Les origines historiques du Château Haut-Bergey remontent au XVème siècle. Après un regroupement de terres, les seigneurs locaux de la Louvière et d’Olivier créent un nouveau fief dont le noyau est Haut-Bergey. De changement de propriétaires en changement de main, tantôt au bénéfice des conseillers du Roy puis à ceux des négociants bordelais, ce joyau connaît la valse des siècles sans que l’activité viticole principale n’en pâtisse.
Une histoire séculaire

Mais la vigne sait attendre et dans les années 1950, elle est réintroduite au domaine afin que l’activité viticole redémarre.
C’est justement à ce moment-là que le nom du Château Haut-Bergey est associé au vin.
La famille Garcin, indissociable de Haut-Bergey
L’histoire d’amour entre la famille Garcin et Haut Bergey démarre véritablement à la fin des années 90. A ce moment-là, Sylvie Garcin en fait l’acquisition associant désormais le nom de famille à la destinée du domaine. Dès son arrivée, elle impose une vision moderne et avant-gardiste : elle démarre la reconstruction complète du chai et décide d’interdire l’utilisation des herbicides afin de reprendre le travail mécanique du sol. Gros défi technique, et très peu répandu dans d’autres domaines, elle est convaincue que c’est le chemin vers une plus grande qualité de vin.

Mais à l’entrée de notre millénaire, le train de la digitalisation de ce secteur emporte tout sur son passage, de ses envies à une partie de ses revenus, lui donnant une raison supplémentaire de venir toquer à la porte du domaine familial.
Nous sommes en 2007, et le Château Haut Bergey entre dans une nouvelle ère, sans encore le savoir.
Formation sur le terrain …

Ses virées viticoles le dotent de convictions fortes basées sur les expériences réussies d’autres domaines. C’est ainsi qu’il commence à questionner les pratiques au Château familial. Seulement, les réponses techniques qui lui sont données au fur et à mesure, ne suffisent plus à le persuader que le domaine a pris la bonne direction. Il en a désormais la certitude : la culture de la vigne, la vinification et le commerce doivent être repensés, dans un seul but : créer le lien le plus fort possible entre la terre et le vin.
La philosophie de Paul
Paul sait pertinemment quelle direction prendre. Mais pour l’appliquer, il faut avoir les rênes techniques du domaine. Justement, en 2014, la question est posée d’autant que ses parents vieillissent et réfléchissent depuis quelques années à la transmission du domaine.

En 2014, Paul prend donc la direction technique du domaine et enclenche directement le changement de pratiques culturales : “on décide de passer tout le domaine en agriculture biologique et biodynamique” m’explique-t-il. C’est ainsi qu’en septembre 2015, Paul interdit à son équipe l’utilisation d’intrants chimiques dans la vigne.
Les conversions en agricultures biologique et biodynamique sont enclenchées en même temps. Ce changement radical, surtout à l’échelle d’un domaine de 43 hectares, nécessite quelques ajustements.
Nouvelle philosophie, nouveaux visages
Pour travailler une telle surface, l’implication des équipes est primordiale d’autant que le volume de travail manuel demandé est colossal. Ainsi les personnes du domaine désireuses, par conviction, de poursuivre cette nouvelle aventure sont maintenues en poste. Pour les autres, il est nécessaire de trouver de nouvelles recrues. Pour orchestrer cela, Paul recherche notamment un responsable de la partie vigne. Il me raconte alors une anecdote intéressante. Sur les 30 personnes reçues pour le poste, la même question est posée : “Qu’est ce que vous inspire la biodynamie ?” Paul se rend vite compte que la majorité des interrogés ne s’était pas sérieusement intéressée à la biodynamie. Y a du boulot !

Il ne s’agit plus de gérer de façon curative les maladies mais de réintroduire du vivant dans le sol, condition essentielle pour créer la pureté et l’équilibre qu’ils recherchent chaque année.
Une transition douloureuse

Mais cette transition est rendue difficile par des millésimes particulièrement capricieux : 2016, 2018 et 2020 apportent beaucoup de pluie alors que 2017 comme 2021 sont traversés par un gros gel réduisant les récoltes, fragilisant ainsi le modèle économique. Paul et son équipe, convaincus jusqu’à la moëlle de la justesse de leurs convictions tiennent le choc.
L’appellation observe
Pionniers au sein de l’appellation Pessac-Léognan, Paul et ses équipes font des émules. Après quelques années à observer leur travail, il se dit que certains domaines très réputés franchissent le pas de ces modes de cultures. Ils ne diront jamais sur la place publique que Haut Bergey les a convaincus, cependant le succès de cet irréductible domaine familial de passionné a sérieusement dû les aider.
Les Cuvées
Château Branon 2010 : un rouge racé, frais et toute en longueur.
Le fruit se fait encore sentir porté par un élevage délicatement intégré. Style plus traditionnel du domaine, ce vin démontre l’incroyable qualité du terroir d’où il est tiré.
Cuvée Paul 2020 : un blanc bordelais comme je les aime.
Cristallin et frais, il a ce supplément de volume qui lui donne sa structure. L’arômatique est mûr oscillant entre les agrumes, les fruits blancs et les fleurs. Un vin de grand plaisir qui ne dure pas longtemps sur une table !
Florian
Image à la Une : ©Olivier Roux