Les coteaux de Layon sont splendides en cet automne sec et lumineux ; les sillonner en voiture est un plaisir rare et un peu honteux car vous vous demandez si vous ne gaspillez pas de l’essence à rouler en errance….
Et puis tout à coup, une trouvaille pour Génération Vignerons.
A la sortie de Touarcé direction Valanjou une vaste champ s’offre à ma vue, planté d’un végétal dense, vert sombre, d’environ 40 cm de hauteur. Qu’est-ce c’est ce truc ? Je m’approche, observe, prends des photos. Ah ! Vous ne connaissez pas la vigne japonaise ? C’est un gars d’ici qui a planté du cépage Koshu ; ça donne une vigne un peu bonsaï, avec des grains comme des groseilles….me dit le technicien agricole qui m’a rejoint. Incroyable ! Ils osent de trucs fous ces vignerons de l’Anjou noir. Je regarde de plus près ; zéro grappe ; elles ont été vendangées ces petites vignes ? Il faut vraiment se mettre à genoux pour attraper quelque chose. Bizarre.
Et Sébastien le technicien de rigoler sous cape. Allez ! C’est une blague… Ce champ appartient au pépiniériste viticole Morin, et ce que vous voyez ici ce sont des plants greffés qui poussent en terre, depuis 6 mois, prêts à être arrachés à l’automne pour être replantés dans les vignobles au printemps prochain. J’apprends que la Maison Morin a planté 4 millions de plans sur cette parcelle ; que l’arrachage se fait à la machine, mais que le contrôle des brins, et particulièrement le contrôle de la greffe, se fait à l’œil et à la main- au besoin, on consolide la greffe avec une couche de paraffine supplémentaire. Les plants racinés, bons pour le service, sont alors regroupées en fagots, conservées au froid et fournis au client vigneron qui les plantera sur son terroir en fin d’hiver. J’apprends aussi que le plan raciné est vendu 1,32€ l’unité.
Pépiniériste, voilà un sacré métier, j’imagine les mille dangers auxquels sont confrontées ces petites pousses fragiles. Vous savez, ces petites pousses sont bien plus résistantes que certaines vieilles vignes. Dame Nature fait bien les choses, la vie naissante s’accroche et résiste à bien des cataclysmes…Il y a peut-être quelques produits ici répandus qui aident à écarter les nuisibles et les cryptogames.
Sont ils toujours greffés ces plants ? Quand même, la plaie du phylloxera, ça remonte à 170 ans. Détrompez-vous, les pucerons ravageurs sont là par millions dans le sous-sol, prêts à fondre sur les racines d’une vigne non greffée ; beaucoup de viticulteurs ont tenté l’expérience et le phylloxéra est toujours revenu.
J’en profite pour me faire expliquer la technique de la greffe :
On assemble au printemps un porte-greffe résistant au phylloxera et un greffon selon la variété désirée (gamay, chenin, pinot, etc). Une fois le greffon et le porte-greffe unis pour la vie, un bain de paraffine rouge va protéger la jointure. Puis direction l’étuve pour 15 jours, le temps que le germe se forme, un petit coup de paraffine supplémentaire et le plan est prêt à être mis en terre. Et là, on retrouve mon champ décrit plus haut.
Dernier détail, vous voulez planter du chenin, très bien, le pépiniériste Morin vous proposera 5 plants de chenin différents; les clones 220, 982, 880, 624 et 1018. A vous de choisir ; compliqué, le métier, non ?
Jean Philippe
Je ne connaissais pas du tout les vignes bonzaï ! C’est une sacrée découverte. C’est incroyable que ces petites vignes s’avèrent plus résistantes aux aléas météorologiques. Sachant qu’il y a quelques jours le gel a détruit une partie du vignoble français, c’est une innovation intéressante.