Miami vice, bloody Miami

Avis aux amateurs de sensations fortes, la lecture du Bloody Miami (Robert Laffont 2013) de Tom Wolfe vous fera regretter de ne pas avoir connu le Miami des années 60.

Après la révolution de Fidel Castro, les Cubains y débarquent, des braves gens et aussi des pourris qui se castagnent avec les mafias napolitaines et calabraises pour se faire une petite place au soleil.

Guerres des gangs sur fond de booze, drogues, bimbos latinos, tripots et cadavres abandonnés aux alligators.

Un peu plus tard, c’est le couturier Gianni Versace qui est assassiné devant sa somptueuse villa d’Ocean Drive par un psychopathe qui lui, sera « suicidé » quelques jours plus tard….

 

Miami Vice, Bloody Miami, quelle est ta légende aujourd’hui ?

On parle de bacchanales dans les endroits les plus secrets de cette ville-monde, cette Gomorra des temps modernes, cette cité d’Ys, vouée à être engloutie par l’océan. En attendant, l’alcool- Wine & Spirits– tient toujours la corde, poussé par les milliards de dollars d’un immobilier sans cesse plus conquérant sur fond d’asphyxie automobile.

Cela ne décourage pas la communauté française, forte de 30 000 âmes, sensible aux charmes de la France macronienne avec des idées de retour pour les plus jeunes.

Faut pas croire que les Frenchies soient attendus les bras ouverts

Beaucoup sont arrivés ici avec leurs rêves et leurs économies et sont repartis penauds, délestés desdites économies. En revanche, pas d’idée de retour pour le millier de professionnels travaillant dans le négoce et l’importation de vins et spiritueux, selon une statistique de la French American Chamber of Commerce.

Comme l’entrepreneure Dominique Vassos, dont l’histoire rapportée par The French Morning est édifiante.

Dominique, installée depuis peu à Miami, est fascinée par le succès dingue du rosé de Provence ; elle décide alors d’importer sa propre cuvée Dominique Rosé en voyant les choses en grand ; elle fait venir un container (13 000 bouteilles), sauf qu’entretemps son distributeur US s’est volatilisé et la voilà avec ses bouteilles sur les bras. J’ai endossé le rôle de vendeuse pour aller faire du porte-à-porte car je ne pouvais plus faire marche arrière après un tel investissement. Dominique a du caractère, la voilà prête à repartir pour le millésime 2018 !

Que faut-il penser de l’affaire du Brickell City Center ?

Quelle connerie !! Voilà le commentaire le plus largement partagé.

Posons le décor : les autorités de Brickell, le quartier extravagant et futuriste de downtown Miami décide de se doter d’un projet commercial lui aussi extravagant et futuriste d’un demi-million de mètres carrés à un milliard de dollars.

Le promoteur Swire Properties basé à Hong Kong retient Bouygues International- Cocorico ! – pour réaliser l’Oasis urbaine ; un concept incroyable de canopée faite de rubans ventilés qui permet de passer de l’intérieur à l’extérieur des bâtiments sans se prendre la violente alternance de climatisation et de chaleur écrasante.

Un projet qui redéfinie le cadre de vie urbain de Miami pour les décennies à venir. Vous voyez, c’est du lourd !

Autre innovation, celle-là marketing : les promoteurs décident d’attribuer le secteur Wine&Food en un seul lot. Finie la multiplication des enseignes bas de gamme qui polluent l’environnement commercial. Près de 4000m2 répartis sur 3 niveaux ; la meilleure offre l’emportera.

Les consortiums s’activent. Côté Français, on est très confiant, avec Bouygues dans la place. Et voilà que l’espace Wine&Food est baptisé La Centrale. On commence à rêver au French Food Hall, avec nos provinces gastronomiques, nos terroirs d’exception, nos marques réputées.

 

Vlan ! C’est l’Italie qui l’emporte.

Les Français avaient sous-estimé ces Florentins, ces Vénitiens, ces Génois ou ces Napolitains qui sont loin d’être des débutants en commerce alimentaire ; les cousins italo-américains ont probablement donné un petit coup de main…. C’est la déferlante italienne sur les trois niveaux : restos, bars, cafés, marchés frais, épiceries, enoteca, agences de voyage. La Centrale pavoise aux couleurs vert-blanc-rouge.

Petite visite à l’enoteca : les quelques Bordeaux et Bourgognes présents sont confinés dans un espace luxe à prix exorbitant. Tiens, je ne savais pas que les italiens avaient inventé le rosé ! Et pour le Champagne, ils nous refont le coup du Prosecco.

Les dessous du contrat feront peut-être l’objet d’un thriller ou d’une série TV dans une vingtaine d’années, avec le talent d’un Tom Wolfe si possible.

Jean Philippe

Photo à la Une : by Daniel Christensen – Commons.wikimedia.org

Ecrit par Jean-Philippe RAFFARD
--------------------------------------------------------------- Toujours volontaire pour une virée dans le vignoble du bout de la Loire, du bout de la France, du bout de l’Europe ou du bout du monde, là où il y a des vignerons, là où il y a du bon vin. Jean Philippe n’oublie pas sa vie antérieure en marketing-communication pour lever le voile sur le commerce du vin et l’ingéniosité des marchands.
Catégories : oenotourisme , USA

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