La région du cognac regorge de belles surprises et pas forcément liées à la fameuse eau-de-vie !
Un détour à faire entre deux dégustations au coeur de la Grande Champagne, si vous avez envie de vous changer les idées : passez à à Bouteville -327 habitants- à 9 km de Jarnac. Vous découvrirez l’incroyable et plus que millénaire château de Bouteville trônant sur sa motte féodale, dans un décor digne de la Toscane italienne, entre Sienne et Montepulciano.
La plus grande partie des travaux de restauration vient de s’achever grâce à l’appui de la Mission de Stéphane Bern.
Il est ouvert à nouveau au public depuis le 1er juin. Au cours de ses plus de 1000 ans d’histoire, le château de Bouteville aura connu bien de vicissitudes. Détruit, reconstruit, abandonné, restauré, vendu, squatté…
un peu agitée l’histoire du château…
A l’origine, la forteresse avait pour vocation de surveiller l’arrivée des intrus et de protéger des invasions.
D’abord propriété des comtes d’Angoulême, le château passe ensuite de mains françaises en mains anglaises puis retour aux Français.
Bouteville fut à de nombreuses reprises ravagé au cours des luttes opposant les comtes d’Angoulême et le duc d’Aquitaine, Richard Coeur de Lion, futur roi d’Angleterre.
Au milieu du XIVème siècle, le Prince noir, y séjourne régulièrement : les Anglais taxent les habitants et volent des récoltes. De fréquents combats se livrent sous les murs du château entre occupants anglais et les troupes du roi de France. Ce n’est qu’en 1392 que le château de Bouteville revient définitivement à la France.
À partir du XVème siècle, le domaine appartient à la famille du futur roi François Ier, les Valois d’Angoulême. Puis le nouveau roi vend Bouteville à Claude de Montmorency, l’un de ses maîtres d’hôtel et lieutenant général de la Marine.
Dès le XVIème siècle, le château tombe en ruine. Il est racheté par Bernard III de Béon du Massès, lieutenant général de Saintonge et son épouse Louise du Luxembourg. Le couple va alors s’engager dans une grande campagne de reconstruction. L’édifice actuel est une construction du XVIème siècle sur des bases du XIIIème siècle.
Le château est ensuite acheté et revendu à plusieurs reprises jusqu’à la Révolution française où il est mis sous séquestre. Il va alors servir de prison de 1793 à 1794, pour plus de 300 prisonniers de guerre.
Puis il sera vendu comme bien national en 1803 à un marchand de pierres qui voulait récupérer les matériaux et le détruire. Mais l’artisan qu’il avait engagé le plante avant d’avoir terminé le chantier. Comme quoi déjà à cette époque les artisans faisaient bien ce qu’ils voulaient !
un décor de pierres qui s’anime
La visite du château et de son incroyable cheminée de plus de 20 tonnes (en fait une copie à l’identique en pierre calcaire de Ténac, l’original ayant été déplacé dans un autre château au 19ème siècle) est accompagnée par une scénographie fraiche et astucieuse qui se glisse discrètement dans l’espace intérieur sans le canibaliser. Elle nous apporte des clés de lecture pour comprendre l’importance du château dans le dispositif régional de défense et ce qu’il incarnait aux yeux de ses propriétaires.
PS : En quittant les lieux n’oubliez qu’au pied du château il y a aussi la Compagnie de Bouteville, producteur de vinaigres gastronomiques.
François
photos : © Julia Hasse / Grand Cognac