Grand débat à la rédaction de GENERATION VIGNERONS. A l’ordre du jour nos articles de fin d’année. Extrait :
- FRANCOIS : Et si on se faisait un tour d’horizon de nos bulles préférées ?
- AUDREY, CHRISTELLE, FLORIAN, JEAN-PHILIPPE : Ouh là, comme tu y vas, il y a tant à dire !
- FRANCOIS : Alors si on se limitait au crémant, prosecco, champagne ?
- LES AUTRES, EN CHOEUR : C’est ça on parlera des autres bulles une autre fois !
AUDREY : Voilà qui me rappelle une journée de formation donnée aux apprentis cavistes de La Revue du Vin de France Academy avec une approche géosensorielle. Nous nous étions attardés autour de l’effervescence…
Comment ça se passe une dégustation d’effervescents ? On apprécie d’abord le bruit de l’effervescence : est-ce qu’il est léger, en crépitement continu, d’intensité faible ou élevée, avec un effet pop? Puis, ces bulles, qu’est-ce qu’elles évoquent dans le ressenti du toucher de bouche ? une fraicheur faible ou vive ? Iodée ? Minérale ? Ensuite, lorsque l’on salive, la texture offre une mousse délicate, crémeuse ou plutôt agressive?
Et le nez ? On ne l’utilise pas dans les dégustations géosensorielles de bulles ? Si bien sûr on recherche nos marqueurs aromatiques. Mais il faut prendre le temps d’observer à l’œil nu ce phénomène d’où partent jusqu’à 50 bulles/sec : elles forment une file ininterrompue appelée “train de bulles”. On va juger de la finesse des bulles, de leur rapidité, de la mousse au versement, de la quantité de bulles si elles sont dispersées, bien réparties…
Ah ah ! vous les avez comptées ? Disons qu’on estime qu’il y a par bouteille un potentiel de 11 millions de bulles ! Et là se distinguent les mousseux de basse qualité des autres avec la persistance de l’effervescence…
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Crémant quand tu nous prends !
On le rappelle, les deux différences principales entre le champagne et les crémants c’est que le premier ne peut être produit que dans sa région d’origine (devinez laquelle) et que la durée de vieillissement n’est pas la même : 15 mois mini pour un champagne non millésimé, contre 9 mois pour un crémant.
Alors où les trouve-t-on ces crémants ? En France, dans huit AOC : Alsace, Bordeaux, Bourgogne, Die, Jura, Limoux, Loire et Savoie.
FRANCOIS : je me lance, j’ai un faible pour le crémant de Loire qui a lui tout seul résume bien la douceur angevine : du relief mais pas trop, de la discrétion voire une certaine humilité qui cachent bien l’explosion des fines bulles sans faire trop de mousse ! vous me suivez ?
Et parmi eux, j’ai mon favori : le Crémant de Loire du Château Piégüe, une belle robe jaune paille, une nez de fruits blancs, en bouche des bulles très fines, légères, et toniques, on ressent un juste équilibre entre le chardonnay et le chenin qui vient lui donner toute sa personnalité.
On trouve ce crémant chez les cavistes et les bonnes tables de la région. Il existe en quantité limitée alors si vous souhaitez en commander, adressez-vous directement à la vigneronne Laetitia Huet. autour de 7€ la bouteille.
Au tour d’AUDREY : A l’aveugle, nous avions dégusté une panoplie de vins depuis le champagne de grande marque (et non de vigneron) Moët et Chandon, le crémant d’Alsace Zusslin brut zéro dosage, le champagne Métisse de pinots noirs et blancs d’Olivier Horiot aux Riceys au cava espagnol Recaredo Terrers Brut Nature et le champagne Drappier brut nature…
Le podium a été partagé entre le crémant d’Alsace Zusslin pour son élégance et sa finesse aux reflets d’un sol de grès et calcaire transmis dans l’assemblage original de cépages locaux (60% auxerrois, 30% pinot gris & 10% riesling / Non dosé) et un champagne dont je vais vous parler plus loin…
Prix : 22€ la bouteille en vente sur la boutique en ligne du domaine Valentin Zusslin.
FLORIAN : Je ne peux que saluer le choix de mes deux comparses, puisque j’étais parti bille en tête sur les bulles du Clos Naudin à Vouvray. Issues du chenin et doté d’un vieillissement à faire pâlir un champagne, l’intensité et l’arômatique sont superbes ! Mais puisque la Loire est déjà évoquée, autant filer dans le Sud, direction Limoux.
C’est là-bas que sévit Severin Barioz au sein du domaine Face B. Il y produit une superbe blanquette de Limoux à base de Mauzac et … de chenin (vous voyez le lien avec la Loire ? :))
Digeste et frais, il est un superbe prélude à un bon et beau repas. Du fruit, une bulle fine et une légère salinité en bouche qui procure une sensation de « reviens-y ». Bref, une jolie bulle dans une région un peu moins connue pour cela.
