La Vendée Sud accueille un Salon de Vignerons Bio. Au Domaine Saint Nicolas une sélection de très bons vignerons bio est venu sur les côtes vendéennes pour nous faire découvrir le meilleur de leur production. C’était La Vague Nature !
Les Copains d’Abord
Tout commença par une incitation en forme d’invitation « Et si on montait quelque chose autour du Domaine ? » Laurent Taupin, caviste qui se rebiffe, connaissait le potentiel du lieu et pensa à quelques domaines. Il vend les flacons du domaine Saint Nicolas et l’on sait le travail passionné qui se pratique dans sa cave des Sables d’Olonne.
Viendront du Rhône, d’Alsace, du Beaujolais, du Bordelais et de Loire une dizaine de très bons vignerons témoignant leur amitié et leur attachement comme dans une famille unie. Marie, Jo, Paul, David, Céline la fille de Jean, François, Fred, Guillaume Jean, Vincent et les autres.
L’ambiance est là, les sourires sont largement épanouis sur les visages et les vins seront bons.
Car on touche à du bio, du bon et de la biodynamie.
Portes ouvertes sur la bio et plus si affinités
Emmanuelle est à l’accueil, elle nous concocte un parcours sur les blancs, une feuille de route qui monte crescendo en gamme aromatique. Tout le monde a trouvé sa place, on voit les vignes d’un côté et les chais un peu sur la droite.
En Muscadet Sèvres et Maine, Jo Landron nous accueille avec sa magnifique moustache gauloise et une nouveauté : un Melonix en forme de clin d’œil envers les résistants du petit village gaulois.
C’est frais, un peu perlant, serré autant que nerveux et surtout sans prétention. Le vigneron tire l’appellation vers le haut et, avec sa cuvée 2014 du Fief du Breil, peut largement prétendre se hisser vers un cru communal dont il a fait la demande. Le vin révèle une trame fine et droite, légèrement fermé à l’ouverture il s’oriente doucement, évoque l’infusion et une minéralité fumée.
Un beau travail, fruit d’une recherche incessante. « C’est vrai que ça s’était perdu en Muscadet les élevages longs. On devrait retrouver un minimum de 2 ans sur les AOC communaux. »
Les Blancs, Une sélection qui touche
Le Domaine de L’Ecu innove encore une fois et nous fera découvrir les vertus de l’amitié confraternelle entre faiseurs de vins. Avec Gloria 2016, l’Italie arrive en Loire jusqu’à nos papilles pour nous livrer ce vermentino, Toscana bianco élevé en amphores par Fred Niger.
Gloria est une petite mélodie fruitée issue d’un concert à quatre mains « Il commence, on finit, on élève ». Un insatiable voyageur qui nous parle de lui, de l’Italie, de l’Oregon et qui nous donne envie de nous élever et bouger.
Le Vin de Thierry 2016 qui pourrait sembler comme une pitrerie tellement ces joyeux drilles savent nous en abreuver mais il me laisse songeur et complètement admiratif. Car il y a un énorme savoir-faire au Domaine Saint Nicolas. Comment ailleurs sait-on tirer parti des événements et sortir un vin si bien fini ?
Après le gel destructeur du printemps, Thierry Michon a su rebondir et caracoler pour fabriquer une cuvée fine, gouleyante et fortement amicale. Des acides et aromatiques finement versées vers les agrumes, de la salinité propre aux terroirs de Brem et une digestibilité qui appelle d’autres lampées jusqu’à épuisement du liquide dans votre verre.
Nous aurons les conseils de Laurent qui nous aidera à tailler la route du vignoble Josmeyer juste avant l’arrivée de Céline. La Mise de Printemps du pinot blanc est une pure merveille, une demoiselle souriante, d’une tonalité suave et qui coule doucement des arômes de fruits et de fleurs blanches. Quand Céline Meyer arrive, nous continuons la visite des cépages et des crus présentés ce jour. Le riesling grand cru est carré, tendu et délicatement sapide.
Les mots de Céline sont là, précis et droits, pour traduire les efforts de sa sœur Isabelle qui officie aux chais.
L’instinct du vin
Qu’est-ce qui différencie vraiment un vin bio ou biodynamique d’un vin plus conventionnel ? Certains ne voient rien. Ne sentent rien. Ce jour-là nous avons eu la chance de voir, sentir et surtout entendre l’amour inconditionnel que ces vignerons offrent à leurs vignes, car il y a de la patience et le gout du risque dans ces vignobles.
Marie Lapierre étant là pour nous présenter son nouveau domaine : Le Château Cambon. Nous l’écoutons avec beaucoup de concentration nous décrire l’entreprise dans laquelle elle s’est lancée. « Nous vinifions des cuvées sans intrant chimique. Cette parcelle nous vient de Jules Chauvet, scientifique, chercheur et écrivain. C’était un ami et un bon vigneron rempli d’élégance. Il savait expliquer le vin avec beaucoup de douceur. »
Le Cambon 2016 se montre très typé fruit rouge, cerise avec des touches de zan. Ce n’est donc pas un hasard s’il s’y trouve du fruit, de la souplesse, de la finesse…
Avec leurs rouges profonds, explosant de fruits et de saveurs, Carine et David Raynaud, au Domaine les Bruyères, explorent des chemins étonnants et quasi ésotériques. Grand bien leur fasse lorsque les résultats sont là comme avec la cuvée Les croix 2015.
Un Crozes Hermitage vielles vignes de très très belle facture, débonnaire et généreux. Mais pas seulement. Ses notes de cassis et de mûres onctueuses s’étirent en longueur. Comme la plupart des vins appréciés ce samedi, Il tient ses promesses et nous offre un rapport nez/bouche exceptionnel.
En finissant avec Paul Barre, nous recevons une autre pièce du puzzle pour comprendre les vins de la Vague Nature. Cultivant en bio depuis 1975 et passé en biodynamique en 1990, son Fronsac 2015 est déjà ouvert. Le nez voluptueux, exprime la chair du fruit très mur. La bouche est ardente et reste délicieusement fruitée. Quelle est la nature de son travail ? « Je cherche à donner un message à mes vins. » Ce message est bienveillant, ce doit être lui qui confère à ses vins cette longueur en bouche. Cet aspect vibrant ou « vibratoire » que beaucoup d’autres ne possèderont jamais.
Céline Meyer conclut : « Le vin n’est rien sans l’homme et l’homme est fait de l’étoffe de ses rêves. Transmettre son énergie dans la matière. Insuffler son esprit dans celui du vin ». De là à dire qu’il existerait comme une symbiose entre ces femmes et ces hommes et leurs vins ?…
Jean-Luc
Photos Esteban Garcia de La Mata