Terrasses du Larzac, le match !
En dégustation le Domaine D’Aupilhac contre Mas Cal Demoura Nova.
A la manoeuvre, le tout Génération Vignerons réuni en congrès à Noirmoutier pour cette dégust. inattendue.
Non, nous on ne résiste pas !
Jean-Luc : Alors mes amis qu’en pensez-vous ? J’ai été séduit par la fraicheur, le fruit et les épices des vins du secteur.
Jean-Philippe : Le territoire du Languedoc Roussillon c’est le plus grand territoire viticole de France. Là on est quoi : grenache et carignan ? C’est très, très joli !
JL : Mas Cal Demoura Nova sur la cuvée Les Cambariolles 2015, vin bio en biodynamie. L’esprit du Larzac est là, en langue d’Oc « Cal Demoura » veut dire « On résiste ». Le vin reste en bouche il y a de la charpente, il s’exprime bien pour nos palais habitués aux vins de Loire. On est à 13,5 degrés d’alcool.
François : Il conserve une certaine légèreté, il n’y a pas de lourdeur par rapport aux côtes du Rhône méridionaux.
JL : Syrah, mourvèdre, carignan, grenache. Ces vignerons font des efforts de parcellisation, afin de mieux tirer parti des caractéristiques du terroir. Les meilleurs se sont extraits de la coopérative. Ils ont su casser la tradition. Les résultats sont là !
JP : C’est le talent de l’assembleur ! Les cépages sont ramassés à des dates différentes. C’est plus coûteux et ça prend plus de temps.
F : Bouche sur un jus fruités avec une belle acidité rafraichissante, salivante. Des notes de réglisses, épices amères, délicats en finale. Une nuance de minéralité, belle longueur.
Nouveaux vignerons, nouvelles méthodes !
JP : Tu as la date de leur installation ? Il me semble que le mouvement des néo-ruraux ça remonte entre 2003 et 2005, tu me confirmes ?
F : Et cela correspondait aussi à une période de gros licenciements dans les entreprises…
JP : Ah oui. Genre des grosses boites informatiques, certains partaient avec de gros chéquos….
JL : Oui en 2002, ces nouveaux vignerons venaient de la finance conseil, d’une grande entreprise parisienne qu’ils ont quittée vers 30 ans. Ils ont transformé le chai, construit une cave et un espace de dégustation moderne. Vincent Goumard et son épouse n’étaient pas issu du sérail.
Sur Les Terrasses on est près de Montpellier, 40 minutes par l’autoroute A750. Terroirs de Montpeyroux versus Jonquière, les relations sont un peu tendues. Jonquières a déjà obtenu l’appellation terrasses du Larzac. Montpeyroux cherche à obtenir une AOP qui leur soit propre…
F : Les deux vins arborent une belle vivacité expressive sans forcer sur la teneur en alcool.
JP : Alors là déjà le nez est plus marqué… j’ai un cornichon dans la bouche, hihihi, là ça plante l’affaire.
F : C’est LE piège et tu es tombé dedans. Prends vite un morceau de pain, tu t’es fait avoir !
JL : Aupilhac est aussi situé sur les Terrasses mais en AOP Coteaux du Languedoc – Montpeyroux Il y a du relief avec des petits coteaux qui ressemblent à des talus, des petits ruisseaux et des vignobles de petites tailles.
Un paysage dans un verre
JP : Ce qui est quand même particulier c’est la fraicheur pour un Languedoc. Il y a énormément de choses au nez. J’aime beaucoup. Et là j’ai un peu l’image d’une garrigue.
JL : Pour la cuvée La Truffière il faudrait attendre. Cambariolles est déjà séduisant. On peut boire ces deux vins sur le fruit, ou les attendre 5 à 6 ans ! On a un nez puissant sur les épices, musc, fruits noirs cassis, oranges sanguines acides, cerise, herbes aromatiques grillées, romarin. Ce qui m’a plu chez ces deux vignerons c’est qu’ils avaient une vraie démarche. Ils n’étaient plus dans une ligne ancestrale.
F : Complexité aromatique, sans la lourdeur des côtes du Rhône sud, je me répète.
JL : On dit souvent tapenade. Certains fruits très mûrs, figue, cerises, cassis Les deux domaines sont très bien notés dans la Revue des Vins de France, Parker ou Bettanes et Dessauve ….
JP : J’ai l’image d’une terre, un peu caillouteuse, de petits bosquets d’arbustes méridionaux.
JL : Robe soutenue, trouble, qui donne l’impression de vin non filtré Je trouve le nez un peu fermé en premier lieu, le bouquet devient plus charnu et expressif avec le temps. Le secret de Sylvain Fadat ?
F : Mourvèdre, carignan, syrah, grenache et cinsault sont bien choisis.
JP : Il y a beaucoup de choses au nez… Le Thym, sarriette et en bouche ça reste vachement frais, hein ? C’est mon préféré.
Un sujet qui fâche
JP : Chez un bon caviste à Nantes, on va être en dessous de 20 euros ?
JL : Non. On est au-dessus de 20. Au domaine aussi. Il n’y a pas une grande différence. Dommage. Avec ces vins là on sort de notre région. La Loire.
Je trouve que la météo pluvieuse est merveilleuse pour boire ce genre de vin. Il ne fait pas trop chaud.
JP : Et paradoxalement tu as envie de boire du soleil lorsqu’il fait un temps pourri !
F : Retrouver le sucre et retrouver le fruit !
JL : Tiens… ? Je retrouve les verres vides et la bouteille des Combariolles a son niveau légèrement plus bas que Les Truffières, pourtant capable de vieillir plusieurs années en cave et prendre des effluves de truffes sur ce terroir argilo-calcaire. Dois-je en déduire une préférence ?
Dégustation François, Jean-Philippe, Jean-Luc