Disons-le clairement, voilà un livre remarquable qui n’aurait jamais vu le jour sans le soutien d’un financement participatif. Génération Vignerons a « joué le jeu » une fois de plus. Après ce voyage à Porto pour des étudiants en oeno-viti, l’aide aux « jeunes pousses » à s’installer en Beaujolais, la « résurrection » du vignoble de Chambord, ou là encore pour soutenir un festival «Arts et Nature » au domaine du Prieuré La Chaume.
Et aujourd’hui, grâce au savoir-faire de KissKissBankBank, c’est un beau livre, utile et intéressant qui voit le jour : l’aromabook du vin de l’œnologue Sandrine Audegond.
SÉDUIRE LES LIBRAIRES
Avant d’en explorer le contenu, un coup d’œil sur sa forme : design audacieux, beau papier, couverture maxi-rigide, dos collé, 190 pages couleurs.
Dans le circuit traditionnel de l’édition, jamais un tel livre n’aurait pu sortir à 22€ prix public. Vos contributions vont permettre un bon lancement, un atout pour séduire les libraires et les distributions, nous dit l’auteure-éditrice. 124 préventes ont permis de lancer la coûteuse impression (en France). L’exemplaire dédicacé est arrivé par la Poste.
Sandrine Audegond est une pro de la planète vin : acheteuse, caviste, formatrice, elle ne se cache pas d’aimer la Bourgogne et particulièrement Chablis. On lui doit plusieurs livres « sans complexe » sur le vin et la dégustation publiés chez Albin Michel.
L’Aromabook est un livre, non pas de vulgarisation, mais d’accès « opérationnel » aux arômes. Devenez virtuose des arômes ! promesse un peu démagogique à mon goût mais qui reflète l’esprit du livre.
COMPLEXÉ DE L’AROMATIQUE
Nous sommes certainement nombreux à être des « complexés » de l’aromatique. Sentir, humer renvoie à tellement de souvenirs profondément enfouis. Et quand ça libère, ça explose ! Pour moi le litchi, la fleur d’oranger, le cèdre aussi produisent une sorte de tempête cérébrale générée par le combat entre ma rationalité et mon cerveau reptilien. Est-ce grave docteur ?
Sandrine a su éviter l’écueil de l’énumération scientifique des composés chimiques et des molécules complexes. Ni tomber dans la simplification excessive : Youpi, j’ai reconnu l’odeur de la banane !
LES BRETTS DANS LE COLIMATEUR
L’ouvrage nous propose trois portes d’accès.
Celle des arômes bien sûr, au nombre de 150, décrits en termes accessibles avec souvent des anecdotes qui en rendent la lecture plus sympa. Les déviants ne sont pas oubliés, comme l’écurie: c’est la marque caractéristique des Brettanomyces, des levures pas vraiment synonyme de bon goût.
La deuxième porte est celle des cépages : une cinquantaine sont répertoriés avec leur identité aromatique dominante.
Enfin la troisième porte ouvre sur les régions viticoles et les AOP en France, mais aussi en Espagne, en Italie, au Portugal. Évidemment, la liste n’est pas exhaustive, on en compte quand même près de 200. Un exemple ? L’huitre fraîche : …Certains vins blancs offrent une note d’intérieur d’huître ou de coquillage. Lesquels ? Chablis, Sancerre, Riesling d’Alsace et de Moselle. Il y a plus difficile comme cet arôme de caramel : Il existe aussi une note de caramel au lait ou de confiture de lait. Dans ce cas, il s’agit plutôt d’un arôme issu du fût de chêne américain. On le trouve notamment dans les vins espagnols de la Rioja.
DES POINTS DE VUE DIVERGENTS
L’aromatique n’est pas une science exacte, on s’en serait douté. Entre scientifiques et dégustateurs, les points de vue peuvent diverger. C’est le cas pour l’odeur de terre humide : les œnologues vous diront que c’est un défaut lié au développement de la géosmine. Certains dégustateurs l’apprécient car elle évoque « le goût de terroir » synonyme d’authenticité.
C’est sûr, l’Aromabook va trouver sa place dans ma besace pour accompagner mes virées oenotouristiques.
J’y vois d’autres usages, reste à convaincre mon club de dégustation à nous l’autoriser pour les concours à l’aveugle !
Jean-Philippe