Décidément mes pas me ramène encore sur les coteaux de Chaume, faut-il y voir un signe ?
Aujourd’hui c’est l’appellation Quarts-de-Chaume qui m’intéresse.
Une appellation renommée au passé prestigieux qui n’est plus tout à fait ce qu’elle fut jadis.
Une appellation dont l’image s’est brouillée et que certains considèrent comme déclinante.
Que s’est-il passé au juste ?
Cette question me taraude depuis longtemps aussi j’ai pris l’initiative de rencontrer la personne qui pouvait éclairer ma lanterne, c’est Claude Papin, propriétaire du domaine de Pierre-Bise et président du syndicat de l’AOC Quarts-de-Chaume, une très petite appellation qui s’étend sur 45 hectares de coteaux de schistes briovériens et de poudingues du Carbonifère, située au sud d’Angers, en surplomb du Layon. Ils ne sont que 18 vignerons à posséder des vignes sur ce terroir de légende.
« Nous sommes dans l’ordre du sacré et du mystère. Les paysages ici ont été fixés vers l’an 1200 par les moines défricheurs. Comment pouvaient ils savoir qu’il fallait défricher ici et pas ailleurs ? La précision est sidérante ; ils avaient une connaissance intime du minéral et du climat qui les a conduits à planter le chenin exactement où il devait être planté. On retrouve cette science mystérieuse des moines défricheurs en Bourgogne, par exemple sur le climat de la Romanée Conti ». Claude Papin m’explique ensuite que l’appellation a subi un long déclin de plusieurs…. siècles.
Pour faire bref, on citera la Révolution qui a morcelé les parcelles, le phylloxéra destructeur et plus récemment, des méthodes de vinification qui abusaient de la chaptalisation et des sulfites ; pas étonnant que le public se soit détourné des grands liquoreux, jugés démodés et source de migraine.
La renaissance est proche affirme-t-il,
avec une grande force de conviction, des signaux positifs se manifestent : le classement en Grand Cru obtenu en 2011, un collectif de producteurs plus soudés et un millésime 2014 en capacité de réconcilier le public avec les grands liquoreux.
« L’aléatoire merveilleux de la vendange » s’exprime sur les coteaux de Chaume avec force : un cépage capricieux, une conjonction climatique propice ou non au botrytis et au passerillage, des rendements confidentiels, un raisin récolté grain à grain. Il arrive que le travail obstiné de l’Homme ne parvienne pas à redresser des conditions trop défavorables ; comme 2012, une année blanche pour le Quarts-de-Chaume. Claude Papin, rigoureux et passionné a l’humilité du grand vigneron, à l’image de ces grands marins du Vendée Globe pour qui l’humilité est la première des vertus. C’est Dame Nature qui commande, elle s’est montrée incroyablement généreuse en 1959, 61, 71 et 1989 et aussi au début des années 2000. Elle serait plutôt boudeuse ces dernières années. Sauf en 2014, semble-t-il, l’année du renouveau.
Jean-Philippe