L’Aromabook du vin, le bonheur est dans l’olfactif

Disons-le clairement, voilà un livre remarquable qui n’aurait jamais vu le jour sans le soutien d’un financement participatif. Génération Vignerons a « joué le jeu » une fois de plus. Après ce voyage à Porto pour des étudiants en oeno-viti, l’aide aux « jeunes pousses » à s’installer en Beaujolais, la « résurrection » du vignoble de Chambord, ou là encore pour soutenir un festival «Arts et Nature » au domaine du Prieuré La Chaume.

Et aujourd’hui, grâce au savoir-faire de KissKissBankBank, c’est un beau livre, utile et intéressant qui voit le jour : l’aromabook du vin de l’œnologue Sandrine Audegond.

SÉDUIRE LES LIBRAIRES

 Avant d’en explorer le contenu, un coup d’œil sur sa forme : design audacieux, beau papier, couverture maxi-rigide, dos collé, 190 pages couleurs.

Dans le circuit traditionnel de l’édition, jamais un tel livre n’aurait pu sortir à 22€ prix public. Vos contributions vont permettre un bon lancement, un atout pour séduire les libraires et les distributions, nous dit l’auteure-éditrice. 124 préventes ont permis de lancer la coûteuse impression (en France). L’exemplaire dédicacé est arrivé par la Poste.

Sandrine Audegond est une pro de la planète  vin : acheteuse, caviste, formatrice, elle ne se cache pas d’aimer la Bourgogne et particulièrement Chablis.  On lui doit plusieurs livres « sans complexe » sur le vin et la dégustation publiés chez Albin Michel.

Quand Caroline Pellot de Génération Vignerons rencontre Sandrine Audegond

Caroline : j'ai rencontré Sandrine, à l'École des Vins et Spiritueux de Paris-Bercy Village lors de ma préparation au WSET-3. j’ai souvenir de 5 jours intenses passés à échanger, déguster, mémoriser, analyser avec cette œnologue experte, pédagogue et généreuse. 5 jours à faire le tour du monde des vins sur papier et dans le verre, en appliquant les clés apprises au fil de cette semaine studieuse et conviviale. Bien sûr, j’ai commandé son livre, ce qui m’a permis de renforcer notre relation.

Sandrine, comment t'est venue cette nouvelle idée d'ouvrage ?

En fait, je me suis rendue compte qu'il y avait un trou dans la raquette ! Il existe des ouvrages à caractère scientifique sur les arômes du vin, sans compter de nombreux articles, et ils sont de qualité mais peu accessibles au grand public. D'autre part, on pense parfois, quand on débute en matière de vin, que la subjectivité domine en la matière. En fait, il m'a semblé qu'il manquait un ouvrage pédagogique sur le sujet. J'ai voulu un beau petit livre, très attrayant par ses illustrations, parce que le vin est un beau sujet en soi.

Quel était ton objectif en le rédigeant ? Certainement une réflexion de longue date afin de rendre toujours plus accessible l'univers du vin et de la dégustation...

Oui, exactement, car c'est le fruit d'un parcours de 15 ans dans le monde du vin. J'ai voulu faire la synthèse des questions que les amateurs se posent souvent et de la parole des vignerons. Il fallait rendre cet aspect du vin de manière concrète. Décrire chaque arôme était une évidence mais il fallait tout un contexte qui permette à l'amateur de trouver son chemin: j'ai donc passé beaucoup de temps sur les index pour que le lien puisse se faire facilement entre un vin et ses arômes. Le but était de faciliter l'interprétation du vin et de rendre l'expérience de la dégustation la plus personnelle mais aussi la plus pertinente possible.

A qui peut-on conseiller ton ouvrage ?

Aux amateurs et aux passionnés, sans aucun doute ! Cet ouvrage n'a pas la prétention de bousculer les connaissances scientifiques en la matière, certainement pas, mais de faire découvrir l'immense diversité des arômes du vin et les nombreuses surprises qu'ils recèlent.

