La colline de Chaume a des accents d’éternité, surtout son versant sud.
L’arrivée au hameau de Chaume, tout blotti au milieu de ces vignes cultivées en bio, ondoyantes, herbeuses et palissées haut, vous coupe le souffle par sa beauté.
Le début de semaine avait été difficile avec ses pluies abondantes ; le temps sec et frais, timidement ensoleillé du jour a rassuré David Grellier, œnologue et responsable de l’exploitation du Château de Belle-Rive propriété d’ Alain Château.
La vendange des chenins botrytisés peut reprendre. Comme cela se passe depuis mille années sur ces mêmes coteaux.
Je conseille aux randonneurs la ballade qui emprunte l’ancienne voie ferrée du Petit Anjou le long du Layon, rivière de la sérénité. Là, lièvres et chevreuils abondent et se goinfrent sans gêne de bourgeons de vigne au printemps, me dit-on ; ensuite vous remontez au logis en arpentant une belle parcelle pentue.
En cheminant, je m’étonne de voir quantité des grappes entières coupées court, à terre. « Les vendangeurs passent tous les jours dans les rangs et enlèvent les grappes qui ne sont pas au top ; 30% de la récolte est ainsi écarté, me dit David, nos rendements sont limités à 25hl/hectares et bien souvent, on est en dessous ». On ne dit pas assez que le Quarts de Chaume Grand Cru est un vin exceptionnel à la production confidentielle d’environ 60 000 bouteilles par an. Liquoreux ou moelleux, c’est un vin de garde magnifique qui fait la paix dans les familles en réconciliant les jeunes et les moins jeunes.
Les américains de Miami raffolent du Chaume 2005 et avec la baisse de l’euro, je suis prêt à prendre le pari qu’ils vont rafler la mise !
Petit tour à la cuverie, dont l’inox brille de gouttelettes de réfrigération.
David actionne une petite vanne latérale et nous fait passer un jus rose pêche encore bouillonnant. « On a préféré faire du Cabernet d’Anjou, cette année, sur les parcelles de la Guimonière, les conditions s’y prêtaient bien ». A la dégustation, ce moût de fermentation, qui contient des particules troubles en suspension est un régal de fraîcheur acidulée ; quel dommage que ce jus soit instable. Ah ! Si on pouvait stopper de façon naturelle la fermentation avec juste quelques degrés d’alcool et des sucres résiduels abondants ; c’est pour bientôt aux dires des œnologues.
La fin d’après-midi est radieuse. C’est l’heure pour nous de quitter Belle-Rive avec regrets. La prochaine fois, je passerai une nuit à Chaume, chez Patrick et Jocelyne Fleury qui ont aménagé avec un goût exquis les Treilles de Chaume en chambres d’hôtes.
Jean-Philippe