le vignoble de Bandol au féminin

La Provence vous manque dès que vous la quittez, magie des lieux, magie des cieux.

Heureux comme Dieu en Provence dit l’adage tant la nature provençale est généreuse, luxuriante même, à l’image des oliviers bicentenaires en floraison.

Trop courte, cette journée passée dans le vignoble de Bandol, d’autant qu’il m’a fallu oublier Palette et son fameux château Simone au pied de la montagne Sainte Victoire et Cassis, le « vignoble de poche » réputé pour ses grands blancs.

A l’abri du massif de la Sainte Baume au Nord, le vignoble de Bandol descend en restanques vers la mer dans un merveilleux amphithéâtre de collines boisées aux sols argilo-calcaires. Les 1480 hectares de l’AOC couvrent 8 communes parmi lesquelles Le Castellet et la Cadière d’Azur, toutes deux haut-perchées, médiévales et touristiques à souhait.

Pas de vigne à Bandol…

Une cité balnéaire au charme désuet, mais la Méditerranée et son port d’où l’on embarquait les tonneaux et bien sûr la Maison des Vins de Bandol, une belle bâtisse située en face du casino Art Déco. Pascal Périer, le directeur vous fera découvrir son œnothèque riche de la totalité des vins commercialisés de l’appellation. Une dégustation entre amis qui n’oubliera pas les vieux millésimes est non seulement possible mais souhaitable.

un cépage emblématique

Il y a bien longtemps que l’ont fait du vin ici- un héritage de l’Antiquité- avec une histoire mouvementée qui ont fait des vins de Bandol une appellation solide, structurée et reconnue autour de ses 70 domaines privés, ses deux coopératives, sa production conséquente -55 000 hectolitres/an – et son cépage emblématique : le mourvèdre.

l’oenotourisme est aussi un artisanat

Ces charmes ne sont pas étrangers à l’installation d’Aurore à Bandol. Une jeune femme volontaire d’origine belge, diplômée de l’institut Vatel à Paris ; un joli parcours en gestion de cave et restauration haut de gamme interrompu par l’amour de la vigne et du vin qui la fait replonger dans les études – DU Université de Bourgogne, Université du vin à Suze-La Rousse et WSET, n’en jetez plus !

Aurore crée l’Insolite Wine Tour en 2018, et nous voilà ensemble pour la matinée.

Mon métier n’est pas de piloter un van plein de touristes sur les sentiers cahoteux du vignoble. Je pratique le sur-mesure, l’accompagnement de familles, de petits groupes en circuits oenotouristiques privés. J’emmène mes clients, le temps d’un après-midi ou d’une journée, à la rencontre de vignerons soucieux de partager leur travail et la passion pour la terre et le vin. 

L’entreprise a trouvé un créneau plus qualitatif à côté des structures dites « réceptives » selon le jargon oenotouristique, qui fleurissent dans toutes les régions viticoles. Elle ne vous conduira sans doute pas chez les ténors de l’appellation, les Tempier, Ott-Romassan, Pradeaux, La Bégude ou Terrebrune qui accueillent les clubs d’œnologie et les amateurs avertis ; son terrain de jeu couvre les domaines plus artisanaux avec qui elle a tissé des liens de confiance et d’amitié.

Nous voilà donc au domaine des Trois Filles, ce samedi, qui plus est pour leur journée Portes Ouvertes.

100% vigneronnes

Nous étions rattachés à une coopérative ; devant la passion de nos enfants, nous avons en 2013 converti notre propriété en domaine indépendant. Vous savez, nos vignes sont comme nos filles, on les remplit d’amour et elles nous le rendent bien me dit Ghislaine Arlon, la maman. Audrey, l’œnologue, Léonie, la viticultrice et Justine encore en formation commerciale prennent en main la destinée de ce nouveau domaine de 9 hectares, là où le prix du foncier ne permet plus l’accès à la nouvelle génération. Il a fallu construire un chai, des installations techniques, et là on a vu grand, moderne, fonctionnel et chaleureux.

Les vignes sont travaillées manuellement dans le respect de la tradition et de la nature. La transition agro-écologique peine à tracer son chemin en Provence où les vignerons sont plutôt allergiques aux changements d’habitude, aux contraintes et aux certifications.

du rosé du rosé mais du rouge aussi

Ici comme ailleurs dans le Sud-Est, on n’échappe pas à la vague des rosés qui devient la couleur dominante.

Le domaine propose des rosés de caractère : un AOP Bandol, dominante mourvèdre et un AOP côtes de Provence, dominante grenache (13€).

 

Le Bandol rouge 2016 (75% mourvèdre, 20% grenache, 5% cinsault) est un vin de garde qui a fait 18 mois de fût (17€). A la dégustation, il présente déjà des tannins fondus, veloutés et une typicité propre au mourvèdre : des arômes poivrés et épicés, une bouche serrée marquée par un velouté de fruits noirs un peu mentholé, un peu farigoulée…. Alors qu’on parle souvent d’un cépage rustique, presque dur en bouche, la vinification féminine ne lui apporterait-elle pas une douceur longtemps oubliée ?

 

On voudrait aller plus loin en vinifiant en amphore un 100% mourvèdre, il y a encore de la complexité à aller chercher m’explique Léonide, impatiente d’aller plus loin. Déjà une poignée de médailles obtenues au concours des Vignerons Indépendants. Ah ! les Trois Filles, quand cesserez-vous de vous faire remarquer !

Jean Philippe

Crédits photos : Maison des Vins de Bandol, Office du tourisme

Ecrit par Jean-Philippe RAFFARD
--------------------------------------------------------------- Toujours volontaire pour une virée dans le vignoble du bout de la Loire, du bout de la France, du bout de l’Europe ou du bout du monde, là où il y a des vignerons, là où il y a du bon vin. Jean Philippe n’oublie pas sa vie antérieure en marketing-communication pour lever le voile sur le commerce du vin et l’ingéniosité des marchands.

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