Le Château de Paraza porte lui-même le nom de la commune où il se situe. Paraza, une paisible bourgade de moins de 700 âmes s’avoue bien située pour votre prochaine escapade oenotouristique. C’est l’endroit idéal où s’arrêter en famille, entre amis, en couple.
Escale sur le Canal du Midi
Si vous avez pris le bateau par le canal du Midi depuis Carcassonne vers Béziers, ne passez pas votre chemin sans un arrêt à ce point stratégique du Minervois. Paraza est au carrefour de deux départements, situé dans l’Aude et à la limite de l’Hérault, bordé par le célèbre canal. Marquez l’arrêt à Paraza et même aux pieds de son Château (à réserver à l’avance bien sûr).
Le Minervois, ça vous dit ?
C’est une région bien connue des œnophiles en Appellation d’Origine Contrôlée où la vigne fait partie des paysages depuis plus de deux millénaires. D’ailleurs, Minerve (aussi la déesse des métiers et artisans à l’époque romaine), à 23 kilomètres de Paraza, fut l’un des hauts lieux des temps cathares. Vous pourrez profiter tout au long des routes des hectares de vignes disposées en gradins jusqu’aux contreforts de la Montagne Noire.
Cette région plutôt calcaire offre aux vignes des pentes douces sur ses collines où elles côtoient la garrigue formant un damier coloré un peu désordonné (ce qui fait son charme). D’ailleurs les vins expriment facilement cette flore avoisinante, la garrigue, qu’elle retranscrit dans ses arômes épicés avec le temps.
Jeune, le cépage qui se plait ici, la Syrah, vous en met plein le nez avec ses fruits exubérants de cassis et violette. Avec le vieillissement, les épices, la vanille et la cannelle nuanceront votre dégustation. Les rosés exprimeront tout autant ce terroir avec une palette fruitée complexe de grenadine, fraise, mûre, cassis.
un château enchanté par l’esprit de famille
Lucile nous accueille à l’entrée de cet immense portail en fer forgé. Les portes s’ouvrent et le château fait son apparition au fond d’une immense cour affichant une belle fontaine en son centre. Son frère, Matthieu nous rejoint. Tous deux nous racontent leur histoire avant une visite des lieux.
Leurs parents, médecins, étaient basés en région parisienne. Passionnés de vins, de voyages et aussi d’histoire et de patrimoine, ils décident de changer de vie autour d’un projet familial. C’est dans le Languedoc que leur coup de cœur avec le Château de Paraza concrétise leur projet en 2005, année où ils se lancent en famille dans une aventure complexe, pleine d’apprentissage autour des premières vendanges.
Le défi à relever est tellement d’ampleur que l’esprit de famille réunit tout le monde : aujourd’hui les trois frères et sœur se serrent les coudes autour de leur mère pour magnifier le domaine. Matthieu se fait les mains dans la vigne et se plaît à tester ses techniques en tant que maître de chai, année après année.
Fervent défenseur des arômes primaires, Matthieu souhaite mettre avant tout les fruits des cépages locaux en lumière dans nos verres. On retrouve d’ailleurs ce cassis confituré et puissant dans la cuvée Velvet 2017 composée de 60% de syrah, 20% de grenache et 20% de mourvèdre.
La famille, c’est aussi des conversations, des négociations et des compromis sur les choix stratégiques du domaine. Lucile, en charge de la relation clients, de l’œnotourisme et l’évènementiel au château, amène peu à peu son frère à tester les barriques.
Nous sommes dans la cave nouvellement aménagée du bâtiment annexe au château et Matthieu nous montre ce nouveau lieu où reposent des barriques en chêne flambant neuves de 3 tonneliers. Différentes techniques de chauffe sont testées pour créer des cuvées variées en arômes.
l’école du vin à la maison
« C’est une histoire de famille ce long projet. Entre nous, on ne pensait pas que cela serait si complexe de reprendre le domaine. Nous avons appris année après année et c’est avec cet esprit familial que nous avons créé notre propre identité. » nous partage Matthieu.
Lucile réfléchit aux étiquettes, aux noms des cuvées et les présentent en famille pour trouver un consensus. Chacun trouve sa place avec des rôles complémentaires. Le troisième de la fratrie, Antoine, se consacre à la partie commerciale.
