A mi-chemin entre Le Mans et Tours, le long de la vallée du Loir, se découvre sur des pentes plutôt raides un paysage viticole plein de charme où s’égrènent un chapelet de villages aux noms évocateurs : Chahaignes, Lhomme, Marcon, Poncé sur le Loir, Ruillé sur Loir, Montabon, terroirs des AOC Jasnières et Coteaux-du-Loir.
Je suis arrivé par la Chartre sur le Loir,
la porte d’entrée du vignoble : maisons de tuffeau blotties les unes aux autres, l’hôtel de France, joliment vintage, repris par un anglais ancien pilote des 24h du Mans et le bar de la place : le Jasnières. Sa vitrine est une invitation à la dégustation, alors on entre et on rencontre Catherine : « C’est mon père qui a ouvert ici, puis j’ai pris la suite après l’école hôtelière et suis heureuse de faire connaître nos vins de la Vallée du Loir. Vous savez, c’est une toute petite appellation, 85 hectares dont 50 plantés en chenin. On compte une vingtaine de vignerons, alors tout le monde ici se serre les coudes pour faire apprécier les vins de notre vallée. »
Puis Catherine entre en action :
4 verres d’AOC Jasnières, sont posés sur le comptoir, du plus sec au demi-sec accompagnés de tartines de rillette fabriquée par le voisin charcutier.
La dégustation débute par la Cuvée du Silex de Pascal Janvier, bien minérale, elle n’est pas sans rappeler le Savennières.
Un cran plus rond, le Tradition du domaine des Gauletteries, « un sec tendre » comme dit Catherine.
Et c’est au tour de Prémices du domaine de Bellivière, le porte-drapeau de l’appellation ; un vignoble cultivé en biodynamie glorifié par le guide Bettane&Desseauve 2014 qui lui attribue la note 3 Domaines : Éric Nicolas tire les vins de la Sarthe vers le sommet. Cet as du chenin est revenu à la sélection massale de ses multiples parcelles, et la conduite des 13 hectares de son vignoble se révèle irréprochable de millésime en millésime. Les vinifications sont exemplaires, et les cuvées traduisent au plus juste la marque de leur terroir : les Coteaux-du-loir ont une belle assise et les Jasnières une profondeur et un raffinement uniques pour le secteur….
Pour terminer par la note demi-sec, joliment fruitée, souple, presque moelleuse de la cuvée Louis des Vins Philippe Sevault.
Vous ne pouvez pas partir sans avoir dégusté un pineau d’Aunis !
Evidemment ; d’autant que le pineau d’Aunis aussi appelé chenin noir est un cépage historique presqu’oublié aujourd’hui.
La Guinguette du domaine de la Roche Bleue, en conversion bio, m’a fait forte impression.
Une incroyable fraicheur, une robe légère sur des notes poivrées avec des arômes de petits fruits rouges. On sert ici ce rouge léger comme un Jasnières, à 12-14°, accompagné comme il se doit de la meilleure rillette sarthoise étalée sur du pain de campagne toasté. Divin !
Jean-Philippe