En écrivant ces lignes, jour de fête nationale, je vois défiler sur l’écran de télévision l’image des couples présidentiels français et américains aux côtés du chef Alain Ducasse ; ne manque-t-il pas quelqu’un ? Immédiatement, je pense au vigneron Henry Marionnet. Peut-être est-ce la photo datée de 1984 où on le voit présenter son vin à la Reine Elisabeth II, en compagnie de Jack Lang ?
Les Grands de ce monde et les plus grands connaisseurs comme Robert Parker, Hugh Johnson, Jean-Robert Pitte ou Michel Bettane ont salué la qualité des vins du Domaine de la Charmoise à Soings en Touraine, et la personnalité hors du commun du maître des lieux : Henry Marionnet.
Alors, pensez-donc, passer une heure en compagnie de ce grand monsieur, figure emblématique de la Touraine viticole qui m’a accueilli le plus aimablement, m’a conduit dans ses vignes pour toucher du doigt un cep pré-phylloxérique, ce n’était que du bonheur ! Avec son élégance des années 70, il est absolument parfait, complètement décalé. Un type long et sec, un sourire de crooner, la mèche bien plaquée, ses convictions à la boutonnière, l’œil bienveillant et rieur. Voilà comment le décrit le journaliste Nicolas de Rouyn de la RVF, un portrait auquel je souscris totalement.
Quelques repères pour saisir le fil de l’épopée Marionnet

Saviez-vous que le phylloxéra a touché 99,9% du vignoble français ? Cela veut dire que 0,1% n’a pas été touché. C’est justement dans le coin de Contres et Bracieux en Touraine que certains vignobles auraient été épargnés. Il y avait quelque chose à tenter et Henry Marionnet a pris le risque. En 1992, je plante un hectare de gamay en plan français ; la première récolte 3 ans plus tard, est au-delà de mes espérances, du coup j’augmente les surfaces. C’est la cuvée Vinifera, (vendue 16€). Attendez, ce n’est pas fini !

Elle est unique dans l’histoire de la vigne en France car elle continue à donner, c’est ma cuvée Provignage (vendue 53€).
Et les sulfites ?
Ça fait 27 ans que nous travaillons sans soufre ajouté. Evidemment, il y a des risques, comme en 90 quand le caniveau s’est régalé de vin. Depuis, on a développé une technique de mise en bouteille sous atmosphère stérile, comme dans les blocs opératoires. La cuvée Premières Vendanges, AOC gamay de Touraine vendue sur le site à 12€ la bouteille fait apparaître sur l’étiquette la mention : sans soufre. Ça change de la mention obligatoire : contient des sulfites, tellement répandue qu’on ne la lit plus.

Dépêchez-vous si vous recherchez les goûts et saveurs d’autrefois.
Enfin, il y a la vigne de Chambord, une consécration supplémentaire, peut-être la plus exceptionnelle, pour la famille Marionnet. Elle a été choisie par le directeur général du Domaine de Chambord Jean d’Haussonville pour redonner vie au vignoble originel planté par François 1er.

Les pré-réservations ouvriront prochainement et si vous êtes totalement fan de Chambord, vous pouvez adopter un pied de vigne, comme Génération Vignerons en a parlé récemment.
Non, les braves gens n’aiment pas que,
L’on suive une autre route qu’eux…
Henry Marionnet me fait penser à Georges Brassens, poète, magicien et anticonformisme, comme l’Histoire les aime.
Jean Philippe
