Testons le palais en dégustation géosensorielle : deux régions historiques, deux terroirs, un millésime ancien.
Remontons le temps et dégustons un millésime dépassant la décennie aujourd’hui : 2014. Et opposons en bouche deux régions emblématiques de la France : à l’aveugle, seront-elles reconnaissables ? Et bien sûr, deux cépages blancs opposés, propres à chacune de ses régions. Une bouche aérienne d’un côté avec une finesse et une élégance, des arômes mûrs et complexe face à une bouche plus large, juteuse et assez volatile de l’autre avec une exubérance d’arômes tropicaux et végétaux : le palais saura-t-il retrouver les terroirs d’origine ?
A ma gauche
D’un côté, nous avons un jaune clair citron, un nez intense, riche et complexe. En bouche, si l’on se concentre sur la salivation et la texture : le vin offre une matière fluide, et prend une forme de pointe sur le bout de langue avec cette sensation saline, vive et fraiche, qui continue de monter comme un nuage. On retrouve des arômes de fruits jaunes très mûrs, de miel, de cire d’abeille et de citron confit (les années ont passé). Le jus fluide est fruité et citronné, toujours frais avec un crémeux en arrière-bouche et une petite amertume. La longueur est bien là : le trait de salive est droit, filant et long !
On reconnait ici les marqueurs d’un sol calcaire, et -qui plus est- kimméridgien c’est à dire datant du jurassique supérieur – environ 150 millions d’années- où l’on trouve dans le sous-sol des marnes grises alternant avec des bancs de calcaire parfois très riches en fossiles d’huîtres. Ceci explique ce côté très salin en bouche et cet effet aérien, léger droit et filant sur la langue !
Il s’agit de la Cuvée de l’empereur du Domaine Fournillon, situé dans l’Yonne, vignoble de Chablis, une cuvée issue de 100% de chardonnay, des vignes pré-phylloxériques de 200 ans. Le millésime 2014 a présenté en Bourgogne des fleurs précoces avec un printemps doux et sec, un été trop frais et pluvieux mais suivi d’un bel été indien, donnant de très beaux raisins et un haut niveau de vins blancs à Chablis.
En 2014, le mois de septembre y était le plus chaud depuis 130 ans !
A ma droite
De l’autre côté, le vin est jaune d’or aux reflets de paille. L’âge se fait sentir. Le nez est très intense de fruits exotiques et tropicaux, de la mangue, du fruit de la passion très mûrs. En bouche, le végétal reprend le pas, une sensation verte vient en intuitif et sur la bouche la salive est très juteuse, légère, simple sur les avants côtés de la langue et disparait rapidement avec une longueur moyenne.
Cet étalement et cette fluidité nous emmènent sur un autre terroir, où l’argile se fait bien présent (plus collant en bouche), cette fois-ci proche de St Emilion dans le Bordelais au Château de Bonhoste (un Bordeaux blanc sec). L’aromatique exubérante nous aura guidé aussi vers les marqueurs du sauvignon blanc à 60% suivi de ses compères habituels du bordelais, 30% de sémillon et le reste en muscadelle.
A Bordeaux, l’année 2014 est miraculée malgré un été froid aux nombreuses intempéries, l’été indien dès fin août a sauvé la mise ramenant la maturité dans les temps avec un haut niveau d’acidité.
Retrouver des vins dans sa cave puis les déguster en comparatif inter-régions est parfois source de belles surprises, impulsant soudainement « comme une envie d’aller visiter les domaines dégustés »!
Et si on y faisait un tour ?
En Bourgogne, on sort des visites classiques de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune pour se diriger davantage au Nord Ouest vers la ville de Tonnerre.
Direction le petit village viticole de Bernouil pour visiter les caves du domaine Fournillon et déguster les crus de Chablis issus de leurs 24 hectares.
La famille aura plaisir à vous montrer avec fierté la « Vigne de l’Empereur », une parcelle de chardonnay préphylloxérique plantée en 1835, toujours présente sur la propriété. Les parcelles sont idéalement situées parmi les meilleurs coteaux de Fleys dans le Chablisien, d’Epineuil et de Bernouil.
Dans la région de Saint Emilion, découvrez le développement de la propriété du Château Bonhoste et sa touche originale en matière d’oenotourisme avec la création de séjours insolites dans des foudres géants en chêne sous le nom « Coup 2 foudres » au cœur du vignoble et de nombreuses activités proposées à la carte (pique-nique, escape game dans la cave, balade commentée,…).
Le Château de Bonhoste se situe sur un coteau face à Saint-Émilion, dominant la vallée de la Dordogne et sera certainement une halte idéale pour découvrir leur large gamme de vins.
Audrey