Elle est épuisée sur les Grappes mais encore dispo à 17,50€ sur Vinissimo.
Et toi, CHRISTELLE as-tu un crémant coup de coeur ? Eh bien moi je vous emmène chez moi dans le Bordelais, en Entre-deux-mers. Qui savait que cette région regorgeait de caves souterraines ?
Initialement exploitées pour l’extraction de calcaire afin de bâtir les villes environnantes, ces souterrains ont été utilisés pour la production de champignons de Paris pendant des décennies… avant d’accueillir des millions de bouteilles de vin mousseux.
L’AOC Crémant de Bordeaux est relativement récente -1990-, et regroupe moins d’une dizaine de maisons d’élaboration, dont la plus ancienne, les Caves de la Tour du Roy à Saint-Émilion.
C’est ici que le crémant du Château Moulin de Peyronin réalise sa seconde fermentation ainsi que son élevage en bouteille pendant 9 mois minimum. Ce 100% sémillon labellisé Demeter dévoile des bulles fines soutenues par un côté salin (que j’apprécie particulièrement dans le vin). C’est frais, bien fait et à un prix tout doux.
Prix : 11 € sur Vivino
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Prosecco on veut y croire !
Il faut quand même l’avouer: la raison principale du succès du prosecco, c’est son prix : autour de 5€ la bouteille là où pour un champagne d’entrée de gamme on tournerait autour de 16 à 18€…Et puis ça se laisse boire : les bulles sont bien au rendez-vous -on ne veut pas trop savoir comment- le goût est flatteur avec sa dose de sucre…Les arômes ? circulez…
FRANCOIS : honnêtement j’aurai bien du mal à vous parler d’un prosecco particulier, je ne le connais qu’en cocktail : 1/3 Apérol, 1/3 eau gazeuse, 1/3 prosecco plus les glaçons et la tranche d’orange pour la déco, un spritz quoi ! Pour ça, n’importe quel prosecco peut faire l’affaire…
AUDREY : je passe mon tour !
FLORIAN : Dans la superbe région de la Vénétie, il est évidemment possible de produire du prosecco. Seulement, des DOC (équivalent de nos AOC) et même des DOCG (encore plus restrictifs que nos AOC) prédestinent certains terroirs vers de grands vins. Et le prosecco n’echappe pas à la règle.
Par exemple, la cuvée Superiore di Cartizze du domaine Nino Franco est produite dans la DOCG Valdobiaddene, coeur qualitatif de l’appellation. Cela donne un prosecco de table, aussi complexe que gourmand, doté d’un profil fruité suffisamment riche pour aider un dessert. Ne laissez pas tous les proseccos couler dans vos Spritz, dégustés seuls, certains pourront vous ravir 🙂
autour de 28€ la bouteille, en vente sur les boutiques en ligne italiennes.
JEAN-PHILIPPE : J’ai voulu voir sur pièce et me suis procuré chez Biocoop ma première bouteille, un prosecco DOC bio Rosé de laTenuta Giol 2020. Rien de massif, c’est le trait de caractère qui s’impose pour cet effervescent titrant 11° d’alcool avec 7g de sucre.
Très discret, comme l’ont ainsi qualifié mes proches conviés à la dégustation. Selon le protocole proposé par Audrey, la bulle est si fine qu’elle en serait presque invisible, tout comme l’effervescence. Le nez est dans l’indicible et la bouche timide laisse une petite saveur sucrée, façon bonbon à la fraise.
Goûté frappé, ça va encore mais dès qu’il prend quelques degrés, il se dégrade. Ce prosecco de Giol, un petit domaine de Vénétie qui existe depuis l’âge d’Or de Venise, fait certainement de son mieux, il n’empêche que la déception était là. Elle me confirme que le goût est un marqueur fondamentalement culturel. Notre palais français n’a pas été éduqué à l’effervescence douce, Il nous faut de la tension, du sec, de l’extra brut, du zéro dosage. Tout le contraire de l’autre côté des Alpes !
Prix : 12,50€ la bouteille chez Biocoop.
CHRISTELLE : Oui mais on ne peut nier l’engouement des jeunes générations pour le prosecco. Et je trouve que cela mérite qu’on s’y attarde : au-delà des spritz et prosecco premium, il existe bel et bien en Vénétie des prosecco d’un excellent rapport qualité-prix.
Alors direction Fidora Wines, son domaine Tenuta Civranetta situé au bord de la baie de Venise et son prosecco spumante Brut labellisé Demeter. Un nez typique de poire, des bulles délicates et une acidité bien marquée -qui plaira plus ou moins-. Un superbe prosecco qui m’a réconciliée avec ses pairs, à consommer à l’apéritif.
