Une dizaine de start-up présentes dans leur village pour la première édition du salon Wine Paris. Tel le concours Lépine du vin, c’est toujours amusant de découvrir qu’une bande de (pas toujours !) jeunes à l’imagination débridée a trouvé LA solution* à un problème dont vous ne soupçonniez même pas l’existence !
Allez on tente l’aventure !
direct to consumer
Vinsent souhaite fournir un accès facile à la vente en primeur en utilisant les atouts offerts par la blockchain pour suivre le contrat à terme et créer un marché où ces contrats à terme peuvent être négociés. La blockchain assurant l’authenticité des bouteilles.
Pour Gil Picovsky, co fondateur de Vinsent Grace à notre appli le vignoble peut commencer à vendre des vins à terme dès la vendange en générant des liquidités et en renforçant sa communauté. De la vente directe en somme, sécurisée, sans intermédiaire.
un coffre fort virtuel
Face au problème de la contrefaçon O°wine propose une solution originale de gravure laser de la bouteille avec une inscription de l’achat dans la blockchain. Ainsi lorsque vous achetez une bouteille d’un grand cru (on ne parle bien sûr que de ce type de vins), votre transaction est aussitôt inscrite dans la blockchain du vin. Même chose si vous la revendez quelques années plus tard.
Pour Dominique Chabot, le fondateur :Toute l’histoire de la bouteille figure ainsi dans la blockchain. Pour accéder à ces infos, vous disposez d’une appli qui scanne la gravure laser de la bouteille et vous propose aussi plein d’autres fonctionnalités. Plus simple en tous cas que la solution Advanced Track and Trace®
L’étiquette augmentée
ADWINE propose une solution d’enrichissement de l’étiquette en réalité augmentée : en faisant appel à une appli gratuite grand public déjà bien diffusée, Snappress, qui connecte les supports imprimés. Le résultat est saisissant. En présentant votre smartphone devant l’étiquette (qui ne comprend aucune mention ni aucun insert particulier) vous déclenchez l’apparition de…ce que, vous vigneron, souhaitez y faire figurer pour compléter la curiosité du chaland : une vidéo, des témoignages, une offre spéciale etc.
Pour Stefan Gendreau, le DG (WSET) C’est une alternative au QR code qui – la plupart du temps- ne fait que renvoyer au site du domaine. ADWINE offre le service et met la techno à votre disposition.
Solution sans doute moins puissante que celle de PROJECT STARS qui s’utilise à travers les réseaux sociaux. Elle était présentée sur le stand de la French Tech à Las Vegas au CES 2019. La voici dans une vidéo de la Charente Libre.
Mais où est passé l’oenotourisme ?
Compte tenu de l’engouement pour ce type de voyages on aurait pu s’attendre à découvrir plusieurs start-up sur ce créneau. Or nous n’en avons vu que deux :
A l’ancienne ! Vino Mundo ce sont des oeno-voyages sur mesure proposés par Terra Group une agence de voyage spécialisée BtoC.
Ici pas d’appli mais du conseil : pour Pierre Boyer, nous sommes les seuls en France à proposer cette formule de découverte avec une quinzaine de destinations en Europe, Afrique, Amérique du Sud et Océanie. Nous connaissons chaque vigneron chaque domaine, dont nous proposons la visite.
Geovinea semble se développer sur un marché sur lequel d’autres se sont déjà cassé les dents : celui de l’appli oenotouristique : Geovina permet à tous les amateurs de vins de géolocaliser et d’identifier l’ensemble de l’offre viticole et oenotouristique en région. L’appli permet de découvrir les lieux à ne pas rater : domaines, caves, cavistes, bars à vins, restaurants, hébergements, balades, événements…
Pour Marie Daigneaux, la start-uppeuse, la question reste de savoir à qui vendre : le vigneron lui-même ? l’Appellation ? l’Office de Tourisme ? Euh, petite question bête, qu’est-ce qu’il dit le vigneron quand il voit une palanquée de touristes se balader dans ses rangs ?
du verre au vin
Sur ce marché qui compte déjà de belles réussites (on vous en a déjà parlé dans la petite histoire du vin au verre ), voici une entreprise belge Invineo qui propose une machine un peu particulière : elle permet de servir 3 types de vin au verre à sa température idéale. Le vin est présenté sous forme de tubes de 2 litres conditionnés par la startup à partir d’une livraison en vrac. Chaque tube dispose d’un tag NFC qui permet de fournir des informations clés le volume de service, le suivi des vins, la vue permanente sur les stocks, les alertes de réassort, le chiffre d’affaires réalisé, les préférences en vin, etc.
Ambitieux, mais en business, les Belges ne sont jamais en reste…
du vin au verre
A l’opposé du tout digital, une machine plutôt sympathique : le VAV qui se présente un peu comme un huilier vinaigrier. C’est un système économique pour conserver vos bouteilles ouvertes pendant 15 jours. On débouche la bouteille de vin, on fixe le bouchon verseur sur le goulot, on le relie à la bouteille d’azote (recharge cachée dans le socle du dispositif) et puis on presse pour servir le vin.
Pas d’appli, pas de codes, on utilise la bouteille du vigneron. Ca se démonte et se passe sous l’eau. Pas de risque de panne : on se prend pas la tête.
La mignonette revisitée
Les Vinottes®, vous connaissez ? un petit flacon sympathique de 2cl en PET qui permet de conditionner 36 échantillons à partir d’une bouteille de 75cl. Utile pour lancer une nouvelle cuvée ou entretenir à peu de frais son réseau de clients. Vinovae offre une solution simple ludique et originale et bien structurée avec des propositions de packaging qui décoiffent.
Pour Tristan Destremau, l’un des cofondateurs : Vinovae s’occupe de tout, de la collecte des bouteilles au domaine, à la livraison des échantillons.
Et puis et puis…
il y a ceux qui n’avaient pas grand chose à faire dans le village start-up, je pense à Plugwine dont l’activité d’E-commerce et de logistique est aujourd’hui bien connue et ceux qui auraient pu y figurer, mon regard se tourne vers Rawell qui offre toute une gamme d’accessoires innovants. Stéphane Lavigne (ça ne s’invente pas) son dirigeant nous a présenté le petit dernier qu’il distribue : Kelvin, c’est une sorte de bracelet électronique qui surveille la température du vin et vous avertit sur votre smartphone même quand la bouteille est au réfrigérateur…
pas d’effet ouaouh
Bref, pour tout vous dire, on n’a pas trouvé l’innovation qui décoiffe celle qui nous fait s’exclamer : bravo, bien vu ! Mais où est passée la Start-up Nation ? Est-ce que le phénomène « start-up du vin » s’essouffle ? C’est ce qu’on pourrait penser quand on visite le site la Winetech qui lui est consacré : pas d’actu depuis fin 2017…Tout simplement sommes-nous arrivés à un stade de maturité où les pions sont disposés et la partie, c’est à dire la mise sur le marché, peut commencer ?
François
*Les éditions de l’Harmatan publient sur ce sujet « Start-up du vin entre vrais apports et faux semblants » de Matthieu Bach.