Dès que Pierre Arditi apparaît à l’affiche- toujours au sommet – j’achète, je réserve, je visionne, je souscris. Ma fidélité de ce géant du théâtre, du cinéma et de télévision est ma fierté et notre complice, le vin.
Tiens, sa chronique toujours incisive publiée dans Terre de Vins m’a fait prolonger mon abonnement : Un pomerol, un châteauneuf, de chez qui, fait par qui ? Voilà la vraie question… Donnez du Shakespeare ou du Molière à de mauvais metteurs en scène, de mauvais acteurs et vous ferez de ces génies de mauvais auteurs !
Spectateur accro
des 22 épisodes du Sang de la Vigne, la série diffusée sur France 3 de 2011 à 2017 qui rassemblait chaque samedi soir plusieurs millions de téléspectateurs, je peux vous en raconter la plupart des intrigues.
Quand l’œnologue Benjamin Lebel – le Zorro de nos vignobles – débarquait dans la cour du château au volant de son break Volvo, celui ou celle qui avait du lourd sur la conscience n’en menait pas large !
Et le gendarme local au bord de l’apoplexie, vilipendait ce monsieur qui lui piquait son boulot.
Un des leurs
L’arrivée de Pierre dans les vignobles français à l’occasion des tournages faisait plus de bruit qu’une visite ministérielle ; les gloires locales se jouaient du coude pour l’avoir à leur table.
Comme il le dit avec délicatesse : Au cours de ces 6 années, pris par ce rôle d’œnologue, sans doute, j’ai eu souvent l’impression d’être regardé par ce monde du vin comme un des leurs.
Pour ensuite livrer si humblement : je ne peux me défaire de l’idée qu’une fois redevenu simplement « un homme comme les autres » les amis bordelais ne m’effacent petit à petit de leur vie.
Un homme comme les autres Pierre Arditi ? Jamais.
Pierre philosophale
Ces réflexions sont extraites de son nouveau livre Le Goût de ma Vie (Hugo-Doc 2019).Un livre gentiment foutraque, généreux, tellement généreux qu’il en est déconcertant.
Evidemment vous suivrez Pierre dans ses rencontres vigneronnes d’anthologie – Jo Landron vigneron émerveillant en muscadet- au son des « pour le vin, pour la vie ! » qui ponctuent cette litanie jamais lassante. Un livre écrit à plusieurs mains, d’où on reconnaît très vite la prose authentique, celle qui va au-delà des fiches techniques et qui vous livre un ensemble de réflexions, –disons-le- une philosophie qui me parle intimement.
Allez, pêle-mêle : si je suis passionné par le monde du vin, je suis aussi un adversaire résolu de l’addiction et des désastres que cela provoque… lorsque les jeunes boivent le plus possible, le plus vite possible, c’est pour perdre de vue un monde qui ne leur fait pas de place.
Et de souligner le rôle « d’initiation » qui est la loi du père.
Le meilleur se trouve dans sa cave :
Je contemple ce que ce lieu contient d’histoires, de rencontres, d’émotions, de souvenirs ou d’avenirs…Ces bouteilles qui semblent dormir en attendant leur heure ont en réalité DEUX VIES : d’abord celle où elles ont été choisies, où je les découvre, où on me les fait découvrir ; en les recontemplant à la cave une « nostalgie joyeuse » m’envahit.
Et puis, il y a cette autre vie à venir dont j’ignore tout, ce que la bouteille une fois ouverte, décidera d’offrir, de provoquer ! Bonheur, éblouissement, simple plaisir ou parfois, eh oui, déception, bref….la vie.
Qui n’a pas ressenti ces sentiments mêlés en descendant dans sa propre cave ?
Et comme le dit Pierre en conclusion : Quand je vais à la cave, j’y vais seul, car à cet instant, tout ici ne parle qu’à moi.
Jean Philippe