NZ#2 Marlborough Wine Tour

48 heures chrono pour découvrir le plus grand vignoble de NZ- le genre de défi qui me met en joie ! Le vignoble de Marlborough, mondialement connu, est le plus étendu avec ses 27 000 hectares, soit 75% des surfaces plantées en NZ.

Mais où se trouve-t-il ?

Au nord de l’île du Sud, juste au débouché des ferries qui font la navette avec l’île du Nord, entre Wellington et Picton. Compter 3 heures de navigation enchanteresse dans ces fameux sounds, dédale d’îles et de presqu’îles couvertes de forêts qui fascinèrent l’explorateur James Cook en 1776 lorsqu’il en fit la découverte. Il y a un Marlborough côtier connu pour ses moules et ses fruits de mer et un Marlborough viticole qui s’étend sur une vaste plaine bordée par les rivières Wairau et Awatere.

Un sol caillouteux, sableux qui ne retient pas l’eau, rendant l’irrigation obligatoire compte tenu des faibles précipitations.

En cette fin février, il fait un temps agréable, ensoleillé et venteux.

48 heures chrono

La réservation d’un hébergement via Booking étant indispensable, mon choix s’est porté sur Blenheim, un gros bourg commerçant qui a grandi trop vite au milieu du vignoble. Le B&B de Roebyna Bak s’est révélé être un excellent choix.

En descendant du train en provenance de Picton, je suis surpris de voir que la petite gare, style western s’est transformée en une Wine Station-on y reviendra.

The Tourism Information se trouve juste en face de la gare, bâtiment moderne aux murs couverts d’images attrayantes, le chemin du comptoir longe une haie de distributeurs de dépliants touristiques. Nelly me renseigne sur les activités oenotouristiques de la région. Une douzaine de compagnies propose sensiblement le même produit : visite de domaines avec dégustation en demi-journée (65 €) ou journée complète (110€).

N’étant pas motorisé, j’opte pour l’offre de Bubbly Grape, auparavant repérée sur Internet. Excellent choice, me dit Nelly, visiblement formée aux techniques de vente.

Une organisation sur des roulettes

Visite de 6 cellar doors – ces domaines qui accueillent le public. Elle téléphone, il y a de la place pour demain mardi, le minibus viendra me chercher à 10h, OK ? Nelly fait la réservation et prend ma carte bancaire pour finaliser le paiement –L’affaire a pris 5 minutes, efficacité commerciale NZ.

Vivement demain, la soirée se passe au Scotch Bar Limited en avant-goût des dégustations à venir et une belle rencontre avec Damien Yvon, du Clos Henri Bourgeois, le Français de Sancerre installé ici depuis 15 ans.

Pile à l’heure, Graham vient me chercher avec son minibus. Après quelques haltes dans les motels avoisinants, l’équipe est au complet : un couple australien, un autre Hawaïen, un autre anglais, le dernier venant du Michigan et…… le French guy.

L’aventure c’est l’aventure

Sitôt sorti de Blenheim, le paysage viticole nous submerge, morne plaine plantée de millions de pieds taillés et alignés, bordée par des petites montagnes au nord et à l’ouest. Quand je pense que dans les années 70, il n’y avait pas un plan de vigne ici, seulement une herbe rare et desséchée que broutaient les moutons !

Graham qui pilote sa petite agence avec son épouse a longtemps travaillé dans le vignoble, il en connaît toute l’histoire mais avec son sacré accent kiwi, beaucoup d’infos m’échappent. Les entrepôts autour des carrefours et les va-et-vient de camions indiquent une grosse activité industrielle.

1ère étape : Saint-Clair Family Estate, l’endroit a du charme et contribue à faire apprécier le pinot noir, chardonnay et sauvignon présentés par un jeune sommelier précis et attentionné.

2ème étape : Cloudy Bay, ah ! Une bonne surprise ! Assez fier d’être reçu chez M. Bernard Arnaud (LVMH), d’autant que le domaine a beaucoup de charme avec ses eucalyptus géants. Service impeccable, les vins sont fins et élégants, surtout le chardonnay 2015, au goût bourguignon légèrement beurré grâce au vieillissement en fût de chêne. Nous utilisons en partie les fûts du Clos des Lambrays, (propriété de LVMH) me glisse le sommelier ravi de parler français. Profitant de notre connivence, je lui demande l’autorisation de visiter les installations techniques. Refus catégorique en invoquant des raisons d’hygiène et de sécurité ; la visite touristique à Marlborough se limite à la salle de dégustation.

