le crowdfounding pour le vin ?

Olivier Cazenave est un habitué du financement participatif : installé au Château de Bel dans le Bordelais depuis 2003, il a déjà bouclé de la sorte deux tranches de financement de 10.000 euros chacune. La première pour l’achat de pulvérisateurs destinés aux traitements biodynamiques, la deuxième pour remplacer son tracteur par un quad agricole léger ainsi que du matériel pour favoriser la biodiversité, la troisième, en cours, pour moderniser le chai avec des garde vins en inox pour une meilleure conservation, ainsi qu’une cuverie en terre cuite pour un élevage original des vins. Difficile d’obtenir un prêt bancaire pour ce genre de financement et puis il aurait fallu fournir une liste détaillée du matériel, ce qui nous aurait contraints dans nos choix finaux…

Olivier a levé les fonds sur la plateforme WineFounding en quelques semaines.

Le financement participatif pour quoi faire ?

Mais à quoi sert le financement participatif ? l’achat de matériel ? l’agrandissement d’un vignoble? l’acquisition du domaine carrément ?

Partant du constat qu’un tiers des vignerons du Languedoc ont plus de 50 ans et se posent la question de la transmission, Terra Hominis propose à ses adhérents-investisseurs de créer des vignobles en copropriété à travers une SCI ou un GFA en réalisant un investissement plaisir (entre 1300 et 2500 euros la part de la structure) et de permettre ainsi la préservation d’un terroir et aussi l’installation d’un jeune vigneron à qui le domaine est donné à bail. C’est lui qui prendra en charge la responsabilité financière et juridique de l’exploitation.

©TV Sud Carcassonne

Dix sept domaines ont ainsi été créés avec plus de 1700 associés en Occitanie et dans le Bordelais. Ludovic Aventin fondateur de Terra Hominis, lauréat 2018 du Grand Prix National “Innover et Territoire”, entend proposer son approche à toutes les régions viticoles de France.

plateforme régionale pour projet local

Quand l’identité régionale est forte, il est plus simple d’intéresser sa communauté aux projets qu’on mène et de lever les fonds nécessaires. Kengo.bzh entend se différencier des plateformes actuelles par sa dimension régionale, sociétale, et son accessibilité : les projets accueillis sont 100% bretons, ouverts aux institutionnels comme aux particuliers.

La Cabane aux longues vignes : ce projet porté par Edouard Cazal, jeune vigneron, qui profite de la nouvelle réglementation des droits de plantation, vise à la réhabilitation d’un vignoble historique en Bretagne à Saint-Jouan-des-Guérets.

©ideevideorennes

Edouard ne mise pas sur le réchauffement climatique mais sur l’histoire de la parcelle. Il a fait appel en juillet dernier à la plateforme Kengo.bzh pour le financement des équipements du travail à la vigne et au chai. Son objectif de 13 000 € est largement dépassé puisqu’il a dépassé les 24 000 € financé par plus de 130 contributeurs.

Loin bien sûr des 200.000 € nécessaires à la réalisation de son projet pour lequel il a sollicité un prêt bancaire classique. Mais le passage par la case financement participatif était pour lui un moyen de prouver auprès de la chambre d’agriculture comme des banques que sont projet tenait la route ! Une façon pour elles d’éviter l’étude du dossier ? L’obtention de garanties financières en a été facilitée ajoute Edouard. Au passage il s’est créé une communauté de sympathisants qu’il se doit d’informer par une newsletter en attendant la première bouteille d’ici 4 ans…

Qu’est-ce qu’on y gagne ?

Le crowdfunding est par essence basé sur le partage. Donc ce n’est pas là qu’il faut chercher le jackpot. Terra Hominis fait attention a choisir des associés qui partagent ses valeurs : plaisir, convivialité, partage, transmission…

La contrepartie n’est pas la même selon les plateformes : remboursement en vin, le prêt remboursé en euros avec intérêts en vin, ou investissement en capital chez WineFunding,  don contre don pour Fundovino. Avec des investisseurs qui ont envie de se rapprocher de nous, on pense circuit court, c’est cohérent avec notre approche de la biodynamie confie Olivier Cazenave.

des plateformes pour tous les goûts

Certains sont spécialisés dans l’univers viti-vini comme Fundovino, Winefounding, Terra Hominis. Ils s’entourent d’un comité d’experts constitué de professionnels, oenologues, exploitants etc. D’autres ont une approche plus régionale comme Tudigo qui met en avant l’attention et l’empathie des habitants d’une région pour les projets de leur territoire.

La liste est longue mais il est important de bien choisir sa plateforme en fonction de son projet en prenant quelques précautions tout de même : des plateformes ont disparu aussi vite qu’elles sont apparues sur le net : bodegga, vitiheros…

François

Ecrit par Francois SAIAS
--------------------------------------------------------------- Scénariste, réalisateur, documentariste pendant de nombreuses années, François a gardé la curiosité de son premier métier et s'est investi depuis dans le monde du vin, ses rouages, son organisation, ses modes de fonctionnement.
Catégories : devenir vigneron , s'installer

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