonction de leurs origines, leur projet et leurs capacités financières ?
Nos motivations ont toutes une destination, un choix de coeur ou de raison. Attraction terrestre ou calcul froid ?
quelles régions veulent de vous ?
Ne rêvons pas trop longtemps : il existe assez peu de régions viticoles accessibles au commun des mortels.

Bien sûr il ne faut pas généraliser et, heureusement, les transmissions de domaines se réalisent aussi avec la nouvelle génération. Mais les jeunes vignerons ne sont présents qu’entre 16 et 25% dans les dernières transactions enregistrées.
En Provence aussi les acteurs régionaux sont moins présents , 27% des transactions enregistrées. C’est une région qui attire une autre clientèle depuis les années 60. Sans doute le tropisme nous dit Michel Veyrier, fondateur de Vinea Transaction. Et l’engouement mondial pour le rosé. Sans parler de l’effet People qui n’est pas anecdotique. Ce n’est pas l’arrivée possible de George Clooney au domaine Canadel à Brignoles qui va arranger les choses.

C’est en Provence que l’écart est le plus important avec seulement 14% de transactions effectuées avec des JA (Jeunes Agriculteurs). Pour Michel Veyrier il y a un paradoxe en France : le vignoble français offre à la fois les vignes les plus chères et les moins chères du monde !
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Si on procédait par élimination ?
Oublions la Vallée du Rhône qui, par les prix à l’hectare, prend doucement le chemin de la Provence. La Champagne et la Bourgogne -exception faite du Beaujolais- sont inaccessibles, seuls sont en piste le Languedoc et le Val de Loire. Ce sont, d’après Michel Veyrier, les deux seules régions qui échappent à la spéculation, avec des vignes qui n’atteignent jamais les 100k€/ha. Mais le Languedoc commence à souffrir sérieusement du changement climatique et le vignoble n’est plus vraiment adapté. Qu’est-ce qui reste ?
Une région qui coche toutes les cases

Pour Alain Paineau de l’agence Quatuor Vignobles représentant pour la région du réseau Vinea Transaction : en Val de Loire le ticket d’entrée est relativement faible comparativement aux autres régions et le prix modéré des domaines favorise la viabilité économique du projet. Du coup, les prospects cherchent des domaines pour des projets d’installation.
On a pour un tiers aussi des gens qui viennent d’autres régions et qui sont attirés par un cadre de vie confortable, la qualité du terroir, la renommée croissante des appellations, des vignobles qui se développent sur le temps long.
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toutes les tailles sont en magasin
Avec des surfaces relativement réduites : un tiers des domaines ont moins de 15 hectares.

Parfois ils recherchent 5 hectares en complément d’une activité sur un autre domaine. Une micro-installation en somme. Mais soyons réaliste, il y a une masse critique de Chiffre d’Affaires qui n’est pas atteinte sur les petites surfaces et ces structures ont du mal à être pérennes.

Le Chiffre d’Affaires peut dépasser les 400k€ et un investisseur peut s’y intéresser : ces domaines vont avoir la capacité à créer un site marchand, à exporter, à investir, dans une conversion bio par exemple, ou dans des équipements contre le gel.
Au delà de 25 hectares, ces domaines intéressent des investisseurs qui ne veulent pas faire une reconversion professionnelle -du moins pour le moment- et qui vont fonctionner avec une équipe autonome. Piloter un domaine depuis Paris n’est pas impossible quitte à faire le grand saut quelques années plus tard. A l’heure de la retraite par exemple.
Alain Paineau tempère : Ce que je constate, c’est qu’il y a toujours une concentration des domaines : une partie des hectares de vignes n’est jamais sur le marché ou est reprise par le voisinage.
Le panier moyen de l’investisseur

Et par la même occasion préserve le BFR (Besoin en Fonds de Roulement) nerf de la guerre du quotidien, malheureusement si souvent mis de côté dans les budgets prévisionnels…
Autre point à noter, seulement 33% du budget est consacré à l’acquisition des vignes : cette partie de l’investissement est la plus souple, on peut agrandir ou réduire son vignoble dans le temps. Un avantage lié au prix des vignes qui restent raisonnables.
des budgets accessibles
Michel Veyrier : en Provence et Vallée du Rhône, 40% des transactions sont au dessus de 2 millions d’euros. En Bordeaux et Languedoc ce sont 17 à 20% des transactions qui les dépassent. En Val de Loire seuls 12% des transactions dépassent le million d’euros.
Alain Paineau : On voit qu’avec un investissement de 7 à 800k€ on peut avoir une structure pérenne et économiquement viable.
Et le prix des vignes dans la région ? Acheter une vigne aujourd’hui ? ça coute le même prix que de la planter !
esprit vigneron es-tu là ?
Pour Isabelle Pangault installée depuis 2018 en Sologne au domaine de l’Affut en appellation Touraine, ce qui fait la différence en Val de Loire, peut-être plus qu’ailleurs, c’est l’esprit vigneron : l’entraide -important quand on vient de s’installer-, la diversité, le dynamisme de la filière et la grande ouverture d’esprit. Quand on se retrouve entre vignerons, on n’hésite pas à ouvrir les bouteilles des collègues d’autres régions !
Point de vue partagé par Yvan Massonnat du domaine Belargus créé en 2018 et dédié à 100% au chenin. Il énonce ici les valeurs ligériennes : l’humanisme, la tempérance, l’ouverture au monde…

Du coup le Val de Loire prend une autre dimension.
François
Toutes ces infos sont tirées d’une conférence de presse organisée par Interloire le 8 avril 2021 à partir d’une enquête de mars 2021 conduite par Vinea Transaction. Conférence animée par l’agence Clair de Lune.



Jusqu’à quand le Val de Loire sera une terre d’avenir pour les néo vignerons… A l’heure où la pression immobilière se fait de plus en plus sentir dans les campagnes, les vignerons font très souvent le choix de vendre leurs parcelles aux promoteurs plutôt qu’aux nouveaux arrivants. Ce sont de vrais enjeux politiques, économiques et même environnementaux pour les élus et les acteurs du territoire…
Mais que fait la Safer ?