Quand on a été contrôleurs de gestion, on a le souci du détail et si vous regardez le parcours de Sheilla et François Plumejeau vous ne pourrez vous empêcher de vous dire qu’ils ont pensé à tout !
François a négocié son virage il y a dix ans en quittant le fond de pension qui l’employait pour retourner à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers préparer un Master européen Vintage :
François Plumejeau : C’est une formation riche qui m’a conduit d’Angers à Valence où j’ai fait la viticulture, en Italie à Bologne où j’ai fait l’œnologie.
Et c’est en Australie qu’il réalise sa première vinification.
Retour en France. On voulait s’installer dans le Bordelais, moi j’avais envie de vinifier des rouges : j’ai fait une première vinif à Château la Louvière à Pessac Leognan et après j’ai trouvé un poste de maître de chai à Barsac à Sauternes au Château Doisy Daene…
Le projet d’installation dans le Bordelais évolue vite vers un projet de reprise en Anjou dont François est originaire et où ils se sentent mieux accueillis. En 2010, on a visité plusieurs domaines, on a essayé d’en reprendre un mais le dossier n’est pas passé auprès de la banque…
Un faux départ qu’ils ne regretteront pas.
Sans regrets aujourd’hui car cette expérience leur a appris à mieux appréhender leur projet et à savoir le présenter. François trouve entretemps un poste aux Caves la Loire à la coopérative de Brissac comme saisonnier, ce qui leur donne plus de souplesse pour chercher leur pépite. On a visité ce domaine à Brissac ; ça nous a plu tout de suite car c’était plus moderne que tout ce qu’on avait visité. La personne qui cédait n’avait pas de repreneur, il était veuf et il ne voulait pas continuer tout seul, mais par contre il n’avait jamais arrêté de renouveler ses vignes, d’investir dans le matériel. Donc on a pris un domaine clé en main, ce qui était très différent de tout ce qu’on avait vu auparavant.
Sheilla et François avaient entretemps appris à monter le dossier. je me suis installé comme Jeune Agriculteur, il y a un accompagnement, on est prioritaire, on a des prêts bonifiés…Et si la SAFER vous met des bâtons dans les roues, être Jeune Agriculteur vous protège !
Vous avez dit 33 ?
En 2011, les Plumejeau deviennent donc propriétaires de la Gonorderie, un domaine de 30 ha enfin pas exactement car le schéma de montage est plutôt original : avec le soutien de trente-trois personnes, amis, famille et entrepreneurs, ils créent un Groupement Foncier Viticole (qui offre des avantages fiscaux) avec lequel ils rachètent 20 ha. Et ils louent les 10 ha restants à l’ancien propriétaire. Nous n’avions pas d’apport et sans la solution du GFV, la reprise aurait été impossible. Aujourd’hui leurs associés sont leurs premiers clients : ils représentent 10% de leur chiffre d’affaires.
La production est essentiellement en rosé, et bien sûr l’appellation Brissac en rouge et le Coteau de l’Aubance, les deux appellations phare.
Ce qu’on fait le plus c’est du cabernet d’Anjou et beaucoup de sauvignon blanc, on a un très bon terroir pour le sauvignon blanc et on a une gamme large : on fait donc des méthodes traditionnelles en bulles en blanc et rosé et on fait aussi du chardonnay avec deux cuvées. On a un Anjou rouge qui est 100% cabernet franc, un Anjou rouge qui est assemblé cabernet franc et sauvignon et le Brissac qui est costaud qui est 100% cabernet sauvignon.
Le démarrage de la reprise se fait sur les chapeaux de roues avec un très beau millésime, pas mal d’articles de presse , et aussi le prix de l’installation décerné par les Jeunes Agriculteurs des Pays de la Loire.
Et un liger d’or pour commencer
Au Salon des Vins du Val de Loire 2012, on a eu un Liger d’Or pour notre Anjou 2011. Et puis nous avons eu aussi plusieurs médailles. L’accueil au niveau du syndicat, de la région, des viticulteurs locaux, ça s’est très bien passé : souvent les domaines sont séparés pour être répartis sur le voisinage, et là c’est une reprise d’un domaine entier, du coup on a été très bien accueillis par les autres viticulteurs.
François