Philippe Dambrine sera ravi de vous recevoir le 5 avril à 14h30 à Cantemerle. Ce mail si attendu m’a fait sursauter de joie. Juste le temps de préparer le sac, de sauter dans ma RCZ et prendre la direction de Bordeaux- 3 heures de route. Dîner le soir à la Brasserie Le Noailles, face au Grand Théâtre, avec des amis bordelais- lamproie délicieuse mais digestion difficile.
Petite virée en Pessac Léognan le matin sous le soleil printanier pour prendre ensuite la direction du Médoc, surtout ne manquez pas la route touristique de l’Estuaire, la fameuse route des Châteaux.
La Gare Gourmande à Labarde est un bon plan pour déjeuner – je m’y retrouve avec des importateurs reconnaissables à leur badge de l’Union des Grands Crus Classés- on sympathise, gentiment ils me font déguster un Château Duthil 2011 (3ème vin du Château Giscours, Margaux) et reconnais un choix de connaisseurs.
Mais arrêtons-là l’oenotourisme car je risque d’être en retard à Cantemerle. L’entrée du château est dans la grande tradition médocaine, allée cavalière bordée d’arbres bi-centenaires qui débouche majestueusement sur un château néoclassique admirablement entretenu.
Je ne m’étendrais pas sur ses sept siècles d’histoire mouvementé parfaitement racontés sur le site internet.
Philippe Dambrine : La Mutuelle d’Assurance du Bâtiment et des Travaux Publics –SMABTP- a eu le nez d’acheter le Château juste avant le grand millésime 1982, ils m’ont engagé, moi l’autodidacte, comme directeur et ainsi débuta une belle collaboration qui dure depuis 35 ans.
Avoir un actionnaire stable et confiant qui vous donne les moyens d’investir est atout considérable dans le vignoble. Cantemerle est le reflet de l’expansion qu’a connu le Haut Médoc depuis cette date, avec bien sûr, quelques inflexions, mais qui n’ont rien à voir avec les années antérieures, marquées par le sous-investissement et les conflits entre héritiers des familles propriétaires– au passage Philippe Dambrine salue Robert Parker pour sa magnifique intuition qui a remis en selle les grands crus au niveau mondial. Aujourd’hui le vignoble du Château Cantemerle s’étend sur 91 hectares de sol silico-graveleux du quaternaire et produit 400 000 bouteilles/an, partagées entre le Grand Cru et le second vin Les Allées de Cantemerle ; l’entreprise compte 50 salariés et exporte plus de moitié de sa production.
Parmi les nouveaux défis que nous devons affronter, il y a la question des traitements. Je suis sceptique sur les labels et leurs cahiers des charges qui ne correspondent pas à notre climat très particulier. L’accumulation du cuivre dans les sols est un problème, non pas pour la santé humaine comme cela a été prouvé, mais pour son action fongicide. Il détruit toute les formes de champignons or toutes ne sont pas nuisibles à la vigne, il y a des champignons-amis. Dans sa démarche de sortie des produits de synthèse, M. Dambrine applique la méthode rigoureuse, progressive qui l’a conduit à rénover de fond en comble son vignoble et son outil de vinification.
Venez donc déguster nos Primeurs ! On me conduit au chai qui accueille les propriétés voisines du Haut-Médoc, hôtes du Cantemerle, à l’occasion de cette semaine des Primeurs.
Les représentants de La Lagune, Belgrave, Fonréaud, Lamarque, la Tour Carmet et bien d’autres font goûter le fruit de leur travail de vinification et d’assemblage, avec des mines plutôt gourmandes, tant ce millésime 2016 suscite les louanges unanimes.
Déguster en primeur, c’est apprécier l’instant et se projeter dans l’avenir pour évaluer le potentiel de garde qui fait le grand millésime, me glisse doctement un courtier affairé. Je confesse mon incompétence en la matière aussi je préfère vous livrer les commentaires du Figaro Vins où buvabilité, maturité, fraîcheur, homogénéité sont les mots-clés de ce millésime. Je prends congé en me disant que je ne connaîtrais probablement jamais le millésime 2016 dans son apogée, mes fils peut-être. Et Bordeaux sera toujours Bordeaux.
Jean-Philippe