Quels conseils donner à une personne souhaitant s'initier aux vins ? Par où commencer ?

Surtout se bâtir une expérience personnelle, sans idée préconçue, en goûtant toutes sortes de vins. Sans jamais perdre de vue que le plaisir est la raison d'être de la dégustation d'un vin. Prendre quelques cours avec des professionnels est une bonne idée car cela ouvre l'esprit: après tout, on ne peut pas tout savoir et tout deviner dès le début ! Poser des questions aux vignerons sur leur métier, c'est aussi très instructif. Nous avons la chance en France que les professionnels du vin soient aussi ouverts et prêts à s'exprimer.

L’Aromabook est un livre, non pas de vulgarisation, mais d’accès « opérationnel » aux arômes. Devenez virtuose des arômes ! promesse un peu démagogique à mon goût mais qui reflète l’esprit du livre.

COMPLEXÉ DE L’AROMATIQUE

Nous sommes certainement nombreux à être des « complexés » de l’aromatique. Sentir, humer renvoie à tellement de souvenirs profondément enfouis.  Et quand ça libère, ça explose ! Pour moi le litchi, la fleur d’oranger, le cèdre aussi produisent une sorte de  tempête cérébrale générée par le combat entre ma rationalité et mon cerveau reptilien. Est-ce grave docteur ?

Sandrine a su éviter l’écueil de l’énumération scientifique des composés chimiques et des molécules complexes. Ni tomber dans la simplification excessive : Youpi, j’ai reconnu l’odeur de la banane !

LES BRETTS DANS LE COLIMATEUR

L’ouvrage nous propose trois portes d’accès.

Celle des arômes bien sûr, au nombre de 150, décrits en termes accessibles avec souvent des anecdotes qui en rendent la lecture plus sympa. Les déviants ne sont pas oubliés, comme l’écurie: c’est la marque caractéristique des Brettanomyces, des levures pas vraiment synonyme de bon goût.

La deuxième porte est celle des cépages : une cinquantaine sont répertoriés avec leur identité aromatique dominante.

Enfin la troisième porte ouvre sur les régions viticoles et les AOP en France, mais aussi en Espagne, en Italie, au Portugal. Évidemment, la liste n’est pas exhaustive, on en compte quand même près de 200. Un exemple ? L’huitre fraîche : …Certains vins blancs offrent une note d’intérieur d’huître ou de coquillage. Lesquels ? Chablis, Sancerre, Riesling d’Alsace et de Moselle. Il y a plus difficile comme cet arôme de caramel : Il existe aussi une note de caramel au lait ou de confiture de lait. Dans ce cas, il s’agit plutôt d’un arôme issu du fût de chêne américain. On le trouve notamment dans les vins espagnols de la Rioja.

DES POINTS DE VUE DIVERGENTS

L’aromatique n’est pas une science exacte, on s’en serait douté. Entre scientifiques et dégustateurs, les points de vue peuvent diverger. C’est le cas pour l’odeur de terre humide : les œnologues vous diront que c’est un défaut lié au développement de la géosmine. Certains dégustateurs l’apprécient car elle évoque « le goût de terroir » synonyme d’authenticité.

C’est sûr, l’Aromabook va trouver sa place dans ma besace pour accompagner mes virées oenotouristiques.

J’y vois d’autres usages, reste à convaincre mon club de dégustation à nous l’autoriser pour les concours à l’aveugle !

Jean-Philippe

Ecrit par Jean-Philippe RAFFARD
--------------------------------------------------------------- Toujours volontaire pour une virée dans le vignoble du bout de la Loire, du bout de la France, du bout de l’Europe ou du bout du monde, là où il y a des vignerons, là où il y a du bon vin. Jean Philippe n’oublie pas sa vie antérieure en marketing-communication pour lever le voile sur le commerce du vin et l’ingéniosité des marchands.

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