Le prix des vignes édition 2019

(ATTENTION ! il existe une version plus récente : le prix des vignes édition 2024)

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A vendre : domaine viticole. Sans rendre d’oracle, c’est une annonce que l’on risque de rencontrer souvent ces prochaines années car les départs à la retraite des viticulteurs s’annoncent nombreux. C’est d’ailleurs un phénomène général à toute l’agriculture française, voire européenne. Un agriculteur sur trois d’ici trois ans !

L’offre risque donc de devenir abondante et peut peser sur le prix des vignes.

Sauf qu’en embuscade se trouvent les professionnels du négoce et aussi les coopératives qui ont besoin de sécuriser leurs approvisionnements. Pour elles c’est une question de survie comme nous l’avions déjà évoqué dans ce précédent article. Donc attendons nous à ce que ces prix soient chahutés dans de nombreuses régions.

Alors où s’installer ?

Comme tous les ans, la SAFER publie en partenariat avec le Ministère de l’Agriculture les chiffres clés des marchés fonciers ruraux*.

L’étude est très complète et analyse le marché sous tous ses aspects : volume des transactions, surfaces échangées, marché par bassin viticole, marché par type d’acquéreurs…

La version complète est en vente au prix de 30€ ici sur le site de la SAFER. On peut se demander d’ailleurs pourquoi ces infos ne sont pas accessibles gratuitement quand on voit qu’on peut connaître le prix des transactions des maisons de ses voisins tout simplement en passant par son espace perso sur impots.gouv.fr, onglet données publiques. On ne vous a rien dit…

Bref, si vous avez un projet d’installation, on vous encourage vivement à vous la procurer : c’est une mine d’informations (ndlr : Génération Vignerons n’est pas actionnaire de la SAFER).

Allez ! on vous en donne les grandes lignes.

Un repère ? le prix moyen des vignes AOP est de 147.300€/ha…

En hausse de 2,4%. A noter que si l’on exclut la Champagne de ce prix moyen, on obtient une hausse de 4,5% (+0,6% seulement pour les vignes champenoises). Mais ce n’est qu’une moyenne ! Et au niveau national encore, forcément tirée par les ventes les plus élevées. Donc ça ne veut pas dire grand chose…Démonstration : regardons plutôt certaines régions où les écarts entre appellation sont impressionnants :

Même progression mais sans jouer dans la même cour !

Les deux appellations progressent mais pour des raisons carrément différentes : un marché dynamique à Blaye en raison de la pyramide des âges des vendeurs, l’intérêt des investisseurs français et étrangers. A Pauillac en raison de la rareté des terres où, fait unique en Gironde, l’urbanisation recule au profit de la vigne : on voit régulièrement des maisons des années 70 avec terrain se vendre à des crus classés dans l’unique objectif de les détruire et de replanter de la vigne !

Un petit détail qui fait la différence…

Autre exemple, en Beaujolais le marché est très actif avec plus de 200 ha échangés. Et pourtant le prix des Beaujolais Villages décroche car les parcelles à la vente se trouvent parfois dans des secteurs de pente non mécanisables et sur des sols le plus souvent granitiques ne permettant pas de replantation en cépage blanc (chardonnay).

Quand il y a du monde sur le coup (ou pas)…

Explication : en Faugères la demande se raréfie alors que l’offre est plus abondante (pyramide des âges) tandis qu’en Pic Saint-Loup la demande est soutenue. Cette appellation fait partie des secteurs à notoriété grandissante fortement recherchés par les porteurs de projets non agricoles, les négociants en vin mais aussi par les viticulteurs locaux ou d’autres régions viticoles.

Allez on vous donne encore un exemple qui interpelle :

AOP ou pas, peu importe : c’est la surface qui compte…

Des vins sans IG dont le prix des vignes est le même que celui d’une appellation du même bassin ? Oui car dans le Var la demande à l’export des rosés de Provence est croissante ; vignerons et coopératives s’organisent pour satisfaire les besoins du marché.

vous rêvez d’acheter votre domaine mais…

Comme on le voit le prix moyen national n’a pas grand chose à voir avec ces quatre exemples. Il n’est pas très significatif. Du coup on a eu envie d’explorer pour vous des vignes à 8000/ha et moins. Voilà ce qu’on a trouvé.

Attention ça ne veut pas forcément dire que ce sont de bonnes affaires et qu’il faut s’y installer ! Il y a des tas d’autres paramètres  à prendre en compte, par exemple il y a-t’il des bâtiments, dans quel état, peut-on s’y loger, quelles sont les plantations possibles, et la mécanisation ou même le recours à la traction animale ? sera-t’il possible à terme d’étendre son domaine…

Ce qu’il faut retenir dans la plupart des cas : Ces prix à l’hectare ne sont pas des prix abstraits définis par des analystes du CAC40. Les échanges sont tangibles, on veut dire par là que derrière la plupart des 8750 transactions effectuées en 2018, il y a des fins de carrière, des transmissions, des agrandissements, bref des histoires de femmes et d’hommes et des tranches de vie.

Et si au passage il y a des prises de bénéfices, tant mieux.

François

*Petite précision : quand on parle des prix 2019, bien entendu c’est en faisant référence à ceux pratiqués en 2018. En réalité présenter le prix des vignes 2019 n’a d’intérêt qu’en le mettant en perspective avec celui des années précédentes et en les éclairant avec les événements à venir dont on vient de parler.