Au revoir la Moselle viticole ! Retrouvailles à Colmar pour une virée davantage touristique même si le vin d’Alsace nous enveloppait de sa présence. Colmar est une ville enchanteresse, du moins son centre-ville ; vous n’arrivez pas à détourner les yeux de ses façades à colombage couleur pistache ou bleu roi, de ses nobles bâtisses médiévales, de ses toits aux tuiles vernissées ou des traces d’Auguste Bartholdi. Les musées, églises, abbayes, couvents vous invitent à la visite tout comme les confiseurs, les marchands de vins et les innombrables winstubs.
Rien ne manque :
Ni les grosses berlines allemandes ni les touristes asiatiques adeptes du selfie. Colmar me fait penser à Beaune ; j’y ai retrouvé les mêmes sensations, peut-être en plus cossues, en richesse discrète pour la Bourguignonne, cela s’entend.
Colmar et Beaune s’affichent l’une et l’autre en capitale des vins de leur région respective. Deux villes au cœur de magnifiques paysages viticoles qui possèdent chacune une constellation de villages alentours aux noms enchanteurs :
Meursault, Aloxe-Corton, Volnay, Vosne-Romanée, Gevrey-Chambertin, Pommard, Chambolle-Musigny pour Beaune. Riquewihr, Eguisheim, Bergheim, Kaysersberg, Turckheim, Ribeauvillé pour Colmar. La liste n’est pas close. Les communes du pays Beaunois sont portées par la notoriété des crus de Bourgogne, à la différence des communes alsaciennes qui ne sont pas des appellations village.
Leur notoriété grandissante provient de leur charme fou, de leur dynamisme et surtout l’accueil chaleureux de leurs fiers habitants. Bref un cocktail magique qui fait que vous n’avez pas envie de partir. On comprend que Riquewihr soit classé parmi les plus beaux villages de France, que Eguishein et Kaysersberg triomphèrent en 2013 et 2016 dans l’émission de Stéphane Bern « le village préféré des Français ».
Ces villages remporteront bientôt la palme de la ballade en vélo ; une expérience à conseiller pour ceux qui veulent associer beauté cinétique, ivresse de la vitesse et exercice physique.
Mais où est le vin ? Partout.
Dans les bars, les restaurants, les caves, les winstubs. Tenez, rue de la Couronne, à Riquewihr, en face de l’hôtel éponyme, il y a un caveau construit en 1542, celui de la famille Bronner, propriétaire-viticulteur depuis 6 générations :
Nous possédons des vignes plantées en riesling sur le côté sud sud-est du schoenenbourg- la belle colline-qui surplombe Riquewihr. Notre Grand Cru est élaboré à partir d’un tri parcellaire issu de vignes cinquantenaires. Bien sûr, nous vendangeons manuellement et travaillons en culture raisonnée, dans le respect de la terre et de l’environnement me dit Bernard Bronner, maintenant retiré, qui a laissé les commandes du domaine de 3 hectares à son fils Jean-Luc.
C’est le riesling Grand Cru 2014 qui fut choisi pour l’apéritif-dégustation.
Maladroitement, je me laisse aller à une remarque de dégustateur à propos du nez de ce vin. Ça pétrole ! Ma voisine est plutôt choquée de me voir associer un arôme industriel à un tel vin. Je la rassure, le débat dure depuis toujours sur le fameux arôme et goût de naphte, propre aux rieslings d’Alsace. Certains l’aiment, d’autres non. D’où provient-il ? Pour ceux que la question titille, je vous renvoie à l’excellent papier de David Cobbold, du blog les 5 du Vin.
Cet arôme, disons typique, s’est rapidement estompé au fur et à mesure de l’oxygénation pour laisser la place à un superbe équilibre entre le vif et le gras, l’acide et le moelleux, pour dégager une palette de saveurs autour de l’agrume et l’acacias, et nous régaler d’une belle allonge un peu saline.
Merci M. Bronner et merci à l’Alsace de se montrer si généreuse.
Jean-Philippe
Photo à la Une : ©Tourisme Colmar