Qu’est ce qui peut conduire deux couples costarmoricains, trois mousquetaires de Messac, un propriétaire de chevaux finistérien et un coureur de vignes nantais à partager 5 jours de leur vie en Moldavie ? Certainement le goût de l’aventure et l’attrait pour les vins venus d’ailleurs. Mais osons le dire, nous avons tous succombé aux charmes d’un Moldave à la personnalité hors du commun : Radu Nichita Macovei.
L’homme a 43 ans, athlétique, cultivé…
élégant, entreprenant, débrouillard et amoureux de la langue française. Nichita a 20 ans lorsqu’éclate la révolution moldave de 1992, porte ouverte à tous les futurs possibles. Doté d’un solide bagage artistique, le voilà travaillant chez Coca-Cola dans l’événementiel, dans la téléphonie, puis il repasse par la case Université pour un diplôme en marketing. Son camarade de foot, Eduard Grama se trouve être dans les années 2000 directeur du domaine viticole Château Vartely Tes vins sont si bons, écoute, je voudrais les vendre aux Français lui dit en substance Nichita : C’est comme si tu voulais vendre du sable aux Arabes ! lui aurait répondu Eduard. Il a démarré avec 3 cartons, 12 ans après, sa société Casa Moldova installée près de Nantes fait rentrer 3 camions de vins moldaves.
Premier domaine viticole privé de Moldavie,
le château Vartely produit 3 millions de litres par an exportés à 90% dans 30 pays. Arcadie Fosnea, œnologue diplômé de Wiensberg en Allemagne et Ludmilla, notre guide, relayés dans la traduction française par nos trois charmantes hôtesses moldaves Silvia, Catalina et Sasha nous permirent de découvrir les assemblages audacieux de la nouvelle gamme Individo comme ce Rara neagra-malbec-Syrah 2014, un rouge sec à la robe cerise noire, profond, intense, fruité qui délivre des notes poivrées sur fond de titre alcoolique élevé (14,5%). Là, nous sommes dans la qualité et les prix Premium avec des ambitions affichées sur les marchés d’Europe occidentale.
Changement de décor, Nichita nous conduit le lendemain chez un vigneron indépendant, la Vinaria Poiana – le domaine du cerf – à Ulmu, une bourgade à l’ancienne située dans un parc régional protégé à une quarantaine de kilomètres de Chisinau. Sergio et Calin, à la carrure de piliers de rugby nous accueillent dans un domaine enchanteur entre lac, vignes et forêt. A la fin du kolkhose en 1992, le vignoble a été éclaté et partagé entre une centaine de propriétaires. Il a fallu 15 ans pour racheter les petits lopins de vigne et reconstituer le domaine nous dit Sergio, le viticulteur, heureux de retrouver son Français remontant à son travail dans un vignoble d’Alsace.
Calin, son associé, nous explique que la Vinaria Poiana bénéfice du label ECO ARIA équivalent à nos vins issus de l’agriculture biologique. Des bons copains de Nichita qui les soutient dans leur développement à l’export en distribuant leurs vins chez nous. Toute l’hospitalité slave était au rendez-vous pour le déjeuner en terrasse en présence des notables locaux et de monsieur le maire d’Ulmu, un jeune crooner lauréat du The Voice moldave.
Il a chanté, nous avons ri, nous avons bu le Tulburel, ce vin nouveau tout juste fermenté, puis dégusté l’excellent Cabernet Sauvignon du domaine. Nous avons porté des toasts à l’amitié franco-moldave ; Veronica nous a présenté un livre sur Ulmu en disant : Je voudrais dire un grand merci à ma maîtresse qui m’a fait tant aimé la langue française, elle a tenu à nous en offrir un exemplaire à chacun de nous. Nous étions un peu chez Tolstoï ou dans un film Nikita Mikhalkov.
Merci à Casa Moldova pour le dépaysement !
Jean-Philippe