Au soleil, allongé sur la plage, ne vous êtes vous jamais demandé si les vignerons partaient eux-aussi en vacances ? Nous partons 2 fois par an nous confie Sheilla Tansey du Domaine de la Gonorderie, une semaine en février et 3 semaines en aout…
Durant les vacances nous fermons uniquement la cave aux particuliers mais nous restons au Moulin et nous pouvons bricoler avoue Sylvie Plessis du Moulin de Chauvigné : Etiquetage, peintures, entretien de matériel… En fait sur un type d’exploitation comme la notre il est difficile de partir.
Pour Sébastien Coquard, vigneron dans le Beaujolais, les vignes peuvent bien attendre 8 jours !
Et pour ceux qui n’auraient pas le salarié, la famille ou le voisin pour veiller sur l’exploitation, il existe un service unique, accessible dans chaque département français : le Service de Remplacement. Curieusement ce service qui existe depuis les années 70 est bien connu mais peu utilisé. Pourtant le nombre de remplacements augmente d’année en année malgré un nombre d’exploitations en baisse !
La qualité de vie au travail fait doucement son chemin ?
Il y a une véritable démocratisation du recours au remplacement et à la gestion des absences affirme Franck Laur, directeur du Service de Remplacement France. Le vigneron ne serait plus pieds et poings liés à ses rangs de vigne ou tout simplement l’entreprise viticole deviendrait-elle une entreprise comme une autre ? Franck Laur : Nous, ce qu’on essaye de faire passer c’est que le budget du remplacement soit inscrit dans le prévisionnel de l’exploitant. Et plutôt que parler d’un coût il vaut mieux parler d’un investissement : tout le monde a droit à quelques jours de repos…
En revanche le prix n’est pas le même pour un vigneron ou un éleveur (preuve s’il en fallait que les éleveurs ne sont pas si mal lotis…). Il faut en effet justifier d’une activité du 1° janvier au 31 décembre pour bénéficier du jackpot : le crédit d’impôts, réservé aux possesseurs du code APE agricole + élevage. On comprend mieux pourquoi la durée moyenne de remplacement n’est que de 8 jours !
Heureusement la polyculture existe toujours en France,
c’est le cas de Thierry Bourgeon en Gironde je suis viticulteur et éleveur en GAEC. J’ai un code APE élevage et donc j’ai droit au congé éleveur…
Disons la vérité : la priorité du Service de Remplacement ce n’est pas de répondre aux demandes liées aux vacances. Franck Laur : Les motifs d’absence comme la maladie et l’accident voire le décès, pour nous c’est prioritaire, c’est l’urgence et on envoie quelqu’un le plus rapidement possible. Ensuite on a les congés maternité et paternité car les agriculteurs ont les mêmes droits que les salariés, puis la formation, la prise de responsabilité professionnelle, élective ou syndicale et enfin les congés de type week-end, vacances et événements familiaux…
De fait les tarifs du Service vont évoluer en fonction du motif : de 15€/j pour les congés maternité ou paternité à 148€/j plein tarif pour les vacances nous annonce Luc Pierron président du Service de Remplacement du Rhône. Les motifs électifs, syndicaux ou autres c’est 75€ la journée. Comme de son côté, l’adhérent reçoit une indemnité pour ses mandats, il n’est pas perdant à l’arrivée.
Concrètement comment ça fonctionne ?
Franck Laur : Les Services de Remplacement sont des associations loi de 1901 qui ont aussi le statut de groupement d’employeur avec derrière toute une architecture juridique particulière. Ce sont des organisations professionnelles dans le sens où elles ont été créées il y a plus de 40 ans par les agriculteurs en lien avec les organisations syndicales avec le soutien des chambres d’agriculture et le soutien de l’Etat, l’objectif étant d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs. Et pour l’utilisateur ? il faut adhérer au Service de Remplacement local. Au moins un par département. Cotisation entre 15 et 80€/an. Quelles sont les conditions ? diriger son exploitation, ne pas être salarié (sinon on bénéficie du régime des congés payés), adhérer à son service de remplacement local (cotisation entre 15 et 80€/an).
Mais qui sont les remplaçants ? Des professionnels formés exclusivement à la viti : le traitement, la taille, tous les métiers de la viti nous assure Stéphane Minguet , président du Service de Remplacement du Gers et puis aussi d’anciens viticulteurs parfois ou des propriétaires de petits domaines qui cherchent un complément de revenu sur des périodes bien précises. On fait de la formation pour tous les salariés sur la taille confirme Thierry Bourgeon du Service de Remplacement de la Gironde : on a en vignes beaucoup de femmes parce qu’elles font les tâches d’exécution toute l’année. Pour les hommes c’est un peu plus compliqué parce que s’ils savent conduire des engins ils vont sur un marché concurrent : celui des tractoristes et qui n’est pas saisonnier.
Et les jeunes dans tout ça ? On est la transition entre l’école et l’installation. Le service de Remplacement c’est la meilleure école ! nous assure Stéphane Minguet. Mais de cela nous reparlerons dans un prochain article !
François