trop de bio tue le bio ?

Le marché alimentaire du bio marque le pas, après des années de croissance.  « Les produits bio ont fini l’année 2021 sur une baisse en valeur dans les grandes surfaces de 3,6 % comparée à 2020″ constate Emily Mayer directrice des études à l’institut IRI.

Les enseignes et les grandes surfaces semblent les plus touchées : entre -2 et -10% en 2021, après une décennie de hausse. « Tout notre système s’était mobilisé pour répondre à cette demande en forte augmentation. On était sur un train de +15% de consommation avant le Covid, et là, on est plutôt sur -15% », commente Carole Fouque, gérante d’un magasin Biocoop en Saone et Loire et citée par FranceTVInfo.

concurrence déloyale ?

Les raisons de ce désamour sont multiples. Mais l’Agence Bio, pointe en particulier « la concurrence d’autres labels ou allégations commerciales captant la confiance des consommateurs, et le soutien insuffisant des pouvoirs publics -parfois au contraire impliqués dans la promotion de formes d’agro-écologie moins exigeantes. » Suivez mon regard…

Il est vrai qu’aujourd’hui, après la réforme de la PAC, les producteurs bio qui étaient déjà peu aidés par l’Etat, vont devoir partager les subventions de l’éco-régime avec les exploitants certifiés HVE.

Or les contraintes du nouveau cahier des charges HVE restent plus légères. Par exemple : «  Les agriculteurs peuvent faire certifier leurs exploitations même si ils ont recours à des pesticides de synthèse dangereux pour la santé et l’environnement… Pas de perte de points en cas d’utilisation de CMR 2, d’insecticides de type néonicotinoïdes, de polluants des eaux…de produits persistants et bioaccumulables etc », a réagi l’ONG Générations Futures cité par Réussir.

Ajoutez à cela la suppression de L’Aide au maintien qui prenait le relais de l’Aide à la conversion, les producteurs bio ont aujourd’hui de quoi se sentir bien seul…

instant cocorico

Pourtant, à ce jour,  le vin bio semble tirer son épingle du jeu : un marché au taux de croissance annuel moyen de 13% en valeur sur la période 2012-2020. Avec une progression des surfaces multipliées par deux en 5 ans, la France est devenue en peu de temps la première puissance de vin bio au monde !

En 2021 tous les indicateurs sont en progression jusqu’aux démarrages de conversion qui ont bondi de 23% en un an, « ce qui laisse augurer une augmentation quasi mécanique des surfaces en production mais aussi des ventes, d’une part parce que ces nouveaux volumes remplaceront sur les marchés des volumes conventionnels, d’autre part parce que certains opérateurs ne disposaient pas, jusqu’alors des volumes suffisants pour attaquer certains marchés, notamment à l’export » nous annonce Millésime Bio.

Quels sont les départements à la manoeuvre ?

Quels sont les départements les plus moteurs dans cette affaire ? Un peu tout le monde et contrairement aux idées reçues ce sont les Bordelais qui affichent les meilleurs scores en surfaces bio. Sans doute pour rattraper le temps perdu et tenter d'accéder à de nouveaux marchés.

Et si vous vous demandez quelles sont les parcelles en bio dans votre région, allez faire un tour sur la carte interactive mise en ligne par l'Agence Bio tout récemment :  elle permet de visualiser les parcelles cultivées en bio selon les cultures.

Jouez des filtres : choisissez la culture, dans le choix viti prenez le raisin de cuve et désélectionnez les autres.

Supprimez les couches Google et vous aurez le résultat à l'échelle de votre commune.

Amis vignerons bio vous allez retrouver vos parcelles ! Attention il ne s'agit que des parcelles déclarées à la PAC !

plus de producteurs pour plus de concurrence ?

Peut-il à terme y avoir une inversion de l’offre et de la demande ? Et que les cours du bio fléchissent face à un marché saturé ? C’est déjà le constat fait par le directeur des Vignerons de Montfrin dans le Gard : le marché du bio en vrac est très ralenti, car il y a d’avantage d’offres que de demandes et la consommation baisse déclarait Pascal Rodriguez à La Vigne en novembre 2022.

Ça c’est pour le vrac. En revanche pour les domaines qui commercialisent leurs vins bio en bouteilles la situation est différente. Et c’est l’histoire qui veut ça. Il y a 30 ans, aidés par l’Europe, lorsque les vignerons ont cherché à vendre leurs vins bio, ils n’ont pas trouvé de filière pour ça. Ils se sont vite rendu compte que la meilleure façon de vendre leur production c’était la vente directe. Puis en complément ils ont développé un circuit cavistes et restaurateurs. Et les volumes aidant ils sont allé directement chercher les marchés à l’export.

savoir vendre

La particularité du vigneron bio c’est de développer son autonomie commerciale. et c’est sans doute la clé de son équilibre et de sa pérennité suggère Alice Luisi d’Interbio Aquitaine.

Et là, à l’export, il y a une sérieuse marge de progrès : en France 42% du volume des vins bio part à l’export contre 80% des volumes italiens et espagnols. Une belle part du marché bio mondial à conquérir !

François

NB : Les données de cet article sont tirées de deux événements : la présentation de l’enquête Millésime Bio-CSA pour le vin commandée par l’Agence Bio ainsi qu’une conférence sur les Actualités économiques de la filière vin Bio donnée lors du salon Vinitech-Sifel par Interbio Nouvelle Aquitaine et les Vignerons bio de la Nouvelle Aquitaine.

Ecrit par Francois SAIAS
--------------------------------------------------------------- Scénariste, réalisateur, documentariste pendant de nombreuses années, François a gardé la curiosité de son premier métier et s'est investi depuis dans le monde du vin, ses rouages, son organisation, ses modes de fonctionnement.
Catégories : le métier

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