Porto, Bordeaux : si loin et si proches

Deux belles villes aux noms qui riment et pourtant deux facettes, deux personnalités, deux styles. Quel est donc leur point commun ? Un riche patrimoine à visiter et (re)découvrir tant pour l’architecture et l’histoire riche de ces deux villes placées stratégiquement aux portes de l’Océan Atlantique. Le trait d’union ?

Toutes deux ont connu de longues relations commerciales avec les Britanniques appréciant leurs vins : d’un côté la douceur des vins doux naturels de Porto, vieillis dans les caves humides de Vila Nova de Gaia à l’embouchure du Douro et de l’autre les vins bordelais qui seront pendant près de trois siècles destinés au marché anglais grâce au mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II, roi d’Angleterre.

Côté histoire, la signature du traité de Methuen en 1703 offre un statut privilégié au Portugal comme source d’approvisionnement en vin pour les Anglais tandis qu’en 1302, Édouard Ier d’Angleterre accorde aux marchands de Bordeaux la Grande Charte avec des avantages commerciaux très favorables au développement commercial sur le marché anglais, faisant de Bordeaux un véritable cellier de l’Angleterre au Moyen Âge.

la première appellation délimitée au monde

Deux styles, deux facettes appréciés du monde entier : du côté de la Péninsule Ibérique, les Anglais savourent tant la diversité de la palette aromatique des Portos, allant des fruits rouges du porto ruby aux notes de noix et rancio des tawny que les vins rouges tranquilles de la vallée du Douro, gorgés de soleil et de fruits mûrs.

Avec des paysages façonnés par les Romains et maintenus par les Portugais en terrasses, et plus d’une centaine de cépages, la richesse du patrimoine du Douro vous dévoile de nombreux styles de vins grâce à plus de 17 000 producteurs. 65% de la production se réalise en altitude et les plus vieilles vignes ont 110 ans, certaines pouvant aller chercher l’eau dans le sol jusqu’à 18 mètres de profondeur !

D’ailleurs, le Douro se dit fier d’être la première région viticole officielle et délimitée au monde, sous l’impulsion du marquis de Pombal en 1756. Entre 1755 et 1761, une étude topographique a enregistré tous les vignobles du Douro et une cartographie officielle couplée à un classement des vignobles de A à F; encore en vigueur aujourd’hui. 335 bornes « Feitoria », de grands blocs rectangulaires en granit, gravés sur leur face du nom Feitoria et de l’année, ont ainsi été implantés.

Les meilleures qualités de vins destinées au marché export sont produites à l’intérieur de cette zone délimitée. Faite de granit résistant au temps, contrairement au schiste tendre pourtant typique de la région du Douro, 103 blocs sont aujourd’hui encore en place et visibles lors de vos prochaines randonnées portugaises. Découvrez la gourmandise d’un panier de fruits rouges et noirs en bouche que les vins de la prestigieuse vallée du Douro peuvent vous offrir : l’assemblage de cépages locaux dont le célèbre touriga nacional et tinta roriz (l’équivalent du tempranillo espagnol) pourraient vous faire penser aux vins bordelais avec leur couleur sombre aux reflets violets. En bouche, le soleil accumulé dans les baies de raisins vous offrent des tannins de velours.

le Portugal à la maison

Pour déguster ces vins ensoleillés, profitez de la Foire aux vins et faites-vous directement livrer par le site spécialisé en vins portugais Quinta Portuguesa, qui vous propose en français une belle sélection de vins rouges du Douro (pour la plupart stockés en France), d’ailleurs présentés ainsi : Les vins rouges du Douro sont des vins singuliers, à l’image des vins de Bordeaux. Ils présentent une robe très intense, tirant sur le violet. On y retrouve notamment les vins de la Quinta do Vale Meão, un héritage familial depuis 1877 sur des terroirs uniques du schiste au granit le long du fleuve Douro.

du Clairet aux grands crus

Du côté de Bordeaux, c’est le vin ‘claret’ que les Britanniques ont commencé à apprécier. Le claret est un vin à mi-chemin entre rouge et rosé, apprécié pour la gourmandise et le croquant de son fruité. Le vignoble bordelais a hérité depuis le Moyen-Age de ce mélange unique de cépages rouges traditionnels de la région (merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc).  Les raisins rouges sont macérés dans leur jus pendant près de 48 h, soit un peu plus que le rosé pour obtenir cette couleur rosée sombre.

Cette appellation Clairet permet à la fois d’offrir les arômes de fruits rouges et la matière d’un vin rouge sans la lourdeur des tannins et une souplesse en bouche qui en font un vin rafraîchissant tel un rosé, plébiscité en été, lors des apéritifs et barbecues. Il peut donc se consommer à une température plus fraîche que les vins rouges, autour de 11/12°C pour apprécier sa légèreté tant recherchée l’été tout en savourant son côté gouleyant en bouche.

Depuis, Bordeaux s’est diversifié, offrant une grande variétés de styles de vins pour tous les palais avec ses 65 appellations : du vin blanc frais et fruité de l’Entre-deux-mers pour accompagner plateaux de fruits de mer et fromages frais aux vins rouges veloutés et gourmands de la rive droite et vins charnus du Médoc. N’oublions pas la version sucrée avec les liquoreux plébiscités depuis des siècles, pour des accords insolites avec les desserts ou encore les fromages à pâte persillée comme le célèbre stilton. Et si vous revisitiez ces deux villes par la dégustation ?

accord mets-vins garanti

Rendez-vous sur la vinothèque de Bordeaux et leur Foire aux vins pour découvrir quelques cuvées comme le Clairet à la jolie couleur grenadine du Château Thieuley, un domaine familial depuis 1950 qui a su maintenir dans sa gamme de vins ce style de vin à mi-chemin entre rouge et rosé, offrant un nez gourmand de fraises et de groseilles fraiches, à moins de 10 euros.

Pour les contrastes sucrés/salés à table, poursuivez le plaisir des Bordeaux blancs liquoreux tant plébiscités par les commerçants et navigateurs hollandais lors de leurs échanges avec Bordeaux au Moyen-Age en optant pour une des nombreuses appellations de la région comme la cuvée « Sweet Bordeaux by Château Fayau » à moins de 10 euros sur la vinothèque de Bordeaux.

Acheté en 1825 par la famille Medeville, le Château Fayau vous offre par cet assemblage de 30% sauvignon blanc et 70% sémillon, un Premières Côtes de Bordeaux à la robe jaune argenté, un nez expressif de zestes d’agrumes mêlés à de l’abricot frais sur une bouche fraîche et aussi veloutée. N’hésitez pas à laisser la bouteille sur la table pour le plateau de fromages, notamment les pâtes persillées mais aussi aussi pour accompagner le dessert comme une tarte à l’abricot !

Audrey

Image à la Une : crédit TAP, Monomondo

Ecrit par Audrey DELBARRE
--------------------------------------------------------------- Passionnée par l’écriture, Audrey est une amatrice de vin joviale et enthousiaste, guidée par la richesse du contact humain ! C’est à l’Académie du vin du Cap en Afrique du Sud qu’elle affine ses connaissances dans les vins puis développe son inspiration à partir de ses rencontres et voyages dans les vignobles du monde.... Titulaire du diplôme WSET 3, elle se consacre à l’organisation de séminaires et formations sur le développement des sens et des émotions grâce à l'œnologie.
Catégories : France , oenotourisme , Portugal

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