Prix : 13 € sur Wine-searcher
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ce champagne qu’on nous envie
FRANCOIS : hey buds, vous savez que je ne fais pas dans la nuance. Mon enthousiasme n’a d’égal que le plaisir de partager une grande découverte : un champagne brut nature sans souffre ajouté, c’est à dire sans la fameuse liqueur d’expédition dont nous parlions tout à l’heure.
J’ai nommé le roi de la Côte des Bar, le champagne Drappier brut nature, 100% pinot noir, une cuvée briochée, minérale, fruitée, aérienne, florale. Les mots me manquent, les larmes me montent aux yeux…
AUDREY : oui ce Drappier, c’est un champagne de vigneron amoureux de son terroir… A l’aveugle, la verticalité et la fraicheur marine de ses bulles m’a transposée immédiatement dans le souvenir d’un repas de Noël magique sur l’île de Noirmoutier, accompagné d’un plateau d’huîtres !
On l’appelle un vin à émotion… il a su retransmettre un souvenir depuis son élaboration à Urville, au coeur des terroirs calcaires de la Côte des Bar. Le Pinot Noir s’est exprimé avec finesse et élégance dans une pureté unique.
Prix : 35€ sur le Petit Ballon
FLORIAN : Les amis, après la Côte des Bar, je vous propose d’aller plus au Nord dans la Côte des Blancs. Délaissons le pinot noir pour rencontrer le maître de cette sous-région champenoise : le chardonnay.
Eh bien à Vertus, au milieu des maisons de champagne, les Frères Fourny font une cuvée aussi rare qu’emblématique de leur travail : le Clos notre Dame. Doté de 0,3 ha, ce jardin permet à ces chardonnays d’exprimer leur pleine puissance.
Elevé plus de 9 ans en bouteille, le 2012 est portée par une acidité structurante. Elle permet d’équilibrer la richesse de la matière de cette cuvée millésimée. Après un coup de carafe, la complexité aromatique défile devant nos sens : l’univers patissier, les fruits blancs, un subtil côté épicé construisent ce champagne vineux.
En bouche son onctuosité attend des mets savoureux ou bien un beau dessert (testé et approuvé sur une tarte tatin). Bref, un champagne de grand plaisir et donc de grandes occasions ! Et toi Christelle, quel est ton champagne ?
Prix : 85,95 € la bouteille sur Vivino mais il semble épuisé. Le souci c’est que les Frères Fourny n’en sortent que 1000 bouteilles par an. Avec un peu de chance demandez à votre caviste sinon tentez votre chance au domaine…
CHRISTELLE : Je remarque que personne ne parle de champagne rosé ? Alors on file sur la montagne de Reims à Louvois plus exactement, au Domaine Guy Méa. J’ai eu l’occasion de découvrir leur Gamme Interprétation sur Wine Paris en début d’année. Récoltants manipulants depuis près d’un siècle, le domaine Guy Méa s’est transmis de génération en génération.
L’esthétique et l’originalité des étiquettes m’ont interpellée et mon regard s’est immédiatement posé sur la cuvée Saignée de Bouzy avec son visuel d’amphore (je ne vous ai pas encore raconté ma passion pour les vins élevés dans ce contenant?). Issue de vieilles vignes (entre 60 et 70 ans), ce 100% pinot noir élevé 9 mois en… amphore de terre cuite donc, n’est pas collé et à peine filtré.
Des notes épicées, au nez et en bouche, ajoutent de la fraicheur à ce champagne fruité et bien équilibré. Un vin de gastronomie chic, à boire avec des desserts aux fruits rouges ou bien à l’apéritif avec une planche de (délicieux) fromages & charcuteries.
Les cuvées du Domaine sont à retrouver aux 4 coins de la France voire du Monde ! Contactez le domaine.
Prix : 118 € sur Vivino
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Audrey, Christelle, Florian, Jean-Philippe, François
Image à la Une : ©collection CIVC
Pourquoi ne dites vous pas que le prosecco est un sous mousseux dont le mode de production la cuve close ne produit que des sous produit.il faut stopper les italiens dans leur scandaleuse intoxication tendant à essayer de faire croire qu ils sont supérieurs au crémant et comparables au champagne
Vous n’êtes sans doute pas loin de la vérité. Et c’est bien ce que nous soulignons dans notre article : https://generationvignerons.com/prosecco-quel-culot/
Mais notre propos est d’attirer les lecteurs vers les prosecco de qualité -et il y en a- à condition de se donner le mal d’acheter des prosecco DOCG, plus difficiles à trouver !