Lorsqu’on est installé en Loire Atlantique, on aurait tendance à négliger un peu le Centre Loire ; à tort, car le travail des vignerons sur les Sauvignons blancs du Sancerrois, du Menetou-Salon ou du Pouilly Fumé vaut le déplacement. Je prends langue auprès de mes amis de VINI BE GOOD, distributeur en France et dans le monde des vins de Loire pour connaître les meilleurs et me voilà sur la route.
Les Loges, un hameau de Pouilly / Loire, un village marinier devenu village vigneron depuis la fin de la navigation sur la Loire ; tous les noms illustres de l’appellation sont présents : les Pabiot, les Marchand, les Guyot et bien entendu la famille Bailly, Michel et David, qui exploite ici une petite vingtaine d’hectares depuis 200 ans.
David, la quarantaine, porte la responsabilité de la lignée et la prospérité du domaine. C’est la rectitude qui le caractérise ; ici on est économe des mots, des traitements superflus, des labels compliqués, des dégustations coûteuses.
Seule concession à la modernité,
Michel, le père, signe son cru « Les Terrasses », un Pouilly Fumé issu d’une parcelle en pente rendant toute mécanisation impossible.
A la dégustation, le 2012 présente une rectitude amendée par des saveurs amples de fruits exotiques et d’agrumes, une belle acidité tonique qui se prolonge longtemps.
On quitte Pouilly à regret, pour changer de rive de Loire et se diriger vers Sancerre. Le village, perché sur son piton rocheux, est une place de commerce viticole où plane l’ombre tutélaire d’Alphonse Mellot : caves, restaurants et boutiques accrochent l’œil du touriste, majoritairement anglo-saxons en cette période automnale.
Sancerre, terre d’inspiration, compte parmi les noms illustres du patrimoine mondial du vin ; allez-y rien que pour ressentir cette ambiance.
Mon rendez-vous avec Pierre Martin se situait à Chavignol, un village vigneron au cœur de l’appellation et connu également pour son célèbre crottin. Avec Laurianne son épouse œnologue, nous avons parcouru les vignes, escaladé le fameux Monts des Damnés où la vigne pousse en terrasse.
A quelques jours de la vendange, les grains étaient pleins, sucrés, goûteux, délivrant une promesse de millésime exceptionnel.
Pierre et Laurianne tiennent aujourd’hui les rênes
de ce domaine de 18ha, après un passage du relai réussi avec Yves, le père. La discussion s’engage, franche et passionnante. J’apprends que les vignerons de Sancerre sont très solidaires, hissant l’appellation à un niveau toujours plus haut d’excellence.
Le domaine Martin n’est pas en reste : le travail intégral des sols est rendu nécessaire par la conversion bio, la fermentation naturelle avec régulation des températures débouche sur un élevage sur lies fines, régulièrement bâtonné et dégusté. Et la communication ? La discrétion est de mise quand je pose la question sur les grandes Tables qui affichent leurs vins..…sachez qu’il y a plusieurs étoilés Michelin ! Laurianne concède un peu de retard au niveau de Facebook et du site internet.
Lors de la dégustation, mon palais a chaviré pour « Les Culs de Beaujeu ». On est dans l’élégance et la finesse avec des notes de fleurs blanches discrètes. Belle complexité, belle minéralité ; un final puissant et tranchant.
Un grand vin à l’arôme retenu que j’associerais à la cuisine indienne ou asiatique, avec des makis ou des sashimis, par exemple.
Un petit arrêt chez Dubois-Boulay, le pape des affineurs du Crottin de Chavignol et je reprends ma route vers l’Ouest.
Malheureusement, le temps me manque
pour m’arrêter à Morogues, chez Antoine Van Remoortere, le fils de Joseph, qui fait des vins bio remarquables en AOC Menetou-Salon, tout comme son voisin Bertrand Minchin dit le magicien des vins du Berry, qui est aussi implanté sur l’appellation Valançay.
Tous ces vignerons talentueux partagent l’art de travailler et de faire progresser le Sauvignon blanc, jusqu’où vont-ils aller ? Les Chardonnay de Bourgogne auront peut-être du souci à se faire.
Jean-Philippe
En vente aussi sur les Pépites de Loire