Est-ce la bouteille qu’on débouche et qui exhale des notes de musique comme la lampe d’Aladin ? Vous n’y êtes pas ; il s’agit d’un morceau de musique attaché à la bouteille. Comment est-ce possible ? Grâce à la magie numérique, tout simplement. La contre-étiquette affiche un QR code que vous lisez avec votre mobile, après avoir téléchargé une appli comme Scanbot, par exemple. Immédiatement, vous avez accès au site de VinoMusic et après avoir signalé que vous êtes majeur, vous retrouvez votre bouteille ainsi qu’un lecteur de vinyle virtuel qui vous propose un choix de 3 musiques.
Un peu perdu ? Prenons un exemple, mon vin est un AOC Corbières Cuvée Puissante 2013 de Jean-Pierre Py ; la musique assortie, c’est au choix : MixFunky afternoon, Chevillard, A et JJ Kanyorow, sonate n°1 et Von Pariahs Someone new. N’hésitez pas à tester les liens qui vous conduisent aux musiques : jazz, classique et rock.
C’est plutôt bien choisi ; rythme, ampleur et profondeur semblent en accord avec la puissance du Corbières.
Cette innovation est développée par une start-up nantaise,
Team 5 basée à Clisson. Cinq parce qu’ils sont 5 associés qui ont roulé leur bosse dans le vignoble, le négoce, l’œnologie, le marketing, la technologie ou la finance. Nous avons lancé officiellement l’activité à Vinexpo au printemps dernier après 2 ans de préparation ; beaucoup de curiosité, je crois que notre innovation suscite un intérêt du monde viticole, m’explique Elise, la ladyvin , qui a un solide parcours dans le marketing du vin. Si j’ai bien compris le modèle économique, VINOMUSIC achète à un producteur ou à un négociant une cuvée particulière – quelques milliers de bouteilles. Ils éditent les étiquettes spéciales avec l’intégration du QR code musical, puis ils commercialisent la cuvée directement sur leur site, en circuit CHR ou grande distribution. On fait très attention à la qualité des vins, d’abord pour contrebalancer le côté un peu gadget de l’innovation, et puis un bon vin inspire davantage notre musicologue. Voilà l’oiseau rare à dénicher. Est-ce un sommelier musicologue ou un néo DJ eonophile ?
Après l’accord met-vins, voici le temps de l’accord musique-vin. Un sujet en or pour les médias Lifestyle férus de civilisation du vin. Attendez-vous à connaître les « bouteilles inspirantes » de Michel Legrand ou «les alliances secrètes » d’Ève Ruggieri !
L’accord musique-vin fut aussi l’intuition de Pierre Yves Romano, organisateur de spectacles, lorsqu’il créa l’Oeno Music Festival au Zénith de Dijon- 2ème édition en juillet 2015. La recette est plutôt basique : une solide programmation jazz-pop-rock – Zebda, Joey Starr, entre autres – et un Village du Vin qui regroupe une trentaine de vignerons et de négociants. La billetterie affiche 10 000 participants sur 2 jours ; les exposants du Village du Vin ont dit qu’ils reviendraient.
La cuvée festival Jazz in Marciac élaborée en AOC Saint-Mont rouge et blanc par Plaimont Producteurs cartonne chez les 200 000 festivaliers fans de Chick Corea ou de Stanley Clarke. Il s’agit là d’associer deux univers sensoriels, tandis que VINOMUSIC va plus loin dans l’alliance : une gamme de vin, un album ou un morceau, une bouteille. Demain des cavistes-disquaires ? Ce n’est pas forcément utopique, il faudrait en parler à Stany et voilà le slogan pour lui : dis moi ce que tu écoutes, je te dirais ce que tu bois !
Jean-Philippe