Alors que la situation de la Chine était au plus mal, Mao Zedong lança en 1956 la campagne des 100 fleurs : laissez 100 fleurs s’épanouir. 70 ans plus tard, qui n’est pas estomaqué par la puissance de la deuxième économie mondiale ? La comparaison avec Bordeaux paraît osée mais quelque part la métaphore de la floraison des initiatives et des nouvelles idées est séduisante et surtout encourageante.
Soyez rassuré cher lecteur, on ne va pas dérouler ici les « cent fleurs » en une litanie barbante, mais juste « repiquer » les premières fleurs, celles qui nous semblent les plus prometteuses.
PLUS DE RICHES

Le pays compte désormais 7,9 millions de millionnaires. » Voilà une bonne nouvelle pour les grands crus classés.
Pour les Américains, Bordeaux reste la capitale mondiale du vin, rien de remettra en cause ce statut. Nos bordeaux font la moitié de nos références en vins étrangers, me disait Anne, la bordelaise chief tasting au TotalWine de North Miami (voir l’article). Les clients me racontent leur croisière en Atlantique avec l’escale à Bordeaux, c’est souvent le plus beau souvenir de leur vie !
Les croisières premiums connaissent un succès grandissant.

Le site Seagnature recense les dizaines d’offres proposées, preuve d’un marché très dynamique. Nos clients croisiéristes sont fidèles à Bordeaux et aux bordeaux pour la vie ! conclut Anne, pas peu fière de contribuer à la prospérité de sa ville.
NARRATIF D’ATMOSPHÈRE

Le narratif d’atmosphère autour de Bordeaux a pris un virage radicalement différent- bien plus combatif- depuis que Mathieu Doumenge, la quarantaine intrépide, a pris les commandes éditoriales de Terre de Vins (42000 abonnés, groupe Sud-Ouest) au printemps 2025 avec son collègue Yves Tesson.
Mathieu, journaliste girondin d’adoption a posé son sac à Bordeaux en 2011 où il rejoint très vite l’équipe rédactionnelle Terre de Vins.
Aussi bon à l’oral (Vino Veritas) qu’à l’écrit, il met son talent au service de « l’art de vivre et les plaisirs de la table, avec une curiosité grandissante pour le vin ». Mais pas que, car le journaliste de l’art de vivre est aussi l’auteur du grand Larousse de référence VIN/20 (2024).

On se réjouit de voir le magazine se recentrer sur son ADN bordelais, ses personnalités fascinantes, ses constellations d’assemblages et de cépages, ses vins mondialement convoités, son histoire universelle, sa capitale mondiale et ses paysages incomparables inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco.
ON ACHÈTE LES PRIMEURS
La troisième fleur ressemblerait à un tapis de jonquilles qui a envahi le sous-bois voisin au petit matin. Dring, dring le printemps est arrivé ! Le printemps de Bordeaux, ce fut la vente en primeur du millésime 2024. Un millésime d’équilibriste, un millésime de combat disent les spécialistes.

Voyez-donc, Château Margaux 2024 (100 000 bouteilles) 1er Cru Classé 1855 est proposé par Cavissima à 386,40 €. Le Figaro le note 95-97/100 et le qualifie de vin majestueux. Pour mémoire, le primeur 2023 est à 513€ et le « magnifique 2022 » est à 870€ chez Millesima. Y-a-t-il plus beau cadeau pour une année de naissance qu’une bouteille de château Margaux ?
Pour les impatientes ou les intrépides prévoir de faire un selfie en 2027 (date de livraison) sous les iconiques colonnes néo-palladiennes du château. « Et s’il n’en reste qu’un, je serais celui-là » disait déjà Victor Hugo.
PLACE AUX JEUNES
La quatrième fleur est une récompense. C’est le label 4 fleurs décerné à la Ville de Bordeaux par le Conseil National des Villes et Villages fleuris à l’automne 2024. Cette reconnaissance nationale de notre travail renforce notre volonté de préserver le patrimoine végétal tout en développant la biodiversité » précise l’adjoint au maire (source Sud-Ouest).

Pour l’édition 2025 l’accent a été mis sur la transmission et la place des jeunes avec de nombreuses écoles d’hôtellerie-restauration invitées (Ferrandi Paris, lycée Albert de Mun, lycée d’Occitanie à Toulouse, lycée de Gascogne à Talence, et d’autres), sans oublier le concours du meilleur jeune sommelier de France remporté par Louis Le Conte.
Alors que la génération Z semble se détourner du vin, quoi de plus important que de miser sur ces jeunes professionnels pour devenir influenceurs-influenceuses avec la noble ambition de faire partager le patrimoine culturel du vin.
NÉO-VIGNERONS

Je crois voir Matthieu et Laura, nos jeunes amis vignerons londoniens en balade dans les ruelles de la citadelle de Bourg sur Gironde sous les frondaisons de lilas qui masquent l’entrée de leur caveau.
Ils vont rejoindre leurs 3 hectares de vignes, objet de tous leurs soins, comme ils nous l’ont raconté dans l’article : « reprendre un vignoble bordelais abandonné ». Vont-ils presser leurs premiers raisins en 2025 ?
POURQUOI L’APPELLE-T-ON IMMORTELLE ?

