Les vignes seraient malades à 97% selon la Revue des Vins de France. Bigre ! Ça donne froid dans le dos. Une statistique non vérifiable issue de l’interview de Lilian Bérillon, pépiniériste non conventionnel, à propos de son livre co-écrit avec Laure Gasparotto : Le jour où il n’y aura plus de vigne (Grasset) dont Génération Vignerons a publié une critique.
Des médias qui jouent leur rôle de lanceurs d’alerte, rien de plus normal. Derrière l’écume et le sensationnalisme, il y a une réalité, un malaise qui touchent toute la filière et particulièrement les pépiniéristes montrés du doigt comme s’ils étaient à l’origine de tous les maux.
Une vigne malade peut-elle produire un bon vin ?
Pour l’instant, c’est le silence mais il y a forcément une suspicion. Normalement, vous ne serez pas exposé à manger un animal malade car les contrôles sanitaires sont drastiques. Bien sûr on ne croque pas les pieds de vigne mais on boit son fruit fermenté, ce qui n’est pas très loin.
Alors, comment fait-on ? On arrache tout ?

L’étau se resserre autour des pépiniéristes. Les boutures qu’ils font naître sont-elles de bonne qualité ? Les greffés soudés sont-ils assez résistants ? Livrent-ils des produits sains aux vignerons ? La rencontre avec Frantz Mercier fut édifiante. Il dirige avec ses frères Mercier Pépiniériste Viticole Expert, leader européen installé à Vix en Vendée depuis 1890.
L’un des fleurons industriels de la Vendée entreprenante.

Frantz Mercier dirige les vignobles Mercier : 60ha, 300 000 bouteilles/an en AOC Fiefs Vendéens et IGP, des vins qualitatifs qui bénéficient des avancées culturales du Groupe comme le fait de travailler et d’assembler une trentaine de cépages différents.
Je retiens de notre échange que la maison Mercier s’apparente à un laboratoire pharmaceutique. La culture scientifique autour de l’expérimentation, les liens avec les organismes nationaux comme l’INRA et le CNRS, l’hybridation, le clonage, le biocontrôle les marques végétales déposées : programmes ForcePLANT, CleanPLANT ou UNIK pour la sélection massale.

J’avoue avoir été bluffé par cette organisation industrielle centrée sur la maîtrise des coûts et du risque sanitaire. Aussi, lorsque les boutures sont livrées à un vigneron qui plante sans avoir assaini ou laissé reposer suffisamment son sol……les petites bêtes reviennent.
Deux logiques s’affrontent : l’une productiviste qui incite le vigneron à changer son végétal dès qu’il commence à poser des problèmes et la logique artisanale qui consiste à réparer, regreffer, bref à bichonner ses ceps abîmés.
Qui est dans le vrai ? Qui va dans le mur ?
Selon que vous soyez puissant ou misérable……vous n’êtes pas le même vigneron selon que vous vendez des bouteilles d’IGP ou des grands crus classés !
Jean Philippe
