Verre en haut, verre en bas,
Plaignons qui n’en a guère,
Plaignons qui n’en a pas…
Tel est le refrain de l’hymne de la Confrérie des Fins Gousiers d’Anjou. Quelques mots sur ces confréries qu’elles soient bachiques, vineuses ou œnologiques -au nombre d’une centaine en France – elles ont pour objet la promotion des vins des régions qu’elles représentent.
On retiendra que, loin d’encourager une consommation débridée,
elles s’inscrivent dans la confluence des cultures du vin que la nouvelle Cité du vin de Bordeaux cherche à promouvoir. La Confrérie des Fins Gousiers d’Anjou est née à Paris en 1952, à l’initiative d’un groupe d’Angevins nostalgiques de leur bon vin et de leur belle contrée. Ses membres éminents regroupés autour du Grand Maître Pierre Cesbron étaient présents au Château de la Viaudière à Champ sur Layon, en ce samedi de Pentecôte pour introniser le vigneron Pierre-Antoine Giovannoni, lors du traditionnel pique-nique chez les Vignerons Indépendants.
Pierre-Antoine et Agnès son épouse sont des amis de Génération Vignerons, nous leur avons consacré l’un de nos premiers articles : un parfum d’Italie en Anjou. Alors je n’étais pas dépaysé. Evidemment, le rituel- certains diront le folklore – de l’intronisation a ce côté rabelaisien que le citadin regarde avec étonnement ; interviennent le Maître des Ceps, le Grand Epistolier, le Grand Laudateur, puis l’impétrant doit se soumettre à l’épreuve de la dégustation dans un verre à vin d’Anjou de 75cl ! Enfin le Grand Maître procède à l’intronisation à l’aide d’un antique coupe-marc.
Agnès, fille de vigneron, change la donne : Tu choisis comme épouse cette charmante personne.
Mais il te fallut réussir un test de capacités œnologiques.
Pour que mariage et succession soient validés !
Délaissant le droit, tu entames, à Montreuil-Bellay,
En viticulture et œnologie une formation spécifique.
Quelques années de formation pratique
Sous la houlette d’Olivier, t’inscrivent alors,
Dans une longue lignée de vignerons,
À La Viaudière Champ sur Layon,
Quatre enfants, venus d’Éthiopie, vous adoptez
Ils sont, chacun le sait, votre fierté.
En 2002, tu prends la gérance du domaine.
L’étymologie de Viaudière étant le latin Vitalis
Qui se traduit par « lié à la vie »,
Tu développes naturellement le label « Terra Vitis »
Avant d’intégrer en viticulture : biologie et biodynamie…
Ce discours d’intronisation prononcé par le Grand Laudateur,
Pierre Cassin, a provoqué beaucoup d’émotion. Ah ! Retrouver la rime et choisir le mot juste est un exercice peut-être désuet mais qui « impacte » fortement, comme disent les communicants d’aujourd’hui.
Alors que je m’interrogeais sur le rôle réel joué par la Confrérie des Fins Gousiers pour la promotion des vins d’Anjou, Pierre Cassin me raconta le récent voyage en Irlande d’une délégation, la brillante réception-dégustation au Claregalway Castel à Galway et les solides commandes de vins qui s’ensuivirent.
Le vigneron Pierre-Antoine Giovannoni n’oublie pas de nous rappeler son savoir-faire avec un remarquable Layon Paradisio 2009 et un Anjou blanc Pierre Blanche 2012 sorti de sa réserve personnelle qui déploie un nez signé Layon sur une rectitude en bouche très Savennières.
Nous sommes ici dans le Layon noir, mélange de schistes, d’argile et de silice, un terroir idéal pour notre chenin sec qui est planté sur des parcelles dédiées, avec une taille différente ; mais comment l’appeler : anjou blanc, layon sec ? nous dit le vigneron, par ailleurs vice-président de la fédération viticole Anjou-Saumur, président de la fédération régionale des Vignerons Indépendants (430 adhérents) et président du syndicat des Vignerons Indépendants de l’Anjou et de Saumur, Oooh n’en jetez plus !! Par ailleurs musicien à ses heures, comme Agnès le décrit : ça fait 20 ans que tu es marié avec moi et ma cave !
Jean-Philippe
Ça reste assez érotique comme chanson