La vigne commence à pousser dans les régions les plus inattendues, comme la Polynésie, Bali, l’ile Maurice ou la Birmanie. Effet de mode, maîtrise des techniques culturales, recherche de nouveaux marchés ?
Lors d’un récent voyage, j’ai eu l’opportunité de voir de plus près un vignoble birman, situé près du lac Inlé à 900 m d’altitude et dirigé depuis sa création en 2002 par un œnologue bien de chez nous : François Raynal.
Disons-le tout de suite, l’affaire est prospère.
Les vins du domaine Red Montains Estate sont distribués dans les meilleurs hôtels et restaurants pour touristes de la Birmanie ; comme le pays attend 1,5 million de visiteurs en 2015, déjà vous imaginez le nombre de bouteilles écoulées. Certes, il a un concurrent, le vignoble Aythaya dirigé par un allemand Hans Leiendecker, mais en retrait sur le plan qualitatif.
François Raynal qui a donné récemment un interview dans la revue de l’ambassade de France précise : Les saisons définissent les cycles végétatifs de la vigne. L’hiver est la période de dormance ; au printemps la végétation redémarre ; en été le raisin murit ; et en automne les raisins sont récoltés et les feuilles tombent.
En climat tropical, il ne fait jamais assez froid pour en arriver à une période de dormance. La vigne pousse en permanence. Il faut donc indiquer « artificiellement » à la vigne quand commencer ses cycles. Ceci se fait par la taille. Il y a deux cycles par an, l’un pendant la saison des pluies d’avril à septembre, sans production de raisin, l’autre pendant la saison sèche d’octobre à mars qui se termine par les vendanges. Voilà la principale différence avec un vignoble français. Pour la vinification, je respecte les règles apprises à l’école d’œnologie et lors de mes précédents jobs.
Ma visite correspondait à la période des vendanges, le sauvignon avait été récolté alors que les grappes de pinot noir finissaient de mûrir.
Pour éviter de prendre trop de risques,
François a choisi de planter une assez grande gamme de cépages. Pour les blancs, principalement du sauvignon blanc mais aussi du chardonnay, du muscat petit grain, du chenin blanc et du colombard. En rouge, la syrah et le pinot noir mais aussi du cabernet sauvignon, du tempranillo, du carignan et du petit verdot. D’autres cépages rouges sont aussi présents : malbec et alicante boushet.
Après une petite marche dans les vignes et la visite de la cuverie, rutilante d’acier inox, nous nous installons sur la terrasse pour déguster la sélection de 4 vins proposés par le domaine.
Les blancs l’emportent nettement sur les rouges. Le sauvignon 2013 pourrait facilement être attribué à Sancerre ; le chardonnay 2013 fait un clin d’œil au petit chablis.
Mention spéciale pour le rosé d’Inlé 2014, avec un peu de sucre résiduel et un effet perlant très rafraîchissant.
François Raynal œuvre pour que ses vins soient au niveau des standards internationaux : Les touristes sont extrêmement surpris de découvrir des vins de qualité produits en Birmanie. Nous avons, en 2014, présenté notre chardonnay à la compétition « Chardonnay du Monde » qui se déroulait en Bourgogne. Des vins du monde entier, ainsi que de France, étaient dégustés a l’aveugle. Nous avons obtenu une médaille de bronze.
Un appel est lancé aux Chefs du monde entier pour marier ces vins prometteurs à la cuisine birmane qui mériterait bien un appel d’air créatif !
Jean-Philippe