Une chose est sûre, le noyau familial a la même volonté : relever le défi de cultiver la terre, créer des vins pour procurer des plaisirs à tous moments de la vie et rénover la propriété afin de la faire partager aux visiteurs tant en chambres d’hôtes ouvertes depuis 2015 ou encore avec des évènements dans le caveau aménagé récemment ainsi qu’au cœur du magnifique parc surplombant le canal face aux Pyrénées.
Dans ce projet de restauration, d’importants travaux ont été entrepris pour rénover le domaine, notamment les vignes en priorité, la cave et les bâtiments annexes afin de poser les bases nécessaires à l’élaboration de grands vins !
Les vignes non entretenues et abîmées ont été remplacées progressivement. L’équipe familiale s’est forgé l’expérience avec ces renouvellements de parcelles disposées d’un seul tenant sur les côtés de la petite route menant à Paraza, sur un terroir appelé « Les Serres ». Les vignes ont en moyenne 30 ans et côtoient de vieilles vignes de plus de 50 ans. Ce sol argilo-calcaire de l’époque Tertiaire était déjà un lieu de prédilection des Romains.
Puis, le domaine s’équipe de nouvelles cuves, d’un nouveau pressoir, d’une cave de vieillissement et passe en agriculture raisonnée, obtenant le label Haute Valeur Environnementale (HVE). Depuis quelques années, la stratégie du domaine s’est naturellement orientée vers l’œnotourisme avec la rénovation du caveau, l’aménagement d’une salle de dégustation pour réaliser des cours d’œnologie et la création de chambres d’hôtes.
Sur les traces de Paul Riquet
Nous poursuivons notre visite dans le parc du Château, idéal pour les apéritifs, concerts et soirées d’été. Une grande serre ancienne peut être aménagée pour les réceptions, une partie du jardin aménagé en pelouse fera plaisir aux enfants pour gambader en présence d’Apache, le petit poney broutant tranquillement dans son enclos. Quant à la partie boisée, elle sera idéale pour chercher l’ombre sous la chaleur languedocienne l’été. A l’arrière, des jardins disposés en terrasses sont arborés de plantes méditerranéennes.
Jaune, orange, les couleurs se multiplient en ce début de printemps avec un petit oranger d’un côté, des rhododendrons de l’autre. Levez les yeux et vous serez émerveillés par la blancheur éternelle et lumineuse du pic du Mont Canigou au loin face à vous, le haut sommet oriental de la chaîne des Pyrénées culminant à 2 784 m. Posez-vous, écoutez le chant des oiseaux, des rangées de vignes s’offrent à vous à perte de vue jusque l’horizon, depuis le canal en contrebas.
L’histoire du domaine est riche : avant de devenir une exploitation viticole, il a connu au cours des siècles une succession d’activités comme la culture de l’olivier, des céréales ou encore de l’élevage de troupeaux d’ovins. Le point commun ? L’utilisation du Canal, moyen de transport préféré pour le trafic commercial, important à l’époque ! Sous Louis XIV, le château de Paraza a d’ailleurs servi de demeure à Pierre Paul Riquet, ingénieur qui a conçu le projet fou du canal du Midi dont l’objectif était de relier l’Atlantique à la Méditerranée, appelé à l’époque le Canal du Roy.
Dégustons la gamme au coin du feu
Une ambiance sereine hors du temps dans le château vous emmène dans une époque lointaine. Nous voici assises, après une tournée de presse féminine dans la région, aux côtés de Lucile et Matthieu.
Dans le salon où sont disposés de confortables chesterfields en cuir, nous sommes émerveillés par la générosité de l’accueil : toute la gamme des vins est là sous nos yeux, du rosé au rouge en passant par les blancs. Car oui, le Languedoc, ce n’est pas que du rouge !
Osez vous aventurer sur les rosés, reflétant ce terroir de garrigue ou encore sur ces blancs fruités. Face à nous, la vue sur les Pyrénées est imprenable et contribuera très certainement à notre appréciation des vins du domaine à déguster…
Audrey
photo à la Une : ©Paraza-René Rauschenberger