Les Suisses ont un sens inné de la compétition, c’est peut-être ce qui les rend si à l’aise dans la mondialisation. Pensez-donc, voici 2 villes du Valais distantes de 40 km, l’une Sion se revendique « Capitale des Vins » et l’autre Sierre qui se proclame « Capitale Suisse du Vin ». Sierre la challengeuse, organise Vinea, le Grand Prix des Vins Suisses, le Mondial des Pinots, le Mondial du Merlot, alors que Sion serait davantage dans l’excellence et la tradition. L’une et l’autre revendiquent aussi le titre de :
la ville la plus ensoleillée de Suisse.
Ce Valais – vallée du Rhône suisse – ayant la particularité de former un couloir abrité par les plus hauts massifs alpins qui bloquent les nuages. Il y a tellement peu d’eau que les vignobles du Valais doivent être irrigués- cela vient aussi des pentes phénoménales qui ne peuvent fixer l’eau des pluies et des orages. Pour pallier le manque d’eau, les Valaisans ont inventé les bisses, des canaux d’irrigation sous forme de tranchée ouverte qui achemine l’eau précieuse des torrents – non sans quelque acrobatie – jusque dans les vignobles et les vergers.
Ma virée valaisanne du 15 août m’obligea à faire un choix difficile : ce fut Sion et rendez-vous fut pris avec Marianne, fille et épouse de vigneron.
C’est aussi la responsable du Verre à Pied , le caveau-eonothèque qui regroupe les sélections des encaveurs de Sion.
Juste un mot sur Sion, voilà une des plus anciennes villes de Suisse qui se reconnaît de loin grâce à la silhouette de ses deux collines sur lesquelles se dressent fièrement ses forteresses et son amphithéâtre de vignes plantées sur des pentes vertigineuses.
Là comme à Beaune ou à Saint-Émilion,
la vigne façonne le paysage pour le plus grand plaisir du visiteur et la fierté de l’habitant. Le vin doit être franc, loyal et marchand, c’est le critère de l’appellation valaisanne. Ici les cépages donnent le nom de l’appellation, avec des petites exceptions quand même. Au caveau, nous fonctionnons sur le principe de la tournante, chaque semaine un producteur présente ses vins à la dégustation. Aujourd’hui ce sont les vins de la coopérative Provins Valais que vous allez goûter. Un verre de dégustation arrive devant moi, accompagné d’un verre d’eau et de petits biscuits locaux.
Le Fendant du Valais tient son nom du cépage chasselas dont les grains mûrs se fendent au soleil. Fraîcheur, perlant, arôme de fleur blanche, une belle entrée en matière. La Petite Arvine, voilà un cépage très original, on est sur l’agrume, la rhubarbe avec un goût de sel très présent et bien loin d’être désagréable.
C’est paraît-il dans le sous-sol que l’alchimie se réalise….
Ah ! Le sel donne soif !
Parfait pour déguster la star du Valais : l’Amigne de Vétroz 2012 l’heureuse alliance d’un cépage et d’un tout petit terroir : 40 hectares en Valais, dont 30 à Vétroz.
Ce cépage à maturité précoce permet l’élaboration de vins secs (une abeille), légèrement doux (deux abeilles) et doux (trois abeilles). Parker a été séduit et moi aussi !
Les rouges du pays, gamay et cornalin ne m’ont pas fait forte impression, on est dans le fruit rouge, l’épice, le cuir, avec un peu d’astringence.
Parlons prix maintenant, les vins du Valais ont la réputation d’être chers, les bouteilles dégustées se situent entre 15 et 50 CHF – un peu moins en euros- Avec 5500 hectares plantés, notre vignoble est très petit, nos coûts de production sont plus élevés qu’en plaine. Et puis, vous savez, il y a des domaines très réputés au niveau international, comme Bonvin et Fils ou le Clos du Château ; leur prix sont loin d’atteindre les prix des grands Bourgogne me fait remarquer Marianne. En Valais, quand on est vigneron encaveur on n’a pas la grosse tête, c’est pas le star-system ici !
Jean-Philippe