La Moldavie fête chaque année son vin national le premier week-end d’octobre. Habituellement la manifestation se déroule sur la Place de l’Assemblée nationale de Chisinau, mais en 2015 la grande Place est occupée par des étudiants qui y campent depuis plusieurs semaines pour s’opposer à la corruption du régime.
D’autres « démocraties » les auraient chassés à coup de canon à eau, mais la jeune République Moldave est respectueuse des droits des manifestants – version officielle-
Alors cette année la fête organisée par Wine of Moldova s’est déroulé dans une douzaine de sites viticoles du pays, des dizaines de bus assurant le transport gratuit.
Nichita avait choisi pour nous un haut-lieu touristique du pays,
C’était la destination de Pensiunea Butuceni, Une église troglodyte est nichée à flanc de coteaux pour se protéger des invasions ; le vieux pope qui nous accueille est heureux de parler quelques mots de Français ; il a peut-être vécu toute sa vie dans ces grottes.
Dehors, c’est l’heure du pique-nique sous un soleil radieux : le public est au rendez-vous
Et les touristes sont nombreux comme ces Ukrainiennes avec qui nous avons trinqué. Noroc ! Noroc !
Les vignerons présentent leurs plus belles cuvées où les cépages locaux dominent : Feteasca Neagra, Feteasca Alba et Feteasca Regala.
Belle gamme de ce cépage emblématique moldave, meilleur en assemblage avec la syrah et le cabernet sauvignon.
Mon coup de cœur balança pour le Kagor.
Un vin de liqueur muté qui viendrait de Cahors- d’où le nom déformé ; c’est plausible quand on sait que le vignoble de Cahors avait un grand rayonnement dans toute l’Europe du Nord au XVIIIè siècle. La demande est forte car c’est le vin de messe de l’Église orthodoxe.
Le viticulteur du Gogu Winery me fait goûter le Kagor Pastoral : une robe pourpre intense qui exhale des senteurs de fruits confits ; en bouche, la fraîcheur onctueuse donne une impression d’ampleur gourmande puis soudainement surgit le goût concentré de confiture de cassis, dont l’amertume calme la sucrosité. Voilà un vin bien tourné qui titre 18° d’alcool pour 160 g de sucre résiduel. Faut il y voir un lien avec le flux soutenu des vocations chez les popes orthodoxes ? C’est bon, très bon même à l’apéritif, aussi le Kagor est-il devenu le vin favori de notre groupe.
Les puristes diront que la Kagor original est élaboré en Crimée, à Massandra précisément. C’est l’une des bouteilles favorites des Russes aux repas de fêtes et dit-on, le vin préféré de Pierre le Grand, de Churchill et de Staline. Cela expliquerait il pourquoi les Russes ont fait main basse sur la Crimée ?
Jean-Philippe