Saviez-vous ce qu’est un layon ? À l’origine c’est une sente créée par le passage des animaux. Elle porte bien son nom cette rivière environnée d’une nature dense et souvent sauvage. Les amateurs de bons vins et les randonneurs l’apprécient, ce Layon qui déroule son cours sur près de 100 km à cheval entre l’extrémité du bassin sédimentaire et les schistes armoricains pour s’unir à Loire à la hauteur de Chalonnes, porte du Val de Loire, patrimoine mondial de l’UNESCO.
pas de baignade
Je trouvais l’idée sympa de descendre le cours d’une rivière vigneronne, au plus près de son lit, empruntant parfois un bateau ou piquant une tête dans ses eaux claires. Et bien c’est raté ! le Layon n’est ni baignable ni navigable, mais rassurez-vous, il possède d’autres talents comme la discrétion d’un petit animal sauvage de nos campagnes, il faut avoir l’œil pour le repérer, en dessous d’un pont, toujours enfoui sous une épaisse végétation.
Le cours du Layon a la particularité de faire un coude à angle droit, un peu avant Doué la Fontaine, il part brutalement vers le nord-ouest, longeant la grande fracture du sous-sol : la faille du Layon.
chercher la source
Ainsi Il y a deux Layons selon le découpage géologique et administratif : le Haut- Layon ou Lys-Haut-Layon et celui de l’aval appelé selon les cas Loire-Layon-Aubance, Destination Anjou Vignobles et Villages ou Vallée du Layon. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits, mais qu’importe toutes les raisons sont bonnes pour le visiter. Naissance improbable à l’étang -asséché !- de Beaurepaire, en Deux-Sèvres, à 200m d’altitude, le Layon commence à pointer son nez et son patchwork de vignes à Cléré/Layon. Sous le pont, vous tremperez vos pieds dans l’eau vive et claire, profitez-en, il n’y aura pas beaucoup d’autres occasions.
La route du vignoble, en crête, vous amène à Passavant/Layon. Sublimes, la forteresse médiévale de l’an mil, signée Foulque Nerra, comte d’Anjou batailleur et bâtisseur, le lac, le moulin, l’église saint Étienne et le célèbre domaine viticole en biodynamie qui vous donnera l’occasion de pénétrer dans le château.
un choc d’authenticité
Vous ressentez un choc dans ce Haut-Layon, celui de l’authenticité. Ici, pas de bétonisation, pas de superettes, pas de trafic, pas de laideur aux abords de ces villages encore dans leur jus. Ben, c’est tranquille ici ! vous dira le pêcheur du lac de Passavant. N’oubliez pas votre pique-nique, car sur place, vous ne trouverez pas grand-chose.
Neuil/Layon prolonge cette sensation un peu euphorisante de l’authenticité. Sept châteaux, des vrais, sont toujours habités par leurs propriétaires. Pas de rénovation tapageuse ; ici on entretient à l’économie ; les grilles rouillées des propriétés envahies de verdure rajoutent encore au charme.
Les Verchers/Layon vous amène à proximité immédiate de Doué-La-Fontaine, ex-capitale de la rose dont il reste de beaux vestiges comme les Chemins de la Rose. Là, vous tournerez à gauche, toute, car la rivière y fait un coude à angle droit. Concourson/Layon témoigne des anciennes mines de charbon qui a valu la canalisation de la rivière sur 42 km en aval.
Chez Depardieu
Ce « canal de Monsieur » du nom du frère de Louis XVI fonctionna peu de temps car il fut saccagé au cours des guerres de Vendée. Saint-Georges/Layon se situe dans le prolongement des coteaux de schiste et calcaire, coiffés de vignes et de moulins. On ne pouvait laisser de côté Tigné, commune des Lys-Haut-Layon pour une visite rapide et surtout prendre la photo souvenir du château, propriété de Gérard Depardieu sis rue Jean Carmet, son ami de toujours natif de Bourgueil. Aux dernières nouvelles le vignoble (92ha) et le château seraient à vendre.
