oenotourisme ou tourisme vigneron

10 millions d’œnotouristes ! et moi et moi et moi, comme disait Jacques Dutronc.

C’est le magazine Terre de Vins, automne 2018 qui annonce ce chiffre en publiant une sélection de hauts lieux de l’œnotourisme. Ouf ! le Roussillon a été oublié, pour cette fois du moins.

L’œnotourisme présente, à mes yeux, une image un peu dégradée et lourde d’un cortège de clichés : parkings dédiés aux autocars, longues files d’attente aux toilettes, hôtesses inexpérimentées, dégustations minimalistes, sans parler des notes salées qui tapent souvent le plafond autorisé de la carte Visa.

J’exagère un peu mais qui n’a pas connu un désagrément oenotouristique une fois dans sa vie ? Pour moi, l’œnotourisme est bien plus qu’un joli domaine référencé, bordé de vignes qui offre des possibilités d’hébergement, de dégustation payante et de ballade dans les vignes à dos de mulet. Tout comme la randonnée de montagne ne se réduit pas aux capacités d’hébergement du refuge.

l’âme d’un vignoble…

Le tourisme vigneron– osons le mot- part d’un projet de découverte, de sensations à capter, de rencontres, de dégustations. C’est l’âme d’un vignoble ou d’un terroir qui est recherchée, un peu comme la quête du Graal. On ne la trouve jamais mais on l’a parfois approchée au plus près et cela vous rend heureux.

J’ai été bien aidé dans ma préparation par Tourisme de Terroir, une structure unique en France, liée au Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon pour obtenir de l’information sur les routes des vins et des terroirs. A propos, où est-on ?

En France tout au sud, bien sûr, en Roussillon ou en Pyrénées Orientales ? Ringard tout ça, la tendance aujourd’hui consiste à parler du Pais Català ou la Catalogne Nord en Région Occitane. Cette dernière est contestée par ici car hier l’Occitan était l’ennemi historique du Catalan. Du coup, la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée a créé la destination Sud de France qui se superpose parfois au bord des routes avec les anciens panneaux du Languedoc-Roussillon. Un chat n’y retrouverait pas ses jeunes.

Vous voyez combien le guide de Tourisme de Terroir se révèlera précieux pour organiser vos déplacements. Tout devient clair lorsqu’on regarde la géographie du pays : de la montagne partout, sauf à l’est où la plaine (Perpignan) regarde la mer. Trois « fleuves » orientés ouest-est se jettent dans la mer en ayant sculpté des vallées, des vallons et des coteaux schisteux, là où la vigne s’épanouit : vallée de l’Agly, vallée de la Têt, vallée du Tech. Ah ! j’oubliais l’intrus : les vignes de la côte Vermeille, celles qui surplombent la Méditerranée aux noms si évocateurs : Banyuls et Collioure.

De la montagne partout, et pas des moindres ; le pic du Canigou qui frise ses 2800 m d’altitude est là, en plein milieu.

En me replongeant dans la mémoire des lieux, des images-souvenirs jaillissent : L’abbaye Saint Martin du Canigou, à mi-chemin du sommet, accueilli par la communauté des Béatitudes.

Je me revois crapahutant dans les vieilles vignes de grenache surplombant la Méditerranée.

 

mon portfolio

Je me revois aussi sirotant la cuvée Machu Picchu de Thierry Diaz au 9Caves à Banyuls. Et d’autres flashes : ces parfums de figues fraîches, ce déjeuner-dégustation au Clos des Paulilles, cette rencontre si improbable avec Marc Barriot du Clot de l’Origine à Maury, cet apprentissage des vins doux naturels par Éric Nicolas du domaine Cazes à Rivesaltes ou encore ce déjeuner inoubliable avec Luc Charlier pour déguster ses grands vins de la Coume Majou au restaurant étoilé Le Cèdre à Port-Vendres. Et cette fin d’après-midi à Saint Cyprien, trinquant au Muscat de Rivesaltes bio avec un couple d’Anglais désorientés par le Brexit. Certaines images sont brouillées par un sentiment de regret. Je suis passé trop vite au cœur viticole de la vallée de l’Agly : Latour-de-France, Montner, Estagel, Calce.

 

Ces terroirs roussillonnais les plus emblématiques recèlent encore des plants de carignan centenaires poussant sur des marnes schisto-calcaires. Il ne m’a pas été possible de visiter le domaine Gauby à Calce- réservation obligatoire en cette période de vendange. Gérard Gauby est la référence pour la nouvelle génération de vignerons qui puise auprès de lui son savoir et son inspiration ; sa Muntada et sa Foun sont entrées au panthéon des très grands vins.

C’est peut-être ce qui vous attache à un territoire, cette frustration d’avoir manqué certains lieux, certaines rencontres. Et l’envie impérieuse d’y revenir.

Jean-Philippe

Ecrit par Jean-Philippe RAFFARD
--------------------------------------------------------------- Toujours volontaire pour une virée dans le vignoble du bout de la Loire, du bout de la France, du bout de l’Europe ou du bout du monde, là où il y a des vignerons, là où il y a du bon vin. Jean Philippe n’oublie pas sa vie antérieure en marketing-communication pour lever le voile sur le commerce du vin et l’ingéniosité des marchands.

2 commentaires

  1. Eryck dit :

    Excellent article, du rêve à déguster.

  2. Bien bel introduction aux terroirs du sud pour nos papilles habituées à des cépages plus septentrionaux. Merci de cette invitation au voyage !

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