Virtus : en cours de latin on nous apprenait que ce mot voulait dire : âme, esprit, cœur, courage, tout à la fois.
.Je ne sais pas pourquoi mais j’ai pensé à ce mot virtus quand je suis arrivé au domaine des Huards à Cour-Cheverny, 41, propriété de la famille Gendrier, dont les vins avaient enchanté notre collègue Jean-Luc l’an passé.
Le cuvier était transformé ce jour-là en salle de dégustation pour accueillir les invités du Syndicat International des vignerons en culture bio-dynamique BIODYVIN.
Un quart de siècle pour l’asso
Plus de 70 adhérents avait fait le déplacement au cœur du Val de Loire pour l’assemblée générale qui marquait le 25ème anniversaire de l’association.
A propos, qui sont les biodynamistes en 2020 ?
Les pionniers, les fondateurs du mouvement né à la fin du siècle dernier ont laissé la place à leurs fils, leurs filles qui assument cet héritage hors du commun avec fierté et détermination.
Me viennent en mémoire les propos moqueurs, désobligeants à l’égard de leurs parents : des illuminés, des baba-cools, des adeptes de la secte anthroposophique et autres sottises….
Combien de forces négatives ont -ils vaincues pour « renforcer le lien entre le Ciel et la Terre » comme l’écrit François Bouchet et nous offrir un raisin sain, pur reflet de la typicité de son unique terroir.
Olivier Humbrecht, géant bienveillant, Master of Wine 2006 et président du Syndicat, me confirme que le combat n’est pas terminé pour autant : certains ont pu baisser les bras, d’autres pensent à renoncer quand la nature est trop ingrate. Je dis : ne fais le c…. préviens avant l’utilisation de produits interdits. Il peut y avoir un déclassement temporaire, le réseau, les amis sont là pour te soutenir.
Et si on dégustait ?
Le pinot gris 2017 Grand Cru Rangen de Thann, Clos saint-Urbain du domaine Zind-Humbrecht est un graal pour l’amateur passionné.
Acidité, salinité concentration, longueur et profondeur vous font voyager dans l’espace- des pentes à 45%- et dans le temps millénaire.
Les saintes Claires 2017 du domaine Albert Mann à Wettolsheim, un cru de pinot noir planté sur un terroir de grand cru ; un grand vin à la bouche fraîche et élégante avec un côté juteux, presque sanguin. A quand la reconnaissance officielle ?
La rencontre avec Julie De Souza des Champagnes De Souza à Avize ne s’oublie pas quand elle vous parle du travail du sol au cheval pour augmenter la qualité de ses raisins ; sa cuvée de grands crus 3A – Avize, Aÿ et Ambonnay en est la démonstration.
Le Val de Loire, la région hôte, était bien sûr en grande représentation, quelques visages et quelques noms me sont familiers : à commencer par Jocelyne et Michel Gendrier, nos hôtes, François Chidaine, Evelyne de Pontbriand, Christine et Éric Nicolas, Coralie et Damien Delecheneau, Benoit Fouassier, Thierry Michon, Thierry Germain, Benjamin Joliveau et les vignerons du pays nantais : Jo Landron, Jean-Jacques Bonnet, Rémi Branger et Jérôme Bretaudeau.
Heureux de revoir le « néo-vigneron » Louis-Jean Sylvos et son épouse Florence propriétaires du château de la Roche-en-Loire près d’Azay-le-Rideau. Depuis près de 20 ans, ils font revivre la biodiversité et l’agroforesterie sur une magnifique terre de quarante hectares dont 6 sont plantés en vigne. A trop parler, on a oublié de déguster leur vin pétillant élevé en méthode traditionnelle issu du cépage chenin.
Eddy & Mileine Oosterlinck, du domaine de la Juchepie, grandes figures du Coteau du Layon Faye proposait une dégustation « verticale » de 4 moelleux-liquoreux dosés de 50 à 210 g sur des millésimes 2011 à 2017. Bouche onctueuse d’une belle acidité délivrant mille nuances de fruits mûrs ou confits, abricot, miel et épices. Quelle gourmandise !
A l’heure où les labels et pseudo-labels explosent comme on l’a vu lors du dernier Vinocamp, il est rassurant d’avoir une « étoile du Berger » qui guide nos pas dans ce monde incertain.
Jean Philippe
image à la Une : château de Cheverny © Jean Christophe Benoist under licence creative commons Wikipedia