Cognac ouvre le ban de la distillation : première saison

Un « ban » dit-on ? On connait l’expression « publier les bans », une proclamation solennelle d’un futur mariage… ici, c’est une proclamation pour mettre à l’honneur un savoir-faire unique aux deux Charentes, la double distillation en alambic traditionnel de cuivre, dit charentais. Pour dynamiser le terroir cognaçais en période touristique creuse, quoi de mieux que de célébrer la période post-vendanges du cépage ugni blanc autour de la douce chaleur des alambics en chauffe 24 heures sur 24 au pays du Cognac jusqu’au 31 mars (date limite de distillation pour le cahier des charges du Cognac).

Deux jours, les 3 et 4 novembre ont été consacrés au Ban de la Distillation pour valoriser la distillation charentaise à travers les savoir-faire des producteurs, des acteurs du territoire engagés et des filières viticoles (Cognac, Pineau des Charentes, etc…) mais aussi des acteurs culturels du territoire qui l’entourent. De nombreux métiers étaient à l’honneur : depuis celui de tonnelier au distillateur en passant par l’art de la mixologie autour de créations de cocktails mais aussi tout ce qui en découle indirectement tel le patrimoine architectural.

Alambics aux origines arabes

La distillation utilise des alambics et c’est un mot d’origine arabe « Al anbiq », venant lui-même du grec ambix, vase à distiller.

C’est une ancienne méthode qui remonte à l’an 2000 avant J.C.  Les premières distillations se seraient réalisées en Egypte et dans la Mésopotamie à des fins médicinales pour créer à partir de plantes, puis de fruits, des essences et huiles. Cette sorte de petit chaudron où l’on voit bouillir des plantes et de l’eau afin d’en récupérer les huiles par évaporation était déjà présent dans nombreux pays du Moyen-Orient, jusqu’en Chine même. Cette technique a fortement contribué au développement de potions médicinales.

C’est autour de cet objet cuivré fascinant importé par les Flamands après la Guerre de Cent Ans au XVIème siècle, chauffé à feu nu, avec un chapiteau, la jolie forme de col de cygne et son serpentin au volume maximal de 30 hectolitres que de nombreux visiteurs locaux et d’ailleurs sont venus découvrir autrement.

A cette occasion, de nombreuses maisons ont ouvert leurs portes, des maisons de Cognac familiales comme Drouet et Raison Personnelle aux grandes maisons avec la visite de la distillerie de la Groie du groupe Hennessy (LVMH) ou encore une dégustation animée des cognacs Martell au château Chanteloup réservé habituellement à une clientèle VIP sans compter sur la magie des sous-sols calcaires chez Hine à Jarnac où repose même une barrique ayant reçu le cognac offert au mariage du prince Charles.

La plupart des visites étaient gratuites, sur réservation, affichant des groupes au complet. Les amoureux de patrimoine ont pu (re)découvrir l’architecture de la ville contée par l’histoire du Cognac, et ceux des métiers manuels comme le métier de tonnelier avec la fabrication d’une barrique devant  le musée des savoir-faire par la tonnellerie Vicard.

Le château de Bourg-Charente où loge la célèbre liqueur Grand Marnier a pour une fois ouvert ses portes au grand public pour découvrir le processus de distillation depuis les écorces d’oranges amères importées des Caraïbes jusqu’à une dégustation en cocktail dans une des salles du château.

Parmi les temps forts, on compte également sur un accord musique et cognacs avec le concert de La Chapelle harmonique, le vendredi soir du 3 novembre, à la distillerie Pinard à Jarnac. Cet ensemble baroque jouait une série de chansons à déguster et d’hymnes à Bacchus sous le programme « In vino musica », entrecoupé de dégustations de trois cognacs (Augier, Baron Otard et Drouet). L’ouïe, ce dernier sens venait compléter avec brio l’accord gustatif et olfactif !

Audrey

Image à la Une : crédit Grand Cognac

Ecrit par Audrey DELBARRE
--------------------------------------------------------------- Passionnée par l’écriture, Audrey est une amatrice de vin joviale et enthousiaste, guidée par la richesse du contact humain ! C’est à l’Académie du vin du Cap en Afrique du Sud qu’elle affine ses connaissances dans les vins puis développe son inspiration à partir de ses rencontres et voyages dans les vignobles du monde.... Titulaire du diplôme WSET 3, elle se consacre à l’organisation de séminaires et formations sur le développement des sens et des émotions grâce à l'œnologie.
Catégories : événements et salons

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