On est toujours prompt à dénoncer les conditions inhumaines dans lesquelles les travailleurs ouïghours sont exploités par les autorités chinoises. Ou encore la façon dont les ouvriers du bâtiments ont été traités par le Quatar lors de la construction des équipements sportifs de la coupe du Monde de Football au Quatar en 2022.
On n’a pas forcément les mêmes réflexes quand il s’agit de parler de nos saisonniers vendangeurs, particulièrement en Champagne. Pourtant des dérives existent depuis quelques années.
la vendange noire
2023 a sans doute été l’année de trop pour beaucoup de ces travailleurs exposés à des températures supérieures à 40°C qui ont provoqué cinq décès par arrêt cardiaque. Y a t-il eu négligence ? Le parquet de Châlons-en-Champagne a été saisi. Par ailleurs, il a lancé des investigations pour « traites d’êtres humains » concernant les conditions de travail et de rémunération d’une centaine de vendangeurs étrangers sans papiers. Sans compter que des structures d’hébergement ont été visées : quatre d’entre elles, jugées insalubres, ont fait l’objet de fermetures administratives.
Un complément de salaire

Et, quand tout se passe bien, ils reviennent l’année suivante ! C’est le cas notamment chez la plupart des vignerons indépendants organisés depuis des générations pour offrir sur le domaine le gîte, le couvert et le contrat de travail. Là tout le monde est gagnant.
une situation incontrôlée
Mais le recrutement, l’hébergement et l’administratif virent au casse-tête pour les grandes maisons de Champagne qui préfèrent déléguer cette mission à des prestataires de services. Lesquels sont eux-mêmes débordés et sous-traitent à leur tour auprès de recruteurs pas forcément très regardants. Un sujet qui a fait les choux gras des journalistes d’investigation du Monde en décembre dernier et qui titrait : nous ne sommes pas des esclaves ou encore de la chaine franco-allemande Arte qui lui consacrait un documentaire de 30 minutes Champagne l’envers du terroir. De quoi assurer au sujet une diffusion par delà les frontières auprès d’un public friand de fines bulles.
Il fallait réagir au risque de ternir durablement l’image du produit, l’attractivité touristique de la région et la réputation des propriétaires des grandes marques : souvent des multinationales cotées en bourse, très attentives à leur politique RSE…
prise de conscience

Puis ils se sont organisés : Nous avons constitué un groupe de travail, regroupant vignerons, maisons de champagne, prestataires de services mais aussi France Travail et d’autres institutions. Nous nous sommes réunis une centaine de fois de la fin 2023 à juin 2024, pour co-construire avec les services de l’État un plan d’action.
La sécurité comme mantra
Avec comme slogan ensemble pour les vendanges en Champagne, le Comité Champagne veut donner une priorité absolue aux conditions de santé et de sécurité des travailleurs saisonniers.

En tout cas la filière a pris ses responsabilités. La mobilisation de chacun est maintenant déterminante pour la réussite des vendanges. De quoi décourager les brebis galeuses ? Espérons-le car le comité Champagne n’a pas de pouvoir de sanction, déplore David Chatillon.
François
Image à la Une : ©JC Gutner – Comité Champagne