Le reportage de France 3 Pays de la Loire me glace le sang : le gel dans les vignes tue la production de Savennières. Cette belle AOC d’Anjou, l’une de mes préférées, aussi cruellement frappée. Allons voir sur place.
En ce jour de fête du Travail, le bourg aux volets clos bruisse des pas des randonneurs solidement équipés en vêtement de pluie.
Le carré de vigne symbolique qui prolonge la nef de l’église médiévale Saint Pierre-et-Saint Romain est partiellement touché, ça n’augure rien de bon.
La grille du Château de Vaults, Domaine du Closel est ouverte, j’espère rencontrer Evelyne de Ponbriand, mais c’est Marine qui m’accueille en me demandant 2 € pour la campagne Neurodon.
Pour aller aux vignes, vous suivez le fléchage, vous allez voir, c’est un triste spectacle me dit–elle avec émotion. Ça grimpe un peu, normal, l’AOC Savennières s’inscrit sur des coteaux de schiste, schistes gréseux et filons volcaniques.
En bas, la Loire, en haut, les vignes qui s’étendent sur des vallonnements ondoyants débouchant sur les fameuses coulées, des fissures du plateau si propices au cépage chenin qui peut y décliner sa palette aromatique. Il y a quelque chose de tellement injuste dans le gel tardif venant après un printemps trop précoce. Ces petits bourgeons sans défense foudroyés en quelques minutes par une méchante masse d’air plus froide que les autres.


Voilà bien la catastrophe de trop !
Au fait, les coteaux de Chaume ont-ils été touchés ?

Peut-on d’ores et déjà évaluer les pertes ? Il cite la fourchette de 50-80 millions d’euros pour l’ensemble de l’appellation. C’est dans 18 mois à deux ans que les vignerons subiront de plein fouet le manque de production, au niveau de la trésorerie et des débouchés ; les marchés à l’export risquent d’aller voir ailleurs.
La dignité de Claude Papin m’impressionne. Lorsque Dame Nature se déchaîne, le vigneron subit, il tente de réparer, re-construire avec persévérance et humilité. C’est la dure loi du métier, et sa grandeur aussi.
Jean Philippe
photo à la Une : ©photo STVE. http://www.stve.fr/
