C’est un timide déconfinement pour le début des vacances en ce mois de juillet dans cette région de la rive droite de la Garonne, au cœur d’une petite appellation de la région bordelaise : l’appellation Pomerol ! Peu de voitures et un calme olympien règnent parmi les vignes qui continuent de grandir vers leur prochaine phase de maturation des raisins (la véraison) dans une actualité pourtant craintive autour du covid-19. Au loin, vous apercevez la flèche dressée de l’église pomerolaise qui plante le décor au cœur du petit village aux origines romaines.
Une appellation, petite par sa taille, grande par la qualité de son terroir
Pomerol est l’une des plus petites appellations de la région avec 0,7% de la surface du vignoble de Bordeaux (un peu plus de 800 hectares) et quelques milliers de caisses de vins rouges produites par an. Pourtant, elle n’a rien de petit dans le monde du vin puisqu’elle est depuis longtemps clamée par grands nombres d’œnophiles à tel point que la demande excède l’offre. Pomerol, contrairement à ses appellations voisines, a toujours refusé le classement de ses vins, ce qui ne l’a pas empêchée d’asseoir sa réputation, arrêt historique de nombreux pèlerins sur la route de Saint Jacques de Compostelle.
A croire que le vin riche et généreux procuré par le merlot d’ici leur redonnait une vigueur en fougue pour affronter les Pyrénées de leur parcours restant.
Château Pétrus, Château L’Eglise Clinet… des noms qui résonnent ? Arrêtons-nous cette fois au Château du Tailhas pour une visite dans les coulisses d’une histoire de famille. Vous arriverez entourés par les vignes et des noms à la renommée mondiale. Les voisins du Château du Tailhas sont entre autres, Château Cheval Blanc, Château-Figeac, Château Taillefer…
Vous voici à la frontière entre le terroir de Saint Emilion et le village de Pomerol. Les vignobles sont formés en terrasses successives descendant vers la vallée de l’Isle, au confluent de la Dordogne, délimité à l’Est par Saint Emilion et par Libourne au Sud et à l’Ouest.
Une histoire de famille derrière chaque étiquette
Parqués face à une belle bâtisse, un ancien pavillon de chasse de la fin du 19ème siècle, remanié au fil du temps, vous serez accueillis par deux frères, tous deux amoureux du terroir, de leurs vignes et de l’histoire. Luc et Jean-Baptiste ont pris la relève familiale et représentent la quatrième génération. Leurs grands-parents ont fait l’acquisition de ce domaine en 1932. Cette plante de Bacchus, la vigne, a depuis des millénaires, le pouvoir de réunir des familles de génération en génération, pour un amour de son sol et de sa capacité à en tirer le meilleur pour votre palais.
Pomerol se distingue ainsi de ses appellations voisines par son sol, son terroir ! Jean-Baptiste, qui a rejoint son frère pour se rapprocher de la nature, débute la visite par la voie « verte », la nature. Marchons un peu dans les allées de vignes située à quelques dizaines de mètres du Château. Les vignes ont en moyenne 20 à 25 ans avec une plantation assez serrée ente les pieds (6500 à 7000 pieds par hectare). Abaissez-vous pour toucher ce sol unique de cette appellation : un sol sableux, siliceux, de graves plus ou moins compactes et une couche d’argile.
Mais, ce qui rend cet endroit unique, c’est la « crasse de fer », un sous-sol composé d’oxydes de fer. Cette crasse de fer retransmet « le message » du lieu lors de la dégustation du vin : il présente des notes typiques de Pomerol comme la violette et la truffe !
Jean-Baptiste conclut la visite des vignes : « Nous travaillons en culture traditionnelle avec une approche du sol similaire à la culture biologique par un traitement raisonné. Nous sommes certifiés Terra Vitis 2016 et HVE (Haute Valeur Environnementale) depuis 2015.
Notre sol est bien filtrant et en général, notre terroir assez précoce fait que nous sommes parmi les premiers à effectuer les vendanges sur l’appellation.
