En ces temps chahutés pour les vignobles français on peut se demander s’il y a un bien un pilote dans l’avion. Soyez rassurés nous en avons trouvé : pas un mais deux ! Il faut bien ça pour tenir le manche et garder le cap.
un engagement sur le fond

Faut-il y voir un lien avec la citation de l’américain Jon Bonné, auteur de l’ouvrage monumental Le Nouveau Vin Français (Hachette Pratique 2025) ? Le vin est aujourd’hui radicalement différent de ce qu’il était il y a 30 ans. Pour le mieux. Nos deux inséparables quittent la RVF il y a 20 ans pour se lancer dans une aventure éditoriale hors norme avec le Guide B&D, le magazine En Magnum, le Grand Tasting, l’Asie, le rachat du Guide Lebey, etc. Des moments de doutes quand, au tournant des années 2020, il a fallu changer la formule du Guide. IDealwine est venue à la rescousse, un incident de parcours qui n’a pas empêché l’affaire de repartir de plus belle.
Pourquoi tant d’éloges ? La première raison est évidente ; nos abonnés, nos lecteurs ne les trouveront pas ailleurs. Entre patrons de presse règne un sentiment unanimement partagé : la rivalité pour ne pas dire la jalousie. Quand en plus la manne publicitaire se fait rare, on ne risque pas de faire l’éloge du voisin-concurrent.
Évidemment les esprits chagrins fustigeront ce magazine « papier glacé » un temps qualifié de Vogue du vin, vendu au luxe et au grand capital. On leur rétorquera que le (bon) vin n’a jamais été la boisson du pauvre. Aussi, affirmons notre admiration décomplexée devant l’offre évènementielle et éditoriale exceptionnelle proposée par ce groupe média indépendant – et fier de l’être !
un salon du vin pour sa richesse

Plus de 300 exposants ont répondu présents parmi les 1400 producteurs cités dans le Guide Bettane&Desseauve 2026. Ils ont déployé leurs plus beaux flacons et leur sourire le plus avenant pour accueillir quelques 15000 visiteurs particuliers et professionnels sur les deux journées.
Évidemment le samedi midi je n’étais pas tout seul. Un esprit de bienveillance, de courtoisie régnait dans les allées animées et devant les stands où s’activaient petites mains et grands vignerons. Un entre-soi diront les sociologues scrutateurs des rituels bourgeois, un « entre nous » disait ma voisine qui ne voulait pas déguster sans trinquer.

Ces jeunes veulent connaître, comprendre, se mesurer à cet univers du vin qui loin de les intimider, les attire passionnément. Un panel improvisé qui valide les résultats du sondage IFOP publié récemment dans le Figaro Vin affirmant que «plus de 9 Français sur 10 considèrent le vin comme un pilier de l’art de vivre et une fierté culturelle » n’en déplaise aux prophètes de malheur drogués aux diktats hygiénistes.
Le Salon ne reflète pas la géographie du vignoble français, mais sa richesse. Comme on peut s’y attendre, le champagne et la Champagne triomphent loin devant Bordeaux et la Bourgogne.
Puisque le champagne me tendait les bras, j’en fis ma dégustation exclusive. Et j’aimerais remercier ici Clémence Egly, Lionel Boizel, Jean Garandeau (Jacquesson) et aussi les commerciaux d’Ayala, de Laurent Perrier, de Veuve Clicquot et tant d’autres d’avoir pris le temps de m’expliquer les merveilles de leurs bulles singulières, je me serais cru aux Habits de Lumière à Épernay.
M’a-t-on servi le Laurent Perrier Grand Siècle, itération 26 ce champagne qui affiche sa perfection par un 100/100 B&D ? Hélas non, il eut fallu que je m’inscrive à la MasterClass animée par Olivier Vigneron, chef de cave de la Maison, qui affichait complet.
UN DÉSERT TRANSFORMÉ EN OASIS
Qui aurait pensé trouver un stand collectif de vins chinois au Carrousel du Louvre ? Le Pavillon Ningxia regroupait une douzaine de wineries situées quelque part sur la Route de la Soie près du désert de Gobi, dans l’immensité des territoires de l’ouest.

On arrache des vignes en France, les chinois plantent des vignes chez eux. Je reste convaincu que ces centaines de millions de cols ne sont pas destinés à la classe moyenne chinoise, ni au marché français d’ailleurs. Mais très certainement aux consommateurs d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique du Sud ; ces « nouveaux marchés du vin » que FranceAgriMer nous invite à conquérir. Pour l’instant leurs bulles ne sont pas au niveau, mais prudence et avis aux chefs de cave : méfiez-vous des stagiaires !
Ma tournée champenoise me procurait une délicieuse sensation que le grand Bernard Pivot qualifiait dans son Petit dictionnaire amoureux du vin de griserie :« sorte de bonheur passager ou d’exaltation intime que l’on ressent après un succès ou pendant un excès…..de tous les vins le champagne est le plus grisant». Un arrêt au stand B&D me fit retrouver la raison en transformant mon addiction aux bulles en curiosité littéraire.
idées cadeaux ?

Le titre punchy Champagne, la route du sommet, incrusté sur la célèbre photo de l’escalier des millésimes de la Maison Veuve Clicquot est un appel à la dévotion. Le champagne y occupe bien sûr la place royale, tant en rédactionnel qu’en publicité. De belles pubs, de belles photos, une belle maquette, un beau papier ne sont ils pas les ingrédients de base d’une recette éditoriale réussie ? Si en plus le rédactionnel est à la hauteur…
La plume des fondateurs est omniprésente, parfois de concert, parfois à tour de rôle, à la grande satisfaction de leur lectorat fidèle qui apprécie leur style hugolien si singulier. Le duo repart aujourd’hui pour un nouveau combat : celui de la défense de la Vigne et du Territoire : «…pour mettre en lumière cette civilisation de la vigne et du vin, rappeler son rôle écologique, culturel et économique et convaincre que ses acteurs sont les piliers essentiels du patrimoine et de l’avenir de la France. »
Qu’on nous permette de mettre en lumière les hommes de l’ombre de ce média sans équivalent. Louis-Victor Charvet, le rédacteur en chef, Icham Abou Raad, le directeur artistique et journaliste et Pierre-Yves Chupin qui apporte l’expertise bistronomique du Guide Lebey. Petit à petit, le Groupe rejoint l’univers culinaire qui pèse dix fois plus lourd que celui de la boisson sans la menace existentielle des hygiénistes. On se rapproche du repas gastronomique des Français, cette tradition de l’art du bien manger inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2010.

Parmi ces jeunes talents, on compte une moitié de vignerons et une moitié de restaurateurs et communicants. Michel Bettane et Thierry Desseauve rejoindront- ils le tandem mythique Henry Gault et Christian Millau au panthéon de l’imaginaire collective du vin, des spiritueux et de la gastronomie ?
Jean-Philippe