3ème étape : Hunter’s Wines : un domaine familial réputé d’origine écossaise ; c’est madame Hunter, veuve de monsieur, qui nous présente sa gamme. Une femme énergique qui vante bien ses vins. Mon carnet de dégustation est un peu vide, oubli ou manque d’intérêt ?

4ème étape : Brancott Estate : un domaine colossal couvrant 10 000 hectares – tiens ! j’apprends qu’il appartient à Pernod-Ricard. Le cellar door flambant neuf est situé sur un éperon rocheux en surplomb des vignes, la plus belle vue du périple. La dégustation est suivie d’un déjeuner à la carte- bon et cher- non inclus dans le tarif. Beaucoup de minibus et de voitures stationnés sur le parking, Brancott est certainement la destination la plus fréquentée de Marlborough. Dégustation habituelle de sauvignon blanc et pinot noir sans aspérité ; le riesling est intéressant avec une pointe de sucrosité à la façon du riesling mosellan.

5ème étape : Huia Vineyards : un petit domaine familial certifié Organic BioGro, vendanges manuelles, levures naturelles. L’ambiance est plutôt sympa, les sauvignons dégustés ont de la personnalité et aussi un goût végétal marqué.

L’enchaînement des dégustations a détendu l’ambiance dans le minibus ; les femmes rient, on se lâche à parler quelques mots de Français. Kevin, l’anglais de Cornouailles me raconte avec émotion sa dégustation de Montlouis au pied du château royal d’Amboise- un vin qui ressemble à son terroir, qui a la gueule de l’endroit.

6ème et dernière visite : N°1 Family Estate : quel nom pompeux pour ce domaine spécialisé dans la production d’effervescents en méthode traditionnelle. On parle ouvertement de Champagne heritage ; la cuvée Assemblé, en bouteille type Dom Pérignon, sensée reproduire l’assemblage Bollinger me met en colère ; j’hume longuement mais ne bois pas : désolé, je préfère toujours l’original à la copie. La patronne n’a pas apprécié mais mes compagnons ont compris.

L’ambiance du retour est carrément festive, genre « les Charlots à la cave ». Graham, sobre comme un chameau est cramponné à son volant tellement ça secouait à l’arrière. On s’est photographié, on a échangé nos contacts et les dames me firent la bise.

Est-ce là la magie de l’oenotourisme ?

The Marlborough Wine Station

Attention ! Idée exceptionnelle, pas besoin de noter pour vous en souvenir. La petite gare de Blenheim, au cœur du vignoble renommé de Marlborough est devenue inutile puisque les billets s’achètent maintenant en ligne.

Le bâtiment en mauvais état dépérissait, il est alors racheté par une équipe locale de passionnés de vin dont Michelle Wentworth fait partie, on voulait proposer aux visiteurs la dégustation la plus large possible des vins de Marlborough, m’explique-t-elle.

Au lieu d’une équipe de serveurs jonglant avec les bouteilles entamées, ils ont opté pour le distributeur de vin au verre de l’Italien WineEmotion. La station est ainsi équipée de 10 armoires vitrées contenant chacune 8 bouteilles.

Je laisse ma carte bancaire à Michelle qui me remet en échange une carte magnétique et me voilà parti à la découverte des fleurons du vignoble, l’occasion aussi de compléter mon excursion vigneronne de la veille : Framingham, Hans Herzog, Fromm, Wither Hills, Babish, Jackson. La machine me propose 3 type de dosage : tasting (2cl), half glass, full glass, pour un prix unitaire de 1,5 à 18€. Je privilégie le tasting avec 2 verres en main pour comparer.Incroyable expérience !

Sur le parcours, j’échange avec d’autres visiteurs, on se donne des conseils dans une jolie connivence d’amateurs. Oh là là, mon train arrive dans 10 minutes, juste le temps de manger une petite assiette de fromage offerte, de payer 28 NZD – soit moins de 20€ et de remercier Michelle.

The Wine Station a ouvert en février 2018 et ses propriétaires songent déjà à l’agrandir.

Jean Philippe

Ecrit par Jean-Philippe RAFFARD
--------------------------------------------------------------- Toujours volontaire pour une virée dans le vignoble du bout de la Loire, du bout de la France, du bout de l’Europe ou du bout du monde, là où il y a des vignerons, là où il y a du bon vin. Jean Philippe n’oublie pas sa vie antérieure en marketing-communication pour lever le voile sur le commerce du vin et l’ingéniosité des marchands.

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