Cette année, avec la météo favorable, notre raisin est très prématuré. Nous constatons une fermeture des grappes au 1er juillet alors qu’habituellement, elle se fait mi-juillet. Nous nous attendons à débuter les vendanges fin août au lieu de début septembre. Ce serait une première depuis 2003 ! »
L’œnotourisme, un moyen ludique et convivial de voyager tout en apprenant
C’est l’été, et les vacances pour beaucoup d’entre nous ! Avec le contexte actuel, il est difficile de voyager mais rien n’empêche de (re)visiter notre chère France tout en soutenant nos symboles comme les métiers du vin et de la gastronomie !
Alors, pourquoi pas s’organiser une petite visite en famille ou entre amis (avec le respect des gestes barrières bien sûr) au cœur d’un vignoble ? C’est une manière idéale d’associer une histoire derrière une étiquette, de comprendre la fabrication du vin et les origines du lieu qui confère à votre verre ces arômes si particuliers. La visite commentée d’un domaine suivie d’une dégustation deviendra un souvenir agréable. A chaque verre de vin de l’appellation, vous vous projetterez dans les lieux souvenirs de votre visite et vous vous remémorerez l’ambiance et les odeurs du domaine !
L’œnotourisme est une belle manière d’embellir vos dégustations à la maison, au restaurant ou chez les amis !
Nous poursuivons la visite des lieux par celle des chais : c’est l’endroit pivot où le raisin va se transformer sous la maîtrise de l’homme en vin !
Des cuves immenses en inox flambant neuves valent un arrêt pour imaginer les grappes fermenter trois semaines en septembre prochain.
Puis, Jean-Baptiste vous fera découvrir les cuves en béton encore utilisées aujourd’hui. Elles permettent de réguler plus facilement la température de la fermentation à 30 degrés.
Un pressoir vertical trône au milieu du chai. Les équipes assemblent ensuite le vin de presse et le vin de goutte.
« L’avantage de notre propriété est que tout est d’un seul tenant. Nous avons tout sur place, ce qui nous évite de nous disperser et de courir entre les étapes de vie d’élaboration de nos vins. Les 11 hectares de vignes font face au Château, notre chai se situe juste à côté, ce qui nous permet de suivre toutes les étapes de production une fois les vendanges réalisées.
En-dessous du Château, nous avons nos caves où vieillissent nos vins en barriques neuves ou de deux ans tout au plus. Nous achetons nos barriques chez un tonnelier de la région qui réalise une chauffe du bois moyenne pour préserver les arômes du fruit dans le vin. Le vin va ensuite vieillir 12 à 14 mois.
Nous produisons 55 000 bouteilles, dont une partie partira aux Etats-Unis, en Belgique, en Allemagne et au Royaume-Uni. » conclut Jean-Baptiste.
Les châteaux ouvrent leurs portes : venez déguster !
La visite se termine par un moment bien souvent attendu : la dégustation ! Encore un peu de patience, profitez une dernière fois de vos yeux pour apprécier la grande salle de dégustation en pierre blanche, à la cheminée imposante et à la charpente ancienne. Elle peut accueillir des groupes pour des évènements privés et/ou professionnels.
Jean-Baptiste va vous dévoiler deux belles bouteilles d’assemblage : 80% de merlot, un cépage rond et velouté qui, une fois récolté sur cette crasse de fer, va vous révéler une explosion d’arômes en bouche et au nez, 10% de cabernet Franc et 10% de cabernet sauvignon.
Le millésime 2016 est une très belle année pour Château du Tailhas avec un potentiel de garde de 5 à 20 ans ! D’une robe grenat, il présente une finesse et des tanins veloutés et enrobés. Vos narines frémiront sous des notes de mûre, de cerise griotte et le côté floral de la violette.
Vous terminez la dégustation en beauté avec le beau millésime 2010.
Déjà 10 ans pour cette bouteille qui révèle une intensité puissante au nez d’arômes tertiaires, du sous-bois et du cuir, sous des tanins fondus.
Audrey
A votre téléphone pour réserver votre prochaine visite oenotouristique !
195 Route de Saint-Émilion, 33500 Libourne – 05 57 51 26 02
Informations : www.vins-pomerol.fr
Image à la Une : Par Pascal3012 — CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=21177747