Le contexte de confinement actuel qui touche plus d’un tiers de la population mondiale nous amène à faire une pause sur le rythme effréné de notre quotidien. Pourquoi ne pas saisir cet arrêt sur image comme une opportunité de réflexion sur nos comportements dans la vie de tous les jours ? Instinct ou intuition, nous faisons constamment des choix, plus ou moins en conscience. Mais, avons-nous réellement creusé les raisons profondes derrière nos choix ? Découvrez un exemple d’analyse rétrospective sur les raisons d’un choix mené au restaurant avant notre confinement…
Notre cerveau est guidé à 95% par notre inconscient. Cela veut dire que seulement 5% mène consciemment nos faits et gestes. Le reste est devenu une habitude, en mode autopilote, à force de répétition ou par le simple fait d’avoir été conditionné à cette action.

Ce soir, je me retrouve là dans un restaurant à la décoration raffinée avec les patines blanches des meubles et aux murs rejointoyés de blocs de granit, situé à l’autre bout du pont de Ponte de Lima, au Portugal.
Le serveur me tend la carte des vins que je m’apprête à lire avec délectation.
La liste est longue, très longue.
Le Portugal, une longue liste de vins au menu

D’ailleurs, c’est un des pays avec le plus grand nombre de cépages en Europe : officiellement, 250 cépages sont recensés mais un grand nombre de cépages indigènes ne sont pas reconnus voire même méconnus des scientifiques.
Même la France et l’Italie ne peuvent rivaliser en ce qui concerne la variabilité naturelle de chaque espèce de vigne tant les différences génétiques au sein de chaque variété apportent des saveurs uniques aux vins portugais.
Alors face à cette carte de nombreux vins portugais que j’ai tous envie de déguster, la question ultime se pose à moi : lequel choisir ? Et là, mon inconscient prend le dessus. Je choisis le vin de la vallée du Douro produit par la Quinta da Pacheca. Pourquoi ?
Faire un choix : une référence à un souvenir, une émotion

Face à Peso Da Regua, la Quinta Da Pacheca est disposée sur 51 hectares avec des parcelles de vignes ayant jusqu’à 65 ans.
L’article vante le fait que l’on peut séjourner dans une des ravissantes chambres à la décoration à la fois classique portugaise alliée à tout le confort moderne ou encore dans les immenses tonneaux portugais, ou les foudres que l’on connait en France, aménagés en chambres luxueuses.

Fascinée par cet article, j’ai même décidé d’y séjourner quelques jours, intriguée par l’originalité des logements dans des barriques.
Souvenir d’une visite dans une propriété portugaise

Malgré des étés extrêmement chauds dans l’arrière-pays de Porto, l’irrigation n’est pas autorisée, sauf sur demande d’un permis spécifique. Les vignes doivent donc aller chercher en profondeur l’eau avec des racines allant jusque 6 mètres en profondeur. Le plus vieux bâtiment du domaine date de 1738.

La maison des propriétaires se situe dans une autre grande bâtisse majestueuse et traditionnelle à proximité de la chapelle.
A ses côtés, tout passant peut admirer les belles voitures de collection du propriétaire.

La maison produit également une huile d’olive médaillée dans le monde avec ses 600 oliviers. Ici, la presse des grappes de raisin est encore traditionnelle.
Chaque année, les vendanges se font en musique et les grappes sont foulées à pieds nus selon la tradition dans des bacs en granit appelés lagares de granito. Il faut compter une personne par tonne de grappes foulées. La densité reste autour de 3000 à 3500 vignes par hectare. Dans cette quinta, les vins rouges sont fermentés pendant 9 à 10 jours tandis que pour les Portos la fermentation est stoppée après 2 à 3 jours par l’ajout d’alcool neutre.
Le succès du Porto à l’étranger

Un Porto Vintage est produit à partir de grappes d’une seule et même année et se développe en maturité en bouteille tandis que le Tawny ne vieillit pas en bouteille. Ainsi, un Vintage se consommera comme le vin quelques jours après ouverture alors que le Tawny pourra se conserver quelques mois.
Au cœur des propriétés viticoles portugaises, appelées Quintas, il est plaisant d’écouter les chants matinaux des oiseaux, sentir la légère fraicheur sortir de terre avant un soleil de plomb, d’apprécier les vignes, les feuilles, les odeurs des eucalyptus sur les chemins éloignés tout en gardant une vue sur le fleuve du Douro, un fleuve si paisible sur lequel peu de bateaux passent à l’aube.
Raviver ses 5 sens autour d’un souvenir oenologique
Cette lecture dans un article de magazine et ce séjour ont créé ainsi une expérience mémorable des lieux de cette quinta en moi. Cette mémoire est ainsi ancrée en moi, guidant mes choix de manière positive. C’est pourquoi mon choix s’est tout naturellement orienté sur ce vin rouge du Douro, Quinta da Pacheca Superior, un millésime 2017.

Je ferme les yeux, je m’imagine sur la propriété en cette année 2017, année pleine de soleil produisant des vins sublimes, bref une année exceptionnelle.
Je sens la rondeur des petits fruits rouges et noirs, voire même compotés. Le soleil est si fort qu’il a bien fait monter en alcool ce doux nectar. 14% d’alcool est affiché à l’arrière de la bouteille.
En bouche, la douceur des petits fruits des bois se poursuit avec un velouté de tanins et quelques notes épicées.
Nous accompagnons ce vin d’une spécialité locale : le bacalhau com broa, de la morue rôtie au four avec une chapelure de maïs, des oignons et pommes de terre.
Ce soir, nos papilles sont émerveillées : voilà un nouveau souvenir vécu comme une expérience mémorable qui s’ajoutera dans mon inconscient lors de mes futurs choix de vins à table.
Lorsque j’évoquerai le nom de ce domaine viticole, la réminiscence des images de ces moments vécus apportera certainement un petit sourire sur mon visage, synonyme de plaisir !
Et vous, quel sera votre choix ?
Audrey