Il existe depuis le 18ème siècle avec les Anglais, les Irlandais, les Flamands regroupés aux Chartrons.
Plus tard, ce sont les Corréziens- les Moueix, Janoueix, Pecresse et tant d’autres – qui descendaient la Dordogne pour s’installer autour de Libourne, à Fronsac, Pomerol ou Saint Émilion. Rappelons que l’entrepreneur c’est celui qui prend les risques avec ses deniers personnels. Il est appelé propriétaire à Bordeaux. Le mot a une connotation ambiguë car les Français imprégnés de traditions socialo-anarchistes se méfient des méchants propriétaires qui «tondent la laine sur le dos des ouvriers ».

Il en sait quelque chose ce septuagénaire qui a baladé sa haute silhouette aux 4 coins de la planète pour faire briller l’étoile des 85 grands crus classés de Saint-Émilion. Une AOC est un bien commun, nous disait-il dans l’Art du Vin en Saint-Émilion . Le propriétaire à la vision du temps long, quand il a racheté Yon-Figeac en 2005, tout était à refaire. Et en plus on a perdu le classement l’année suivante.
20 ans plus tard, tout a été reconstruit, rénové, replanté, redéployé, redynamisé, réenchanté.
PERSÉVÉRANCE ET FIDÉLITÉ

Tout comme la fidélité envers son conseiller œnologique et ami Denis Dubourdieu, puis à Christophe Ollivier son adjoint. Fidélité encore envers Christophe Massie, son architecte. Et fidélité toujours à ses principes de gestion forgés dans une vie antérieure : pas de dette (ou très peu). A l’heure où le marché des grands vins tout comme celui des terres viticoles sont en état d’apesanteur, cette situation fait des envieux sur le plateau de Saint-Émilion. L’entrepreneur a-t-il vocation à créer une dynastie ? Alain Château écarte la question. Le destin en a voulu autrement. On crée de la valeur pour Saint-Émilion, on joue collectif, et puis un moment on lèvera le pied.
LA GAGNE REVIENT

Attendez, ce n’est pas fini ! Le bouclier de Brennus (Top 14) est à portée des Bordelais s’ils parviennent à s’imposer face aux Toulousains. Quand Bordeaux redresse la tête dans le sport, la fierté revient dans les cœurs comme dans le vignoble.
Jean-Philippe
Image à la Une : crédit Ville de Bordeaux
Bonjour à vous !
Petit clin d’œil Toulousain en cette matinée marquée par les souvenirs d’une grande soirée de rugby marquée par la victoire des.. rouges et noirs…
Une très belle équipe Bordelaise qui aurait pu mais à qui il a manqué ce petit supplément d’âme.
Félicitations néanmoins à cette belle équipe, conduite par d’anciens Toulousains, qui un jour soulèvera « le bout de bois »….
Un avant propos respectueux de vos écrits que je suis assidûment mais pour lequel je m’interroge sur l’approche du renouveau de et des Bordeaux !
Certes les « Grands » sont vecteurs d’images mais c’est l’arbre qui cache la forêt et celle ci est bien malade
Le mal est ailleurs et les « fortunes » des grands n’ont pas su anticiper et s’adapter à une évolution générale des marchés où la « base » Bordelaise subit depuis trop longtemps leur dictat.
Il n’est pas une semaine où la rubrique « faits divers » relate des catastrophes économiques et humaines.
Que font les « Grands » pour inverser cette tendance ?…pas grand chose me semble-t-il, il y a et il y aura toujours des riches et même de plus en plus pour acheter leurs cuvées !
La demande s’oriente vers des vins frais, souples, de consommation jeunes….ce n’est pas L’ADN « des Grands ». Ne pas voir cette tendance, ne pas aider la base à aller dans cette direction est à mon sens une erreur grave et irrespectueuse du reste du vignoble et de ses acteurs.
Pourquoi ne pas remettre au goût du jour les » Claret » qui ont contribué à la valorisation du vignoble, certes voilà longtemps mais n’oublions pas que les cycles se renouvellent régulièrement. 8
….la force d’une équipe est tributaire de son maillon le plus faible, quel que soit l’activité, économique, sportive…
Belle continuation à vous et au plaisir de lire vos prochaines publications.