Aubigné/Layon est l’une des jolies surprises du périple, cette petite cité de caractère, abrite des trésors médiévaux, des belles demeures, des maisons d’hôtes et un restaurant-traiteur réputé : le Clos de la Tour.
On serait bien resté flâner dans les ruelles d’Aubigné mais il y a encore beaucoup à voir, à déguster, à humer, comme les ruines impressionnantes du château renaissance de Martigné-Briand sur la route de Thouarcé, commune de Bellevigne/Layon.
Le gros bourg doté de l’écluse emblématique du « canal de Monsieur » abrite des commerces et industries viticoles et surtout une ligne de vignobles en surplomb et à flanc de coteaux qui forme la prestigieuse appellation Bonnezeaux. On entre ici dans le Layon des Crus.
Les belles tables
Un gros orage s’est abattu sur Champ/Layon aussi il ne m’en reste qu’un souvenir plutôt mouillé. Ne manquez pas le château de la Viaudière en sortie de bourg, pour saluer Agnès et Pierre-Antoine Giovannoni et déguster leurs excellents vins. Passé le pont de la rivière vigneronne, vous verrez fléchée sur la gauche, la Table de la Bergerie, un restaurant étoilé Michelin associé au domaine viticole d’Anne et Marie Guégniard.
Rablay/Layon est un village d’artistes, d’artisans et de créateurs tout en charme et tout en pente. Après le pont, vous déboucherez sur l’ancienne ligne de chemin de fer de la vallée du Layon avec sa petite gare joliment rénovée. La ligne fut opportunément transformée en itinéraire de randonnées pédestres, cyclo et accessoirement auto à toute petite allure. L’amateur d’œnotourisme appréciera cette randonnée qui le fait passer au pied des appellations renommées Quarts-de-Chaume Grand Cru et Coteaux du Layon Chaume 1er Cru, avec leurs vignes en terrasses très spectaculaires, l’amateur de nature comme le pécheur à la ligne apprécieront d’être au plus près de la rivière vigneronne et l’amateur d’histoire se remémorera la bataille du Pont -Barré qui vit les Vendéens infliger une lourde défaite aux armées républicaines.
Les grands noms du vignoble
Beaulieu/Layon, plate-forme logistique et sortie d’autoroute offre un impressionnant panorama au-dessus des coteaux rocheux classés en réserve naturelle. La descente vous conduira à Saint-Lambert du Lattay, récemment renommée Val-du-Layon. Ah, je vous disais bien qu’on collait du Layon partout ! A ne pas manquer le musée de la vigne et du vin d’Anjou. avec ses beaux objets et ses surprises rigolotes pour les enfants. Saint-Aubin de Luigné, 49190 Val-du-Layon est le quartier général des grands noms du vignoble : Aguilas, Cady, Les Forges, les Terres de l’Élu, les Barres, Bellevue, la Roulerie, le Petit-Metris et d’autres. Vous n’aurez que l’embarras du choix pour faire vos emplettes.
Un petit coup d’œil à la mairie qui occupe l’ancien presbytère médiéval vous donnera des envies de vous faire élire ici. Chaudefonds/Layon, son nom provient de sa source tiède qui continue à alimenter le lavoir communal. On exploite ici le calcaire et on le transforme en chaux depuis des temps immémoriaux. Est-ce la qualité du terroir de cet Anjou noir qui permet à Patrick Baudouin de travailler le chenin sec ou moelleux avec autant de réussite ?
En contre-bas on retrouve le Layon, bordé de campings, qui a énormément grossi. Là, j’ai malheureusement confondu le cours du Louet et celui de la rivière vigneronne de part et d’autre de la spectaculaire corniche angevine, coiffée du restaurant La Corniche, au hameau de la Haie Longue.
L’arrivée à Chalonnes-sur-Loire, là où le Layon rejoint la Loire, peut se faire par le Petit train des vignes à la belle saison.
Notre itinéraire oenotouristique se termine sur la statue dite de la « Vierge aux raisins » qui attestent de la grandeur d’âme des vignerons d’ici et leur gratitude quand le ciel leur est favorable.
Jean Philippe